28 avril 2010

Modernisme et réinvention du passé

Sous couvert de nous vendre de la modernité, les entreprises sont prêtes à inventer n’importe quoi, au point même d’en devenir ridicules. Dans un monde en perpétuel progrès scientifique, technique, et donc industriel, force est de constater qu’il existe énormément de références qui sont devenues des monolithes dans notre société. Entre transformation d’une marque en nom commun (Kleenex, Frigidaire… ça ne vous dit rien ?!), et revisite du passé par les designers, il y a franchement de quoi se demander si, finalement, notre délire consumériste ne nous amène pas à être les gogos, les pigeons permanents, qui achètent n’importe quoi sous prétexte d’une mode sitôt apparue, sitôt disparue.

Quelques exemples concrets ? Prenons le plus flagrant, celui de l’automobile. Au quotidien ou presque, nous pouvons croiser des Mini (produites aujourd’hui par BMW), des Fiat 500, deux icônes de l’industrie automobile des années soixante, et que les entreprises ont revisitées pour en faire de « nouveaux » produits. Quelle ineptie ! Déjà, outre le fait que les dits engins n’ont plus techniquement à voir avec leurs inspiratrices, ces voitures sont d’un gabarit et d’un prix sans aucun rapport avec l’idée initiale. La 500 ? Elle a motorisé l’Italie. La Mini ? Elle a créé le concept de véhicule compact urbain. Les deux étaient abordables, à l’entretien simplifié au possible, et qui plus est, via des sorciers comme Cooper et Abarth, de potentielles voitures de course. Aujourd’hui, la Mini comme la 500 sont des voitures chères, sans charme à mon goût, et n’ayant pas le je-ne-sais-quoi de charmant. Hé oui : on nous vend du vieux, on en fait du pseudo neuf, et ça à prix d’or. D’ailleurs, Volkswagen a échoué dans la démarché en réinventant la coccinelle, qui, non contente d’être tout sauf dans la philosophie de sa devancière, s’est avérée « moche », et affreusement chère. Une voiture de bourgeois prétentieux en somme.

Ah le vintage, qu’est-ce qu’on ne va pas nous vendre sous cette étiquette ridicule ! Les godasses reprenant les modèles d’il y a quarante ans, les jeans à la coupe « comme à l’époque », les chemises aux motifs très datés, et je ne parle même pas des aspects kitsch et flashy utilisés jusqu’à la saturation dans la publicité et les clips ! A croire que revenir dans les années 70 avec les chaises orange, les pantalons à pattes d’éléphant, ou encore les cols pelle à tarte peuvent séduire quelqu’un ! C’est hideux, visuellement agressif, et ne m’incite certainement pas à marcher dans la mode. Je n’ai guère eu le loisir de traîner mes guêtres dans les boutiques à la mode, mais la seule idée de prendre un pull à col en fourrure synthétique me hérisse littéralement le poil. Pas question ! Et bien entendu, à la caisse, c’est le hold-up légal, le braquage à sabot de carte bleue armé…

Avez-vous remarqués que les boutiques d’aménagement intérieur se font une joie de remettre en avant les horreurs dont nos parents ont lamentablement tentés de se débarrasser pendant les années 80 ? Chaises en plastique translucide, mobilier formica à motifs, étagères « déstructurées » et autres abominations esthétiques ? J’ai été littéralement soufflé de voir un lustre, enfin une sorte de boule en paille tressée, comme celle qui ornait ma chambre étant gosse, vendue au prix du platine en magasin ! Que ma mère fut ravie de mettre ce ramasse poussière à la benne ! Et dire qu’il y en a qui paient pour avoir ça chez eux ! Sont-ils masochistes ? Ou juste marchent-ils dans cette mode des revivals ?

Même l’informatique et les jeux s’y sont mis : émulateurs pour faire revivre les antiquités ludiques, remise au (dé)goût du jour de références absolues, et émergence du marché de la collection. J’ai entendu parler d’une cartouche de jeu vendue … 15.000 Dollars (sic) parce qu’elle était assez rare (et probablement mauvaise). Je peux tout à fait apprécier la démarche de retrouver ses jeux d’antan, mais de là à aller pondre des machines pouvant relire nos vieilles cartouches de console, avec évidemment un prix d’achat indécent, c’est nous prendre pour des imbéciles.

Et ça se vend ! Bon sang, que je suis content de ne pas errer dans ce délire du passé ! Hé, j’ai une idée de business : conservez vos vieux portables, vos très vieux téléphones à cadrans. D’ici dix ans, ça sera des pièces de collection !

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