Réflexions sur la propagande indirecte
Je m'interroge beaucoup sur le net ces derniers temps, et c'est ce qui me pousse d'ailleurs à ne plus vraiment écrire sur mon blog. En effet, j'ai l'impression que de ne pas entrer dans une logique systématique de critique non constructive de l'état, ou encore de mettre en permanence en exergue les contradictions des fameux "leaders d'opinion" font de vous une cible privilégiée, conspuée, parce qu'il y a un phénomène de "mouton" indéniable. Je ne parle pas de moi, je n'ai pas l'aura requise pour que je puisse être "agressé" par des détracteurs, mais je parle au sens large où toute contradiction est lissée ou insultée, sous prétexte du "il a raison et toi tu as tort". De ce fait, je mets déjà une contradiction majeure en avant: comment peut-on parler de droit à l'expression quand soi-même l'on censure et/ou conspue celui qui n'est pas d'accord avec soi?
La toile est en soi un miroir de notre société. Contrairement à l'idée généralement reçue du "tout libre", la toile n'est en rien plus propre ou plus libre que nos sociétés réelles. La seule et unique chose qu'on se doit d'admettre, c'est que la toile est rédigée par des gens, des entités intelligentes dont les opinions et les objectifs peuvent y être plus aisément mis en valeur pour le plus grand nombre. Le droit de s'exprimer accordé à tous ou presque n'amène qu'une seule chose: la multiplication des contenus, et certainement pas son amélioration. Qu'on arrête sur le champ de se faire les chantres d'un monde idéalisé, la toile est ce qu'on en fait, et non l'inverse. Ce n'est pas parce qu'on a une quantité astronomique d'informations que celles-ci sont pertinentes, ou tout simplement vraies. D'ailleurs, les billets d'humeur comme les miens n'ont en rien une validité morale ou intellectuelle, ils sont uniquement l'expression de choix personnels et rien d'autre. Contrairement à un travail de journaliste où l'on se doit (en principe) d'offrir une analyse et une mise en perspective, les blogs et autres Shaarli n'offrent aucune garantie de qualité ou de validité. La toile est ce qu'on en fait, et actuellement c'est un gigantesque fourre-tout où chacun peut amonceler à peu près n'importe quoi.
De là, je suis particulièrement hilare en lisant mes petites brèves prises çà et là, parce qu'elles démontrent sans l'ombre d'un doute que "l'information" lâchée sous la forme d'opinion ne fait qu'amener deux choses: soit une réaction de soutien sous la forme d'une meute de "moutons" prenant par défaut que "les journaleux sont corrompus, lui/elle au moins est sincère", ou "je suis d'accord parce que de toute façon je n'irai pas fouiner pour savoir si il/elle se trompe". Une analyse scientifique est une chose, en faire le support d'une opinion politique en est une autre. La démonstration par l'absurde est le fatras idéologique qui est mêlé par les écolos convaincus dans des chiffres qui pourtant pourraient être intéressants. Quand on parle de pollution automobile, c'est pour revendiquer le vélo; quand on parle nucléaire, c'est pour pousser à la roue concernant les autres énergies. C'est beau sur le papier, c'est même superbe, mais encore et encore la teinte politique se cache derrière, puisqu'on exclue d'autres faits, soit parce qu'ils dérangent, soit parce qu'ils vont jusqu'à contredire les différentes affirmations. Poussons un peu: la voiture pollue, ça c'est une évidence. Il y a une quantité délirante d'égoïstes qui pourraient réduire leurs déplacements inutiles en remplaçant la voiture par autre chose. Mais est-ce pour autant aussi simple? Je suis fatigué par les intégristes de la petite reine qui ont trois luxes: celui de vivre à proximité de leur emploi, qui peuvent se permettre de se passer de leur voiture parce qu'ils vivent dans une agglomération, et qui plus est qui ont les moyens de vivre ainsi. Ce n'est pas du tout le schéma valide pour tous, loin de là. Paradoxalement, ces mêmes harpies omettent de songer que la seule solution pour permettre ceci serait donc de regrouper encore un peu plus les populations, donc de voir les banlieues des grandes villes se remplir encore un peu plus, car oui c'est la ville qui attire la majorité des employés, et non la rase campagne. Mais ça… bizarrement, ça ne touche pas le bourgeois qui vit fort bien et qui n'a pas pour impératif de vivre loin des villes, faute d'avoir les revenus en regard des loyers. De la même manière, pourquoi ne pas annoncer la part réelle de la pollution automobile? Parce qu'elle représente 20% de la pollution atmosphérique… mais où sont les 80% restants? Qu'on m'explique pourquoi pointer du doigt un pollueur, quand 4 sur 5 sont ailleurs?! De qui se moque-t-on?
