Quand un symbole s'en va
Inutile de vous mettre le moindre lien vers une nouvelle quelconque, toute personne a entendu parler du décès de Monsieur (je tiens à la majuscule) Nelson Mandela. Le monde vient de perdre un de ces personnalités qui "changent le monde", ceci à la force de l'esprit plus qu'à la force du fusil. Aujourd'hui, on le voit comme un des artisans de la chute de l'apartheid, comme un résistant et pacifiste qui, malgré les années d'emprisonnement, a su pardonner et offrir à son pays une porte de sortie honorable. Bien entendu, tous les grands du monde s'étalent en sentiments de tristesse, se répandent littéralement en compliments et autres flatteries, mais est-ce vraiment quelque-chose d'honnête et de mérité? Peut-on décemment mettre en doute l'oeuvre du bonhomme en ces temps de deuil national en Afrique du sud?
La lecture de l'Histoire de ce pays est délicate, car elle ne peut que nous salir les mains et l'esprit. En effet, la décision d'imposer l'apartheid, de gérer un état par une politique ségrégationniste nous paraît aujourd'hui complètement inepte et scandaleuse. Pourtant, fut une époque cette politique était plus que tolérée, voire même cautionnée par nombre d'états (dont la France et la Grande-Bretagne), ceci non pour une question idéologique, mais parce que l'état Sud-Africain représentait un îlot de résistance contre le communisme. Alors, bien des chefs d'états ne se privèrent pas, au mieux, d'omettre l'existence de Mandela, au pire de le voir et le présenter comme un "simple" terroriste. Dans ce marécage d'idées, où était cet homme, ce "saint"? Difficile à dire pour moi qui n'a pas l'historique des évènements, et qui ne sait pas trop si, oui ou non, M.Mandela a participé aux actions violentes dont furent accusés les membres de l'ANC. Ceci dit... vu son comportement postérieur, j'aurais tendance à croire et surtout espérer qu'il n'a jamais prôné la violence en guise d'action militante.
Son symbole est-il surfait, biaisé, modifié parce qu'on pourrait oublier son passé? Certes non, car il a oeuvré pour une réunification des peuples, pour mener son pays à une paix toute relative, et par conséquent éviter un vrai bain de sang. Nous nous devons également de noter que l'homme, malgré tout le poids qu'il pouvait représenter, symbolise à mes yeux un adage ahurissant qui est "C'est celui qui a le moins d'ambition pour un poste qui se révèlera le plus compétent pour le tenir". Il a été président de la république, plus parce que cela s'imposait dans sa démarche, que parce qu'il espérait obtenir ce pouvoir. J'en ai la conviction car s'il avait choisi de refaire un mandat, les chiffres lui auraient donné le poste sans grande difficulté. Or, il a choisi de laisser les urnes aux autres, à une nouvelle génération de politiciens pris au piège dans la fin de l'apartheid. Pourquoi je parle de piège? Pour l'évidente raison que tant les noirs que les blancs, aucun parti n'aurait pu faire machine arrière sur cet aspect fondamental de la constitution Sud-Africaine! Comment les anciens partis afrikaners auraient pu refaire apparaître de telles lois, sachant que les blancs sont en minorité? Impossible, et ce malgré le débat idéologique profond que cela a créé dans leurs partis respectifs. De ce point de vue en tout cas, Mandela fut tout à fait respectable, et surtout impressionnant de charisme pour empêcher une véritable guerre civile.
