09 décembre 2013

Revalorisons

Notre chère humanité a un don incroyable pour une chose que la nature n'a pas tendance à faire, à savoir gâcher. Gabegie, orgie, déchets en quantités astronomiques, nous sommes ahurissants de bêtise quand il s'agit de gérer nos déchets. Et pourtant, dans ce flot monstrueux de rejets de notre surconsommation, énormément de produits pourraient fort bien être retraités, réutilisés à bon escient, voire même directement remis à ceux qui n'ont pas les moyens de profiter de l'opulence de ce monde. Or, nous avons un modèle complètement absurde qui fonctionne comme suit:
->consommons trop->jetons trop->payons des sociétés pour recycler->rachetons plus cher ce qui est recyclé... parce que le recyclage ça coûte cher!

Vous voyez un peu le cycle parfaitement ubuesque de la chose? Nous finançons donc autant le gâchis, que nous finançons les vaines tentatives d'enrayer ces excès. Alors, forcément, les sociétés profitent des deux côtés, ceci en créant autant du déchet ridicule, que des structures pour les traiter. En faisant un parallèle, c'est un peu comme ces maisons gérant tant l'agroalimentaire que les sociétés pharmaceutiques, qui donc salent et sucrent trop nos produits, pour ensuite nous caser des médicaments contre le cholestérol et le diabète. Cynique, non?

J'ai réfléchi à la question en observant un message sur le fil de JeromeJ, dont je vous laisse le lien en lecture.

Les sacs transparents, pour qu'autrui puisse récupérer dignement nos déchets
Le fonctionnement est simple: on colle dans un sac transparent les produits qui sont réutilisables en l'état, pour que quelqu'un d'autre puisse en profiter au passage. Joli esprit, belle réflexion morale, je n'y vois rien à redire sur le principe... Si ce n'est que pourquoi laisser aux gens le soin de récolter, de faire les poubelles, quand nous pourrions tout simplement imposer aux collectivités l'obligation de mettre à disposition lesdits produits dans des centres adaptés? On n'a pas à partir du principe qu'un humain doit faire les poubelles de son voisin pour s'en sortir, je pense qu'au contraire il serait autrement plus honnête et charitable d'organiser ceci sous la forme de "commerces solidaires", où les produits seraient revendus à vil prix, voire donnés, ceci dans l'esprit d'offrir une revalorisation de ceux qui auront accès au service. Pourquoi une revalorisation? Parce qu'il est valorisant de pouvoir acquérir dignement ce qu'on possède, et parce qu'il est autrement plus valorisant d'aller dans un commerce, que d'errer à faire les poubelles de ceux qui ont la chance de pouvoir vivre confortablement.

En toute sincérité, je suis certain que ce mécanisme peut être autrement plus efficace, au titre qu'il serait tout simplement une exclusion de toute forme de mercantilisme, et parce qu'il serait en plus au service des citoyens, grâce aux citoyens. Réfléchissons plus avant: pourquoi payer des services à des sociétés qui font deux fois du bénéfice? Hé oui, le ramassage des déchets se paye le prix fort, et le produit une fois recyclé est revendu... donc deux sources de bénéfices! Imposons à ces entreprises de ramasser gracieusement les sacs transparents d'entraide, et laissons le soin à des structures de réinsertion de permettre une revente, voire une redistribution honnête des biens accumulés.

Dans ce mécanisme, je vois essentiellement trois bienfaits à la circulation d'argent:
- Une rémunération de travailleurs en réinsertion. Cela leur donnerait alors le sentiment d'être utile et d'être des salariés comme "tout le monde".
- Le paiement d'une somme, si petite qu'elle soit, donnera toujours l'impression d'être dans la société, et non pas dans un mécanisme de charité et de gratuité dégradante. Contrairement à ce qu'on peut penser, tendre la main, "faire la manche", c'est accepter de s'asseoir sur ses principes, c'est se détruire personnellement à coups de "je suis plus bas que terre".
- L'argent n'irait pas dans un cycle rémunérateur pour des holdings, là où il pourrait servir localement et directement, sans les intermédiaires qui nous facturent déjà bien assez cher notre vie quotidienne.