Se faire le chantre d'une opinion politique ne doit pas passer par de la propagande déguisée. On taxe les industriels d'être des sagouins et des escrocs… Fort bien, mais agir de la sorte ne vaut guère mieux. On se fait l'écho de discours, de chiffres, de statistiques, tout en agissant comme le camp d'en face, à savoir en éludant le débat, en tronquant les valeurs, et pardessus le marché en se disant innocent d'une telle attitude sous prétexte d'être propre puisque "pas à la solde d'autre chose que d'une conscience personnelle". FAUX. Un parti politique, un régime quel qu'il soit passe par un soutien plus ou moins conséquent, par des petites mains qui agissent plus ou moins discrètement. Il n'existe pas d'innocence quand on donne dans l'idéologie. Ce que je trouve au surplus insupportable, c'est que ce foutoir moral farci à la bonne conscience contient en plus des attaques directes contre les dirigeants (ce qui est souvent légitime), tout en déclarant que le vote ne sert à rien, tout comme l'adhésion à un parti ou à un syndicat. Dites, les aveugles, un petit rappel: les pays que vous montrez comme étant plus propres, plus stables, mieux lotis socialement et/ou économiquement sont ceux où l'abstention est la plus faible, et où le taux de salariés syndiqués est le plus fort. L'implication personnelle joue sur le fonctionnement global d'un état, et se dire "tous des pourris" ne fait en rien avancer les choses, bien au contraire.
Continuons un peu le massacre, histoire de bien "rire". Les migrants qui périssent par centaines en méditerranée. Certains vont du commentaire "Rien de nouveau", d'autres s'en offusquent, les derniers parlent de social et de morale pour aider les migrants. Tous à côté de la plaque, nous sommes TOUS responsables. Oui, chacun de nous EST responsable de l'image que nous trimballons chaque jour de manière ostensible. On parle d'espoir, de faim, de soif, tout en étant soi-même un consommateur qui se fout volontairement de ce qu'il fait, parce qu'au fond unitairement on ne se sent pas réellement mis en cause dans la misère humaine mondiale. Seulement voilà, c'est un refuge intellectuel, une sécurité personnelle, parce que parmi nous PAS UN ne cèdera ses petits avantages, son confort, ses objets superfétatoires pour que d'autres n'aient plus à subir un quotidien dégueulasse. Méchant? Est-ce que je m'exclue de cette immoralité? Dans les deux cas, la réponse est non: c'est un constat, et je ne vaux pas mieux que les autres. Redescendez sur terre et arrêtez de faire la leçon aux autres, car vous ne valez pas mieux qu'eux.
Où se situe la vérité? Notre mode de vie est celle qui plairait à n'importe qui dans le tiers-monde. Ne parlez ni de racisme ni de violence, vous ignorez, tout comme moi, ce que représente la peur de mourir sous prétexte que vous n'êtes pas de la bonne ethnie. Vous ignorez ce que peut représenter le déchirement de devoir se déraciner pour survivre. On ne parle pas de "vie idéale" là, mais bien de survie pure et simple. C'est aisé de dire qu'on devrait faire des efforts, trouver des solutions… Mais faites un effort et proposez quelque-chose en échange au lieu de conspuer vos politiques. On fait quoi? On accueille tout le monde? On refoule au contraire tous les clandestins? Un peu? Un pourcentage précis? Quels sont vos quotas, vos chiffres, avec quels financements, où les met-on? On les parque dans des camps de fortune en attendant mieux? Allez, soyez plus forts, soyez force de proposition, au lieu de vous contenter de pester les fesses bien vissées sur votre chaise.
