03 février 2009

Mouvement perpétuel

Il est physiquement et techniquement établi que le mouvement perpétuel est une chimère poursuivie par énormément de gens, au même titre que fut traquée la recette permettant de créer la pierre philosophale. L’idée est pourtant simple : créer un mouvement quel qu’il soit et qui se répète à l’infini. Par exemple schématisons ce mouvement sous la forme d’une machine capable de démarrer, puis de ne jamais s’arrêter sans avoir la nécessité d’un apport d’une énergie externe. Typiquement, un moteur de voiture n’a pas la propriété d’être un mouvement perpétuel car il restitue une portion congrue de l’énergie qu’on lui fournit (rendement), et d’autre part car il s’arrête en l’absence de carburant (énergie). Dans ces conditions il n’existe techniquement aucune solution. Certains songent aux centrales nucléaires mais même elles consomment du carburant, radioactif certes, mais une matière qui se dégrade, perd ses propriétés énergétiques et en caricaturant finit par ne plus rien fournir du tout.

Alors, pourquoi courir après une impossibilité physique élémentaire ? D’une part parce que l’idée est séduisante : être capable de fournir un mouvement (force) sans se soucier de l’alimenter, n’est-ce pas une magnifique possibilité pour remplacer le nucléaire par exemple ? On pourrait alors fantasmer sur le pompage quasi gratuit de l’eau pour le tiers monde, des voitures non polluantes et non assujetties au besoin de faire un plein de carburant, ou bien encore solutionner l’autonomie de bien des appareils. L’autre aspect est que le mouvement perpétuel c’est s’offrir une forme de reconnaissance éternelle. Celui qui découvrirait cette « science » passerait nécessairement à la postérité tout comme Bell, Marconi et j’en passe, non ?

Quoi qu’il en soit nous en sommes encore au même postulat : l’énergie se disperse, la perfection n’existe pas. D’ailleurs, même la terre ralentit sur son orbite, le soleil a une réserve limitée d’énergie qui le fera tôt ou tard imploser et le monde tel que nous le connaissons finira par être anéanti par ce même soleil protecteur et nourricier. Toute la perspective est juste une question d’échelle : si une mécanique ne nécessitait d’être relancée qu’une fois par vie d’homme, ne serait-ce pas déjà une forme de perpétuité fort intéressante ? D’ici que nous trouvions des substituts à nos solutions actuelles je pense qu’il y aura fort à faire tant techniquement que scientifiquement. Nous en sommes encore aux balbutiements de l’énergie nucléaire vu que l’on étudie des réacteurs EPR de nouvelle génération et que pardessus le marché nous ne maîtrisons pas encore la production énergétique par fusion. Dans ces conditions difficile d’espérer une révolution dans un proche avenir, d’autant que découvrir une énergie propre, gratuite ou presque serait alors une sévère épine dans le pied des sociétés profitant des autres énergies non renouvelables. Je doute que Total, Exxon ou tout autre de leurs concurrents soient ravis se voir apparaître un tel miracle !

Pour ce qui est de la recherche pure et dure, je ne considère pas ces « chercheurs » comme des illuminés. La science ce n’est pas forcément suivre des voies conventionnelles, tout comme la science n’est pas prisonnière de règles qui tendent de toute façon à changer en fonction du temps et des connaissances. N’a-t-on pas vu en Pasteur un empoisonneur lors de l’expérimentation du vaccin antirabique ? Lorsque la bombe A fut étudiée, n’a-t-on pas craint une destruction totale de l’univers ? C’est à la science dans son ensemble d’admettre que l’on peut prendre des chemins différents pour un seul et même but : améliorer la condition humaine, lui offrir des solutions potentiellement meilleures que celles existantes.

Pour autant, moi j’ai découvert le mouvement perpétuel. Oui, je le revendique haut et fort, du haut de mon incompétence j’ai établi une règle permettant de dire que le mouvement perpétuel est une chose qui existe au quotidien, une propriété même de la nature humaine... Prenez deux types conduisant deux voitures qui s’engueulent. L’un et l’autre ont la conviction d’avoir raison, et donc tout deux gaspillent une même quantité d’énergie dans leurs simagrées. Ils sont donc perpétuellement idiots puisque l’autre n’admettra jamais avoir tort, et ils seront perpétuellement pénibles pour leur entourage. C’est ainsi : le mouvement perpétuel est donc forcément pénible, primaire, et dénué de possibilité d’être exploité. Si la connerie était un carburant m’est avis que nous voyagerions à l’œil...

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