30 juillet 2018

Avis aux maniaques et autres détraqués

S’il m’était donné le pouvoir de changer certaines choses, je pense que cela aurait été particulièrement difficile de choisir un point de départ. Ainsi, à l’instar d’un enfant démuni face à son paquet de Lego éparpillé sous ses yeux, le monde requiert tellement de changements qu’identifier, pour moi, quelque-chose à revoir en urgence est un vrai cas de conscience. La famine ? Les guerres ? Les maladies ? L’écologie ? L’économie mondiale ? Le menu est si riche qu’on se croirait face à la carte d’un restaurant chinois vous annonçant sans frémir une vingtaine de pages de plats… Et là, le drame en devient inévitable : si l’on réforme l’économie, est-ce que cela sera au détriment de l’humanité ? Va-t-on rendre la situation financière des plus démunis meilleure, au risque de sacrifier la terre ? Si l’on arrête les guerres, que choisir ? Quel parti devra dès lors s’octroyer le pouvoir laissé vacant par des années de guerre civile ? Je suis dans le doute, l’irritante indécision me chatouillant forcément la cervelle, pour finir par une désagréable migraine.

Se prendre pour Dieu peut être, en apparence, une chose particulièrement attirante. Qui n’a pas fantasmé de fendre les eaux d’un geste, de changer la météo d’une pensée, de pouvoir faire cesser la bêtise humaine comme on ferme un robinet ? Soyons honnêtes, on ne prend pas réellement la mesure d’une responsabilité tant qu’on ne l’endosse pas pleinement. Etre parent ? Facile tant que le marmot ne vous vrille pas les tympans quand il fait ses premières dents. Etre politique ? Aisé tant qu’on n’est pas en position de ménager la chèvre et le chou. Dieu ? Prenez tout ce qu’il y a de pire, compilez-le, et... cherchez des solutions. Je ne saurais trop vous souhaiter bonne chance, ou bien d’anticiper une grosse vague de déprime en prenant, a priori, un rendez-vous chez un thérapeute.

Alors quoi ? Serions-nous impuissants face à la folie humaine ? Serions-nous donc le pur produit d’un environnement qu’il nous plaît à laisser en l’état faute de trouver des solutions convenant au plus grand nombre ? En fait, non, si l’on fait un tant soit peu preuve d’humanisme et d’une pensée constructive….

…Je dois effectivement avoir une sacrée migraine doublée d’un embryon d’AVC pour sortir de telles sornettes mâtinées d’un angélisme nauséabond. La vérité crue est simple et inévitable : nous somme foncièrement stupides, brutaux, égocentriques, et ces trois épithètes suffisent amplement à bloquer toute velléité de progrès ! Regardez à quel point nous savons que notre monde souffre, que naître à Haïti est concrètement une condamnation quasi systématique à la misère ! Regardez à quel point nous sommes informés sur la condition féminine partout dans le monde ! Et on fait quoi ? On grogne, on peste, on râle, au mieux on organise de vagues manifestations qui se voient dévoyées par des lignes politiques hors de propos. Pourquoi ? Le Diable serait-il dans le cœur de l’Homme ? Absolument pas : le Diable est notre excuse classique pour ne pas avoir à assumer notre libre arbitre, tout comme celui qui se réfugie derrière des barrières diverses et variées pour excuser son comportement rétrograde ou xénophobe Nous sommes des cons, il faut l’accepter, l’assimiler, et en faire un point de départ pour tout progrès de quelque sorte que ce soit.

A partir de là, le quotidien a la fâcheuse tendance à être au-delà de ces considérations. Tenez, prenons la jeune femme giflée par un connard (oui, aux amateurs de la belle lettre, je n’ai pas trouvé de qualificatif autre que celui-ci) : elle a subi un comportement non pas masculin, mais bien un comportement d’un abruti qui estime que les femmes sont des objets, des choses à maltraiter et qui ne nécessitent pas de respect. Tout en restant objectif dans le propos, j’aimerais émettre quelques réflexions sur le sujet, car contrairement à tout ce que je viens de dire, j’estime que l’homme minuscule n’est pas prisonnier de son temps, mais là bel et bien de son absence de courage. Les hommes aiment à lancer l’expression « avoir des couilles »… Ah ? Parce qu’une paire de sacoches en chair suffisent à avoir des droits que les femmes n’ont pas ?

Pour ces connards, quelques rappels essentiels. Tout d’abord, la connerie est asexuée, et le respect l’est tout autant. Il n’y a pas plus ou moins de respect à donner selon le sexe de la personne en face de soi. Dans ces conditions, si la pauvre a eu une gifle en guise de signe de « respect » je suis partant pour en retourner une à son agresseur pour lui apprendre en retour ce qu’est le respect. C’est marrant, un salopard chargé à la testostérone a une paire de couilles pour cogner une femme, par contre c’est probablement le même style qui n’ose plus broncher si un type un tant soit peu costaud lui en retourne une…. Ah le « courage » des mecs ! C’est tellement « courageux » de cogner une nana….

Le deuxième point intéressant fait suite au premier concernant le « courage ». Arrêtons les « moi j’aurais fait ceci ou cela »….puisque personne n’est réellement intervenu pour remettre à sa place une ordure ! C’est dingue : si une femme se fait insulter ou agresser, la foule détourne le regard. Vous parlez de solidarité ? Où est-elle quand une femme se fait traiter de la sorte ? J’aurais vraiment aimé que la foule lui colle une rouste mémorable, rien que pour que ses homologues décérébrés craignent ENFIN la vindicte publique. La solidarité, ça n’est pas à sens unique « je VEUX qu’on m’aide » implique aussi « je me DOIS d’aider les autres en retour ».

Troisième et dernier point : J’estime qu’il y a là une terrible démonstration d’absence d’éducation de mes contemporains. Ce genre d’attitude existe encore parce qu’on n’enfonce pas suffisamment dans les caboches infantiles que le sexe ne fait pas de différence en terme de respect, et qu’un homme est aussi respectable qu’une femme. C’est quand même dingue de songer que ces mêmes connards qui traitent les femmes comme de la merde sont ceux qui ont eu bien souvent une mère dévouée et protectrice.

Avis aux connards : j’ai une batte qui aime viser les rotules ! Cela vous tente d’apprendre à danser le sirtaki tandis que je vise vos doigts de pieds nus ?

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