Nous sommes les propagandistes volontaires et involontaires d'un mode de vie auquel aspirerait n'importe qui. Nous avons le confort, la possibilité de mourir à cause de nos excès de nourriture quand d'autres considèrent l'eau courante comme un luxe, et l'eau potable comme un miracle. Dans quel monde vivent les candides qui font la leçon? Où sont les moralisateurs? Ce n'est que confronté à la réalité qu'on se doit de réfléchir à notre mode de vie, or personne ou presque n'est prêt à le sacrifier, même partiellement, pour que d'autres puissent espérer mieux. La morale n'est pas la seule solution, il faut aller jusqu'à l'acte, jusqu'au déterminisme ferme et résolu… Or, la vérité est là, tant qu'il s'agit de se plaindre bien au chaud, les barricades ne nous semblent pas utiles ou même envisageables. Ce n'est qu'aculée au désespoir que la foule agit, et ce de la pire des manières, à savoir en légitimant les extrêmes, en alimentant les moulins des fascismes les plus toxiques pour nos libertés individuelles.
Arrêtons de réfléchir pour les autres avec notre mode occidental de pensées. Nous ne pouvons ni comprendre ni même appréhender comment le reste du monde fonctionne, d'autant plus que nous tentons, en agissant ainsi, d'imposer le modèle philosophique et éthique qui nous correspond, et qui n'est en rien une référence. Le drame est là: en croyant qu'en exportant notre modèle nous allons améliorer le monde, nous nous comportons comme des conquérants, des colons et des évangélisateurs qui confondent bienfait et propagande. Non, le modèle européen ne saurait correspondre à des pays du Maghreb. Non, notre philosophie et notre moralité n'est pas universelle. Non, notre abord à la place de la religion dans la société n'est pas à imposer dans le monde entier. C'est en cela que nous attirons la haine, l'envie et la frustration, parce que nous faisons la leçon où bien souvent nous serions avisés d'apprendre. L'échange ne peut pas être unilatéral, et il est que trop facile de dire "vous avez tort", tout en omettant de prendre en compte l'existence des gens en face.
La liberté… quelle liberté?! Est-ce que les internautes qui pensent être raisonnables et intelligents sont-ils conscients qu'ils se trompent totalement de combat? Comment peut-on à la fois déclarer "je veux la démocratie et la liberté", tout en braillant à qui veut l'entendre que le système est pourri et que les élections ne servent à rien? Il y a là un aveu d'impuissance, ou bien un désistement caché? J'ai en horreur cette souplesse intellectuelle qui permet non seulement de ne pas avoir à assumer quoi que ce soit, et au surplus de venir critiquer celles et ceux qui se sont présentés aux urnes pour accomplir un devoir citoyen. La liberté commence quand on en fait usage. Or, le premier des droits pour lesquels les gens se sont battus, c'est justement d'avoir le droit d'exprimer une opinion par les urnes. Plus on a de confort, moins les urnes sont sollicitées. Pourquoi? Par peur du changement, par flemme, par irrespect pour les institutions? Ce droit qui semble évident ne l'est que pour nous, pas pour toutes les nations. Cela me conforte dans l'idée qu'on ne sait ce qui nous manque, que le jour où l'on l'a perdu.
Arrêtons donc de raconter ce qui nous arrange, d'être les chantres d'un mode de vie, d'opinions basées sur nos seules expériences, et regardons au-delà des évidences. Nous n'avons en rien le droit de nous prendre pour des politiques, faute de savoir ce que cela signifie de devoir mettre d'accord des millions de personnes. Vous pensez avoir les épaules pour mieux faire? Alors faites ce qu'il me semblerait logique de faire, à savoir vous présenter, aller dans des partis politiques, agir au niveau local et national, bref avoir une vie active de militant… et pas d'action virtuelle. Agir sur la toile est chose, mener des projets concrets en dehors de l'écran en est une autre. Contrairement à la majorité des commentateurs zélés dont la toile dégouline à longueur de journées, je ne me vois pas faire la leçon aux politiques, car j'ai déjà cette action en VOTANT. On sanctionne des élus, on les choisit… mais si l'on n'a pas cette démarche première, on ferme sa gueule et on assume le fait de ne pas avoir voté, et donc de ne pas avoir décidé. L'inaction est une action en soi. L'absence d'opinion exprimée est une opinion en soi. Le déterminisme politique commence par l'urne, et peut finir dans la rue. Mais ce n'est sûrement pas en laissant à des gens plus déterminés que soi l'avenir de son pays qu'on peut ensuite s'en plaindre. Ouvrez les yeux! Si un pays ne vote pas en masse, il laisse son sort entre les mains de ceux qui votent… et donc généralement d'une élite motivée, ou des plus radicaux. En effet, où se situe l'abstention? Dans ceux qui se supposent intelligents! Les véritables intellectuels votent parce qu'ils savent ce que cela représente, et les radicaux votent parce qu'ils savent que chaque voix compte. Dans ces conditions, cela sous-entend que les deux extrêmes de la société pèsent plus que la majorité bêlante incapable de saisir l'importance de chaque bulletin dans l'urne.