La charité, le don, l'offrande pour aider autrui est une volonté personnelle, et je la trouve magnifique, du moment où c'est un acte de bonté, et non pas une action de "morale". Prenons ces vedettes qui se pavanent littéralement en revendiquant leurs actions. D'un côté, leur présence permet effectivement de dégager des fonds, mais n'achètent-ils pas à vil prix une image de "bienfaiteur"? La question se pose surtout quand une mécanique de publicité vient pourrir des idées pourtant charitables. Je ne liste plus le nombre de "vedettes" qui tentent une seconde carrière par le truchement des "enfoirés", et qui, bizarrement, disparaissent d'une année sur l'autre, faute d'une relance efficace sous les feux de la rampe. Dire qu'au départ Coluche rêvait que ses restos ne durent qu'un hiver...

Selon moi, nombre de choses pourraient tout à fait changer sans pour autant révolutionner le monde, mais permettraient de le rendre moins mauvais. Quelques exemples me viennent immédiatement en tête!
- Le principe de ramassage dont je viens de parler dans cet article
- L'obligation de gratuité de l'eau, car c'est une ressource qui ne devrait certainement pas être payante, et encore moins sous la tutelle d'entreprises du domaine privé.
- La réorganisation drastique des structures d'entraide, afin que les moyens tant humains que matériels soient plus conséquents. Les associations font un travail merveilleux, mais je suis outré par l'idée que notre pays n'est pas capable de faire en sorte que ce soit l'état qui assume cette part de la société. De plus, j'estime qu'on pourrait tout à fait imposer aux industriels de réduire drastiquement le gâchis de denrées, ceci en exigeant que la surproduction soit immédiatement redistribuée sous forme d'aide alimentaire.
- Faire disparaître toute forme de taxe/impôt sur les dons que peuvent faire les entreprises. Il n'est pas acceptable qu'une entreprise qui ferme voit ce qu'elle offre en dons <(matériel, stocks...) taxés avec la TVA! Qu'on veuille protéger contre la fraude, pourquoi pas. si la structure de répartition des dons est étatique, pourquoi craindre la fraude? Ridicule! Laissons les donateurs pouvoir donner sereinement, plutôt que de voir des quantités affreuses de marchandises finir au rebut, parce que là, bizarrement, ça ne dérange plus grand-monde. - Cesser immédiatement les tentatives stupides de rendre rentables des services d'état qui ne peuvent pas l'être. La santé, l'éducation, la sécurité, ce sont des domaines dont nous avons tous besoin. Notre société n'a pas besoin qu'on aille coller des statistiques stupides sur le dos d'un hôpital, là où l'on devrait plutôt parler de préservation de la vie, d'aide aux victimes, bref de retrouver le principe de service à la personne, et non de service au capital. - Pêcher l'argent là où il est vraiment. On colle des taxes, de nouveaux impôts, on bricole des lois pour que ce soit ceux qui produisent et qui travaillent qui paient la gabegie financière. Pourquoi ne pas prendre là où l'argent fait des petits, à savoir dans l'investissement? Tant que le travail de l'argent sera moins taxé que le travail "réel", aucune chance que la société se redresse et que les gens aient un boulot payé équitablement. Si investir dans l'économie réelle devient plus rentable que de spéculer, m'est avis que nombre de sociétés verront des capitaux affluer! Et cela n'est qu'un florilège de petites idées de rien du tout... A vous d'en proposer!

1 commentaire:

JeromeJ a dit…

Merci beaucoup pour cet article l'ami :)

Tous opinions sont toujours bienvenus afin qu'on se forge tous un esprit critique et nos propres opinions. Merci encore !