04 octobre 2012

Passionnément ordinaires

C'est à force de chroniquer les écarts de conduite de l'humanité que je me suis forgé une conviction qui est d'affirmer que l'Homme est passionnant parce qu'il est justement ordinaire. Tenez, on se torture les neurones pour se demander s'il existe un ou plusieurs dieux, pour identifier celui qui est supposé nous apporter la paix de l'âme et de l'esprit, et on va même jusqu'à poser des bombes (ou en larguer à 10.000 mètres d'altitude, c'est selon) pour revendiquer sa foi, alors que, finalement, nous sommes bien trop ordinaires pour pouvoir intéresser quelque déité que ce soit. Vous ne suivez pas le raisonnement? Il m'apparaît pourtant d'une clarté particulièrement ironique, d'autant qu'on se réfugie derrière notre foi pour un peu moins craindre le trépas, pour se rassurer d'une présence lors de nos guerres, et pour se prendre à espérer qu'un proche disparu ne sera pas trop mal loti de "l'autre côté". Pathétique, ordinaire, ridicule même.

Regardons nous en face un instant. Notre passion pour un "Dieu" provient de notre besoin maladif d'avoir un supérieur au-dessus de soi, quelqu'un à aimer ou maudire pour notre destin. Bien entendu, cette démarche intellectuelle exclue confortablement le fait que nous ayons le libre arbitre, ce qui implique donc nécessairement que ce sont nos actes qui décident, pour majorité, de notre destinée. Cependant, faute d'explications dans certains cas, Dieu, le diable, les saints, les dieux, toutes ces définitions nous permettent de trouver des réponses, ou tout du moins de supposer que quelqu'un ou quelque chose a des réponses là où nous sommes que bien trop limités. Malheureusement, j'ai dans l'idée qu'il s'agit que d'une échappatoire, pas d'une solution concrète.

Prenons un peu un Dieu dans une religion monothéiste. Omnipotent, omniscient, créateur, tous les rôles surnaturels lui reviennent, et pourtant on lui demande de la miséricorde, de la charité pour notre pauvre humanité débile. Hé, ça doit abîmer les neurones de trop patauger dans les bénitiers, parce qu'il y a plusieurs faits indéniables concernant notre façon de traiter notre relation à "Dieu" Un petit jeu de questions réponses?

Si Dieu est le créateur de toute chose, pourquoi s'est-il amusé à créer le serpent qui a tenté Eve?

S'il est si parfait, et que l'homme est imparfait, le propos "fait à son image" n'est donc que physique? Ca veut dire que, finalement, il n'a pas eu assez confiance pour nous filer de l'intelligence en quantité?

Si Dieu est amour, alors l'homme est haine, non?

Etre omniscient n'est pas, par le plus grand des hasards, le pire cauchemar d'un Dieu? Savoir les petits secrets les plus stupides que nous portons tous, en quoi est-ce gratifiant?

Soit Dieu nous a laissé le libre arbitre, auquel cas il a raison de ne pas intervenir, soit il nous manipule et nous sommes donc des jouets entre les mains d'un gamin cruel.

L'homme a eu la bonne idée de coucher sur des parchemins les mots de Dieu... sortis de la bouche d'un messie quelconque. Par curiosité, essayez aujourd'hui de proposer des visions messianiques sans finir sous tranxène et attaché à un lit dans une chambre capitonnée!

Bref... l'homme croit, enfin il voudrait bien "y croire". Ca le rassure, un peu comme le gamin qui tient à sa lampe de chevet pour ne pas trembler à l'idée du croque mitaine. Au fait, les gens souvenez-vous d'une chose fondamentale: on naît, on vit, on meurt... donc forcément, s'il y a un créateur, il nous a mis ici, et il nous attend au bout du chemin. Chouette, se diront les croyants, fais suer diront les incroyants, et moi je vais juste dire "Je m'en cogne". Pourquoi? Parce que, finalement, ça me permet de croire un instant que, au fond, mon libre arbitre est plus fort que Dieu, puisque je peux le défier le temps de mon existence terrestre. Et ça, voyez-vous, ça n'a pas de prix!

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