On critique allègrement le FN parce qu'il tient lieu d'épouvantail. Encore une fois, en le mettant en exergue vous en faites la propagande! On ne s'attaque pas au populisme par du populisme, on s'attaque à la thématique radicale en présentant des faits, en démontrant par A+B que le discours ne tient pas. Encore une fois, ce n'est pas en disant à un fasciste qu'il est con que cela remet en doute ses opinions. C'est en lui prouvant posément que ses idées sont dangereuses qu'on peut envisager de le faire changer. Prenons l'électorat du FN: il n'est plus cette masse de déçus de la démocratie, de revanchards mettant tout sur l'ennemi extérieur (L'UE ou les immigrés), il est aujourd'hui celui qui veut redonner du lustre à ce beau pays, il est dorénavant celui qui veut défendre des belles valeurs face à l'effondrement des partis classiques. Le vote FN est un vote devenu séduisant, parce qu'il a réussi à devenir un vote nationaliste et non plus quasi-fasciste. Et que font les médias? Que font les "moralisateurs" de la toile? Plutôt que de poser les vraies questions que peuvent lever les partis des extrêmes, ils cherchent à diaboliser le FN. Erreur! Absurdité! C'est en agitant un épouvantail qu'on lui donne du poids. Quel fut le discours de Sarkozy pour être élu président? La sécurité! Quel fut celui de Hollande? La transition hors de la sécurité. Quel sera celui du prochain vainqueur? La transition hors de la politique Hollande, mâtinée de sécurité après l'attentat contre Charlie. Hé oui: l'histoire donne raison à ceux qui voulaient plus de sécurité, même si ce discours se révèle dangereux pour chacun de nous!
On ne peut plus revendiquer une politique libertaire, car celle-ci n'a plus de sens. La liberté, c'est avant tout de saisir que celle-ci n'existe qu'à un prix, celui d'être forcément jugé voire détesté par ceux qui n'ont pas le même mode de pensée. Notre avenir se joue déjà quant à la place que nous voulons donner à la France dans le monde. Quand j'entends les gens se plaindre de l'intervention de la France à l'étranger, en omettant que ce sont les pays en question qui ont demandé une aide, je revendique haut et fort que ces critiques sont donc des égoïstes qui n'ont rien à dire sur la politique intérieure de la nation. J'ajoute au surplus qu'espérer une paix intérieure alors qu'on est tous des intolérants… Comment? Par quel truchement intellectuel arrivent-ils à concilier l'inconciliable?! Comment un type qui parle de liberté de culte, de liberté de la presse peut dans le même temps parler de Charlie avec amour (sans y être abonné ou même en être lecteur), et déclarer qu'il ne veut pas plus de mosquées en France? Comment peut-il, ce moralisateur, vilipender dans la foulée Dieudonné qui, mine de rien, balance de manière satirique et parfois outrancière plein de choses que la foule pense tout bas? Mais j'oubliais: tant que Charlie ne fera pas une "une" outrée sur les juifs, le journal ne sera pas attaquable. Mais quid du jour où le journal critiquera Israël? Va-t-on leur faire le même procès d'intentions qu'à Dieudonné, ou bien le journal a acquis un statut de martyre intouchable?
