05 février 2009

J’aime quand mes propos font réfléchir

C’est un de ces instants qui se produisent lorsque les esprits s’échauffent sur un terrain quelconque, notamment quand les dits esprits se libèrent un peu de la bienséance. Rares sont les moments où l’on peut converser et « croiser le fer » avec intelligence, et j’aime d’autant plus ces moments quand, par hasard, un de mes interlocuteurs change de point de vue ou déjà accepte de voir mon point de vue. Bien sûr c’est une grande satisfaction mais c’est aussi une démonstration (pour mon ego) que mon cheminement intellectuel n’est pas dénué de sens. Quel fut le sujet ? La communication et la connivence des médias avec les politiques. D’après ce cher ami les politiciens sont arrivés au point de craindre la presse et la télévision alors que j’affirmais le contraire. Avant de décrire mon analyse je vous laisse quelques secondes pour établir votre bilan : pensez-vous que la politique craigne réellement la plume et la caméra ?

Voilà. Votre méditation est terminée, vous vous êtes fait une analyse circonstanciée de la situation et vous pouvez donc, sans trop de difficulté, défendre votre opinion sur le sujet abordé. Notez que si vous êtes partisan de mes idées cela ne saurait être difficile d’abonder dans mon sens… Bref, pour celles et ceux qui doutent encore de l’absence pouvoir de la presse et des médias, voici une brève analyse de la situation.

Tout d’abord premier point : à quand remonte le dernier débat contradictoire avec un politicien ? Je n’ai pas souvenir d’avoir assisté à la moindre passe d’armes entre un journaliste et un politique depuis des années, et les seuls écueils tiennent à des points de détail : une petite phrase mal venue, une réflexion imbécile, ou bien alors un objectif mal expliqué, mais pas de véritable camouflet entre l’interrogateur et l’interrogé. Nous sommes très loin d’un Marchais envoyant un « Taisez vous elkabbach ! ». Autre génération, autres journalistes. Vous n’êtes pas convaincus ? C’est tout de même colossal : le pseudo duel Sarkozy – Royal tourna au ridicule à entre deux tours, et tout au plus assista-t-on au bêtisier de l’autocensure. Pas de questions qui dérangent, quelques points de politique, un peu de démagogie et surtotu une incompétence lamentable de la part de Royal. En se ridiculisant de la sorte elle vit ses chances s’envoler. C’est donc le discours abscons et facile à comprendre qui a remporté les suffrages, pas l’idéologie et la compétence politique.

Et cela ne fait que commencer : nombre de personnes supposent à tort que la surmédiatisation des politiques les rend sensibles à la critique… mais c’est tout le contraire ! Homosexualité revendiquée, divorce, les mœurs de la société sont enfin reflétés par les politiques qui n’en deviennent que plus humains, et donc potentiellement plus libres de « se rater ». C’est là tout le paradoxe : plus l’on ira vers le people pour les élus moins ils seront sensibles à la critique. D’ailleurs le président n’a pas bonne presse ni de bons sondages, mais pour autant est-il prisonnier de son électorat ? Nullement : il a été démocratiquement élu, il n’a pour le moment pas fait passer de lois trop liberticides pour être vraiment repoussées par l’homme de la rue. Ajoutons à cela que la crise économique mondiale a pour effet de rendre incompréhensible à ce même électeur la façon de faire de ceux qu’il a mis au pouvoir. Croyez-vous sincèrement que René, accoudé au zinc de son bistrot, soit capable de distinguer les solutions proposées par le gouvernement de celles suggérées par l’opposition ? En aucun cas, il se contentera de maudire les partis qu’il n’apprécie pas, point final.

A présent la plume n’est plus qu’une épée émoussée car trop de plumes sont tributaires non des lecteurs mais des annonceurs. On ne crache pas dans la soupe du libéralisme à outrance, pas plus que l’on peut se permettre de se mettre à dos des amis puissants et qui, par chance (ou perversion) font en sorte que les lois soient favorables aux médias « amicaux ». De toute façon n’allez surtout pas croire qu’Internet soit plus libre : les sites d’information se cantonnent aux annonces AFP, rares sont les analyses complètes et intéressantes, et la couleur politique de l’analyste ressort et en gâche ainsi le contenu. Croyez-vous qu’un rédacteur au Monde, à Libération ou au Parisien soit apolitique ? Ce serait mentir et se voiler la face que d’y croire !

Bref, la presse, la télévision et les autres médias sont aujourd’hui incompétents pour taquiner les reins de nos élus, et c’est un véritable drame. Qu’en pensez-vous à présent ? Mon ami a changé d'opinion... pourquoi pas vous?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour que la classe politique craigne un tant soit peu les médias, il faudrait que la presse dite sérieuse ne soit pas celle qui soit seulement issue de l'AFP. Les meilleures informations sur la France se lisent à l'étranger. Quant aux "spécialistes" de l'information dans ce pays, ils passent leur temps à se lécher le nombril et concluent, avec force démonstration, qu'ils n'ont plus de salive.