07 novembre 2008

Certains tiennent un journal intime

Moi je tiendrais plutôt une liste des personnes méritant une exécution sommaire en place publique. Certes je dois admettre qu’en dehors de l’aspect morbide de la dite liste, il n’y a guère que le fantasme de se séparer d’une partie inutile de l’humanité qui m’encourage dans ma tâche. Et quelle tâche : entre énumérer les parasites, les génocides, les imbéciles, les racistes, les brutes enfin bref la lie d’une humanité décadente je pourrais rapidement créer un annuaire concurrent aux bonnes vieilles pages blanches. Et pourquoi pas un indicateur de débilité ? On noterait notre âge mentale par un procédé scientifique, on ramènerait le tout face à notre niveau de sociabilité ce qui donnerait un classement allant de un point pour « pas désagréable » à 5 qui serait « bon pour la corde. Le bourreau est en route ».

Oh je sais bien que je dois me cantonner à l’humour noir sur la condition humaine au lieu d’en envisager la fin par des moyens violents, toutefois je préfère encore être un râleur doublé d’un emmerdeur plutôt qu’un amateur assidu des flatteries mielleuses et non moins fielleuses qui sont le lot de bien des êtres. Mentir, se mentir, revendiquer une tendresse équivoque, voilà qui me rend plus malade qu’autre chose, d’autant plus qu’en cette ère d’égocentrisme forcené je vois mal comment l’on pourrait se dire ami avec l’Homme alors qu’il s’acharne à être inamical voire nihiliste. Y a-t-il quelqu’un d’assez fou pour m’affirmer sans frémir que l’Homme est bon ? Qu’il se présente histoire de faire un bilan de la décennie qui va s’achever de manière aussi sanglante (si ce n’est plus encore) que la précédente.

Alors, mon exutoire, mon « journal pas intime » que serait ce blog aurait les mêmes vertus qu’un carnet camouflé à tous ? J’ai vocation à exhiber mes colères, j’ai une volonté farouche de brailler mon mécontentement d’autant plus que le média choisi m’offre le luxe de pouvoir prendre une plume réfléchie au lieu de céder à la facile insulte de mes colocataires de cette Terre si maltraitée. Là, je vois l’abruti écolo sentant le patchouli supposant que ce dernier propos est une affirmation de mon goût pour les choses naturelles. N’importe quoi : je hais l’humanité, sans tri, sans charité, sans pitié aucune. Nous sommes le parasite au même titre que le tique est le squatteur des miches du clébard ! Alors au lieu de hurler une rage juvénile sur les pages roses d’un livret de marque je préfère laisser libre cours à ma haine à travers ce site.

Qui trouve grâce à mes yeux ? L’adolescent indolent et faussement indocile ? La jeune femme séduisante mais au tempérament corrompu par le consumérisme et qui n’a pour seule perspective que d’acheter sa prochaine volée de vêtements ? L’ancien combattant dont l’esprit est pourri par des souvenirs de valeur mais aux relents puants d’un racisme à peine déguisé ? Et que dire de l’homme en toge qui n’a foi en Dieu que parce que c’est une chose rassurante ? Vous me donnez des nausées, presque autant que ceux qui donnent non par générosité mais par simple besoin de reconnaissance personnelle. Un pour tous, tous aussi cons finalement.

Oui, je suis en colère, et alors ?! Je braille ma frustration de ne pas voir le quotidien s’améliorer, je grogne de manière sonore en constatant que le passé ne sert pas le moins du monde de référence et qu’on reproduit sans frémir les mêmes sempiternelles conneries : soif de pouvoir, soif de l’or, soif de domination, soif tout court. La famine galope, les déserts avancent, les gens se massacrent sous l’égide des grandes instances aussi aveugles qu’inefficaces et l’on nous sort que c’est à nous tous, bétail stupide gavé de saletés que nous devons nous serrer la ceinture pour sauver le monde capitaliste du naufrage... A vomir !

Alors toi qui reste muet(te) et qui préfère se plaindre de « Elle m’a pas regardé aujourd’hui », comprends que ton monde n’est plus qu’une immense gabegie, un bordel ambiant maintenu volontairement par chacun du fait que personne n’acceptera un pas en arrière pour le progrès de tous. Qui acceptera de devenir responsable ? Attention, la réponse va me faire sourire tant nous sommes tous prompts à nous mentir et surtout à mentir aux autres. C’est tellement plus rassurant de se croire nécessaire que d’admettre que nous sommes tous aussi inutiles que temporaires ! On va m’insulter, me traiter de fou, me taxer de misanthropie… oui je suis misanthrope, mais un misanthrope fier de l’être bordel !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

du pur bonheur !
et tellement vri à la fois
Didine