Ce monde est hallucinant. Il est incroyable parce que chacun se pense suffisamment important pour peser et véhiculer des idées. Ce n'est pas le cas. Nous avons chacun des opinions, des différences, je revendique les miennes au même titre qu'un autre. Par contre, se croire investi d'un rôle messianique ne peut mener qu'au désastre car nul n'a cette science suffisamment infuse pour être un guide, sauf à risquer d'être crucifié. Etrange retour de manivelle, des gens critiquant les radicalisés obtus qui tiennent des discours tout aussi radicaux et obtus… Comme quoi, l'homme est encore ce qu'il sera toujours… un imbécile qui se croit supérieurement intelligent. "On se trouve toujours suffisamment intelligent, puisque c'est à l'aune de cette intelligence que l'on se juge". Je devrais en faire des t-shirts dites donc…
La toile est en soi un miroir de notre société. Contrairement à l'idée généralement reçue du "tout libre", la toile n'est en rien plus propre ou plus libre que nos sociétés réelles. La seule et unique chose qu'on se doit d'admettre, c'est que la toile est rédigée par des gens, des entités intelligentes dont les opinions et les objectifs peuvent y être plus aisément mis en valeur pour le plus grand nombre. Le droit de s'exprimer accordé à tous ou presque n'amène qu'une seule chose: la multiplication des contenus, et certainement pas son amélioration. Qu'on arrête sur le champ de se faire les chantres d'un monde idéalisé, la toile est ce qu'on en fait, et non l'inverse. Ce n'est pas parce qu'on a une quantité astronomique d'informations que celles-ci sont pertinentes, ou tout simplement vraies. D'ailleurs, les billets d'humeur comme les miens n'ont en rien une validité morale ou intellectuelle, ils sont uniquement l'expression de choix personnels et rien d'autre. Contrairement à un travail de journaliste où l'on se doit (en principe) d'offrir une analyse et une mise en perspective, les blogs et autres Shaarli n'offrent aucune garantie de qualité ou de validité. La toile est ce qu'on en fait, et actuellement c'est un gigantesque fourre-tout où chacun peut amonceler à peu près n'importe quoi.
De là, je suis particulièrement hilare en lisant mes petites brèves prises çà et là, parce qu'elles démontrent sans l'ombre d'un doute que "l'information" lâchée sous la forme d'opinion ne fait qu'amener deux choses: soit une réaction de soutien sous la forme d'une meute de "moutons" prenant par défaut que "les journaleux sont corrompus, lui/elle au moins est sincère", ou "je suis d'accord parce que de toute façon je n'irai pas fouiner pour savoir si il/elle se trompe". Une analyse scientifique est une chose, en faire le support d'une opinion politique en est une autre. La démonstration par l'absurde est le fatras idéologique qui est mêlé par les écolos convaincus dans des chiffres qui pourtant pourraient être intéressants. Quand on parle de pollution automobile, c'est pour revendiquer le vélo; quand on parle nucléaire, c'est pour pousser à la roue concernant les autres énergies. C'est beau sur le papier, c'est même superbe, mais encore et encore la teinte politique se cache derrière, puisqu'on exclue d'autres faits, soit parce qu'ils dérangent, soit parce qu'ils vont jusqu'à contredire les différentes affirmations. Poussons un peu: la voiture pollue, ça c'est une évidence. Il y a une quantité délirante d'égoïstes qui pourraient réduire leurs déplacements inutiles en remplaçant la voiture par autre chose. Mais est-ce pour autant aussi simple? Je suis fatigué par les intégristes de la petite reine qui ont trois luxes: celui de vivre à proximité de leur emploi, qui peuvent se permettre de se passer de leur voiture parce qu'ils vivent dans une agglomération, et qui plus est qui ont les moyens de vivre ainsi. Ce n'est pas du tout le schéma valide pour tous, loin de là. Paradoxalement, ces mêmes harpies omettent de songer que la seule solution pour permettre ceci serait donc de regrouper encore un peu plus les populations, donc de voir les banlieues des grandes villes se remplir encore un peu plus, car oui c'est la ville qui attire la majorité des employés, et non la rase campagne. Mais ça… bizarrement, ça ne touche pas le bourgeois qui vit fort bien et qui n'a pas pour impératif de vivre loin des villes, faute d'avoir les revenus en regard des loyers. De la même manière, pourquoi ne pas annoncer la part réelle de la pollution automobile? Parce qu'elle représente 20% de la pollution atmosphérique… mais où sont les 80% restants? Qu'on m'explique pourquoi pointer du doigt un pollueur, quand 4 sur 5 sont ailleurs?! De qui se moque-t-on?
Se faire le chantre d'une opinion politique ne doit pas passer par de la propagande déguisée. On taxe les industriels d'être des sagouins et des escrocs… Fort bien, mais agir de la sorte ne vaut guère mieux. On se fait l'écho de discours, de chiffres, de statistiques, tout en agissant comme le camp d'en face, à savoir en éludant le débat, en tronquant les valeurs, et pardessus le marché en se disant innocent d'une telle attitude sous prétexte d'être propre puisque "pas à la solde d'autre chose que d'une conscience personnelle". FAUX. Un parti politique, un régime quel qu'il soit passe par un soutien plus ou moins conséquent, par des petites mains qui agissent plus ou moins discrètement. Il n'existe pas d'innocence quand on donne dans l'idéologie. Ce que je trouve au surplus insupportable, c'est que ce foutoir moral farci à la bonne conscience contient en plus des attaques directes contre les dirigeants (ce qui est souvent légitime), tout en déclarant que le vote ne sert à rien, tout comme l'adhésion à un parti ou à un syndicat. Dites, les aveugles, un petit rappel: les pays que vous montrez comme étant plus propres, plus stables, mieux lotis socialement et/ou économiquement sont ceux où l'abstention est la plus faible, et où le taux de salariés syndiqués est le plus fort. L'implication personnelle joue sur le fonctionnement global d'un état, et se dire "tous des pourris" ne fait en rien avancer les choses, bien au contraire.
Continuons un peu le massacre, histoire de bien "rire". Les migrants qui périssent par centaines en méditerranée. Certains vont du commentaire "Rien de nouveau", d'autres s'en offusquent, les derniers parlent de social et de morale pour aider les migrants. Tous à côté de la plaque, nous sommes TOUS responsables. Oui, chacun de nous EST responsable de l'image que nous trimballons chaque jour de manière ostensible. On parle d'espoir, de faim, de soif, tout en étant soi-même un consommateur qui se fout volontairement de ce qu'il fait, parce qu'au fond unitairement on ne se sent pas réellement mis en cause dans la misère humaine mondiale. Seulement voilà, c'est un refuge intellectuel, une sécurité personnelle, parce que parmi nous PAS UN ne cèdera ses petits avantages, son confort, ses objets superfétatoires pour que d'autres n'aient plus à subir un quotidien dégueulasse. Méchant? Est-ce que je m'exclue de cette immoralité? Dans les deux cas, la réponse est non: c'est un constat, et je ne vaux pas mieux que les autres. Redescendez sur terre et arrêtez de faire la leçon aux autres, car vous ne valez pas mieux qu'eux.
Où se situe la vérité? Notre mode de vie est celle qui plairait à n'importe qui dans le tiers-monde. Ne parlez ni de racisme ni de violence, vous ignorez, tout comme moi, ce que représente la peur de mourir sous prétexte que vous n'êtes pas de la bonne ethnie. Vous ignorez ce que peut représenter le déchirement de devoir se déraciner pour survivre. On ne parle pas de "vie idéale" là, mais bien de survie pure et simple. C'est aisé de dire qu'on devrait faire des efforts, trouver des solutions… Mais faites un effort et proposez quelque-chose en échange au lieu de conspuer vos politiques. On fait quoi? On accueille tout le monde? On refoule au contraire tous les clandestins? Un peu? Un pourcentage précis? Quels sont vos quotas, vos chiffres, avec quels financements, où les met-on? On les parque dans des camps de fortune en attendant mieux? Allez, soyez plus forts, soyez force de proposition, au lieu de vous contenter de pester les fesses bien vissées sur votre chaise.
Nous sommes les propagandistes volontaires et involontaires d'un mode de vie auquel aspirerait n'importe qui. Nous avons le confort, la possibilité de mourir à cause de nos excès de nourriture quand d'autres considèrent l'eau courante comme un luxe, et l'eau potable comme un miracle. Dans quel monde vivent les candides qui font la leçon? Où sont les moralisateurs? Ce n'est que confronté à la réalité qu'on se doit de réfléchir à notre mode de vie, or personne ou presque n'est prêt à le sacrifier, même partiellement, pour que d'autres puissent espérer mieux. La morale n'est pas la seule solution, il faut aller jusqu'à l'acte, jusqu'au déterminisme ferme et résolu… Or, la vérité est là, tant qu'il s'agit de se plaindre bien au chaud, les barricades ne nous semblent pas utiles ou même envisageables. Ce n'est qu'aculée au désespoir que la foule agit, et ce de la pire des manières, à savoir en légitimant les extrêmes, en alimentant les moulins des fascismes les plus toxiques pour nos libertés individuelles.
Arrêtons de réfléchir pour les autres avec notre mode occidental de pensées. Nous ne pouvons ni comprendre ni même appréhender comment le reste du monde fonctionne, d'autant plus que nous tentons, en agissant ainsi, d'imposer le modèle philosophique et éthique qui nous correspond, et qui n'est en rien une référence. Le drame est là: en croyant qu'en exportant notre modèle nous allons améliorer le monde, nous nous comportons comme des conquérants, des colons et des évangélisateurs qui confondent bienfait et propagande. Non, le modèle européen ne saurait correspondre à des pays du Maghreb. Non, notre philosophie et notre moralité n'est pas universelle. Non, notre abord à la place de la religion dans la société n'est pas à imposer dans le monde entier. C'est en cela que nous attirons la haine, l'envie et la frustration, parce que nous faisons la leçon où bien souvent nous serions avisés d'apprendre. L'échange ne peut pas être unilatéral, et il est que trop facile de dire "vous avez tort", tout en omettant de prendre en compte l'existence des gens en face.
La liberté… quelle liberté?! Est-ce que les internautes qui pensent être raisonnables et intelligents sont-ils conscients qu'ils se trompent totalement de combat? Comment peut-on à la fois déclarer "je veux la démocratie et la liberté", tout en braillant à qui veut l'entendre que le système est pourri et que les élections ne servent à rien? Il y a là un aveu d'impuissance, ou bien un désistement caché? J'ai en horreur cette souplesse intellectuelle qui permet non seulement de ne pas avoir à assumer quoi que ce soit, et au surplus de venir critiquer celles et ceux qui se sont présentés aux urnes pour accomplir un devoir citoyen. La liberté commence quand on en fait usage. Or, le premier des droits pour lesquels les gens se sont battus, c'est justement d'avoir le droit d'exprimer une opinion par les urnes. Plus on a de confort, moins les urnes sont sollicitées. Pourquoi? Par peur du changement, par flemme, par irrespect pour les institutions? Ce droit qui semble évident ne l'est que pour nous, pas pour toutes les nations. Cela me conforte dans l'idée qu'on ne sait ce qui nous manque, que le jour où l'on l'a perdu.
Arrêtons donc de raconter ce qui nous arrange, d'être les chantres d'un mode de vie, d'opinions basées sur nos seules expériences, et regardons au-delà des évidences. Nous n'avons en rien le droit de nous prendre pour des politiques, faute de savoir ce que cela signifie de devoir mettre d'accord des millions de personnes. Vous pensez avoir les épaules pour mieux faire? Alors faites ce qu'il me semblerait logique de faire, à savoir vous présenter, aller dans des partis politiques, agir au niveau local et national, bref avoir une vie active de militant… et pas d'action virtuelle. Agir sur la toile est chose, mener des projets concrets en dehors de l'écran en est une autre. Contrairement à la majorité des commentateurs zélés dont la toile dégouline à longueur de journées, je ne me vois pas faire la leçon aux politiques, car j'ai déjà cette action en VOTANT. On sanctionne des élus, on les choisit… mais si l'on n'a pas cette démarche première, on ferme sa gueule et on assume le fait de ne pas avoir voté, et donc de ne pas avoir décidé. L'inaction est une action en soi. L'absence d'opinion exprimée est une opinion en soi. Le déterminisme politique commence par l'urne, et peut finir dans la rue. Mais ce n'est sûrement pas en laissant à des gens plus déterminés que soi l'avenir de son pays qu'on peut ensuite s'en plaindre. Ouvrez les yeux! Si un pays ne vote pas en masse, il laisse son sort entre les mains de ceux qui votent… et donc généralement d'une élite motivée, ou des plus radicaux. En effet, où se situe l'abstention? Dans ceux qui se supposent intelligents! Les véritables intellectuels votent parce qu'ils savent ce que cela représente, et les radicaux votent parce qu'ils savent que chaque voix compte. Dans ces conditions, cela sous-entend que les deux extrêmes de la société pèsent plus que la majorité bêlante incapable de saisir l'importance de chaque bulletin dans l'urne.
On critique allègrement le FN parce qu'il tient lieu d'épouvantail. Encore une fois, en le mettant en exergue vous en faites la propagande! On ne s'attaque pas au populisme par du populisme, on s'attaque à la thématique radicale en présentant des faits, en démontrant par A+B que le discours ne tient pas. Encore une fois, ce n'est pas en disant à un fasciste qu'il est con que cela remet en doute ses opinions. C'est en lui prouvant posément que ses idées sont dangereuses qu'on peut envisager de le faire changer. Prenons l'électorat du FN: il n'est plus cette masse de déçus de la démocratie, de revanchards mettant tout sur l'ennemi extérieur (L'UE ou les immigrés), il est aujourd'hui celui qui veut redonner du lustre à ce beau pays, il est dorénavant celui qui veut défendre des belles valeurs face à l'effondrement des partis classiques. Le vote FN est un vote devenu séduisant, parce qu'il a réussi à devenir un vote nationaliste et non plus quasi-fasciste. Et que font les médias? Que font les "moralisateurs" de la toile? Plutôt que de poser les vraies questions que peuvent lever les partis des extrêmes, ils cherchent à diaboliser le FN. Erreur! Absurdité! C'est en agitant un épouvantail qu'on lui donne du poids. Quel fut le discours de Sarkozy pour être élu président? La sécurité! Quel fut celui de Hollande? La transition hors de la sécurité. Quel sera celui du prochain vainqueur? La transition hors de la politique Hollande, mâtinée de sécurité après l'attentat contre Charlie. Hé oui: l'histoire donne raison à ceux qui voulaient plus de sécurité, même si ce discours se révèle dangereux pour chacun de nous!
On ne peut plus revendiquer une politique libertaire, car celle-ci n'a plus de sens. La liberté, c'est avant tout de saisir que celle-ci n'existe qu'à un prix, celui d'être forcément jugé voire détesté par ceux qui n'ont pas le même mode de pensée. Notre avenir se joue déjà quant à la place que nous voulons donner à la France dans le monde. Quand j'entends les gens se plaindre de l'intervention de la France à l'étranger, en omettant que ce sont les pays en question qui ont demandé une aide, je revendique haut et fort que ces critiques sont donc des égoïstes qui n'ont rien à dire sur la politique intérieure de la nation. J'ajoute au surplus qu'espérer une paix intérieure alors qu'on est tous des intolérants… Comment? Par quel truchement intellectuel arrivent-ils à concilier l'inconciliable?! Comment un type qui parle de liberté de culte, de liberté de la presse peut dans le même temps parler de Charlie avec amour (sans y être abonné ou même en être lecteur), et déclarer qu'il ne veut pas plus de mosquées en France? Comment peut-il, ce moralisateur, vilipender dans la foulée Dieudonné qui, mine de rien, balance de manière satirique et parfois outrancière plein de choses que la foule pense tout bas? Mais j'oubliais: tant que Charlie ne fera pas une "une" outrée sur les juifs, le journal ne sera pas attaquable. Mais quid du jour où le journal critiquera Israël? Va-t-on leur faire le même procès d'intentions qu'à Dieudonné, ou bien le journal a acquis un statut de martyre intouchable?
Ce monde est hallucinant. Il est incroyable parce que chacun se pense suffisamment important pour peser et véhiculer des idées. Ce n'est pas le cas. Nous avons chacun des opinions, des différences, je revendique les miennes au même titre qu'un autre. Par contre, se croire investi d'un rôle messianique ne peut mener qu'au désastre car nul n'a cette science suffisamment infuse pour être un guide, sauf à risquer d'être crucifié. Etrange retour de manivelle, des gens critiquant les radicalisés obtus qui tiennent des discours tout aussi radicaux et obtus… Comme quoi, l'homme est encore ce qu'il sera toujours… un imbécile qui se croit supérieurement intelligent. "On se trouve toujours suffisamment intelligent, puisque c'est à l'aune de cette intelligence que l'on se juge". Je devrais en faire des t-shirts dites donc…
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