Etait-il si parfait qu'il mérite vraiment sa stature d'homme exceptionnel, voire de demi-dieu? je ne suis pas dans les confidences de son entourage, pas plus que cela m'intéresse réellement. Il a le mérite déjà bien gigantesque d'avoir représenté pour tous les peuples du monde une preuve que le pardon, le bon sens politique, et surtout le pragmatisme peuvent tout à fait faire progresser une nation. On retiendra forcément de lui ce visage souriant, ce bonhomme maigre, presque chétif, mais avec un regard et une présence hors du commun. Quelque-part, il me fait songer à Gandhi, avec cette étincelle indéfinissable qui en a fait une légende. Maintenant, si l'on regarde l'Afrique du sud dans le fond des yeux, on y voit malheureusement bien des choses peu agréables. Economiquement, le pays n'a pas encore réussi à offrir aux noirs une place décente, au titre que les grands propriétaires restent encore des blancs, parce que les ghettos existent encore, parce que la corruption et la violence sont des choses communes, et surtout parce que la liberté, bien qu'acquise pour les urnes, reste encore relative quand il s'agit d'éduction, de salaire, bref de niveau de vie et de chance. L'Afrique du sud a fait un pas de géant moral, mais un tout petit pas social.
Je souhaite aux héritiers politiques de Mandela de comprendre ses pensées, d'avancer, de ne pas s'en servir ni comme alibi ni comme icône, mais uniquement comme inspiration perpétuelle pour trouver une voie du progrès pour de pays pourtant magnifique. Les gens meurent, pas leurs idées. Les choses peuvent changer si ces idées se perpétuent et finissent par s'appliquer. Je faisais un parallèle avec Gandhi. Ironiquement, l'un comme l'autre ont vu leur pays reprendre son destin en main, et l'un comme l'autre ont vu que bien des choses restent et résistent, malheureusement, au travail d'amélioration. Mandela a sûrement vu et perçu que le sort des noirs prendrait du temps à s'améliorer, tout comme Gandhi a vu et compris la résistance que pouvait représenter les vieilles traditions et l'organisation sociale en castes. Au paradis, de quoi parleraient-ils ces deux là?
- Mahatma Gandhi: Dis Nelson, tu crois qu'ils comprendront un jour qu'on doit tous vivre ensemble?
- Nelson Mandela: J'espère bien! On n'a pas subi tout ça pour finalement les voir continuer à oublier que nous sommes tous frères.
- MG: Je crois surtout qu'ils ne veulent pas comprendre, parce que changer c'est bien plus douloureux que de stagner.
- NM: Je sais bien... mais après tout, si l'on commence à se désespérer de l'Homme, cela veut dire qu'on se serait battus pour rien? Tu ne crois pas qu'on devrait plutôt continuer à espérer, quitte à être perpétuellement déçus?
- MG: Tu as raison, on a toute une éternité pour voir notre espoir se réaliser!
- NM: On trinque? Ah non, j'oubliais, ascète...
- MG: C'est bon hein, quand on n'a plus les besoins terrestres, ça n'a plus de sens de se priver! Santé!
Pour les paroles de Asimbonanga, rendez-vous sur La Coccinelle
La lecture de l'Histoire de ce pays est délicate, car elle ne peut que nous salir les mains et l'esprit. En effet, la décision d'imposer l'apartheid, de gérer un état par une politique ségrégationniste nous paraît aujourd'hui complètement inepte et scandaleuse. Pourtant, fut une époque cette politique était plus que tolérée, voire même cautionnée par nombre d'états (dont la France et la Grande-Bretagne), ceci non pour une question idéologique, mais parce que l'état Sud-Africain représentait un îlot de résistance contre le communisme. Alors, bien des chefs d'états ne se privèrent pas, au mieux, d'omettre l'existence de Mandela, au pire de le voir et le présenter comme un "simple" terroriste. Dans ce marécage d'idées, où était cet homme, ce "saint"? Difficile à dire pour moi qui n'a pas l'historique des évènements, et qui ne sait pas trop si, oui ou non, M.Mandela a participé aux actions violentes dont furent accusés les membres de l'ANC. Ceci dit... vu son comportement postérieur, j'aurais tendance à croire et surtout espérer qu'il n'a jamais prôné la violence en guise d'action militante.
Son symbole est-il surfait, biaisé, modifié parce qu'on pourrait oublier son passé? Certes non, car il a oeuvré pour une réunification des peuples, pour mener son pays à une paix toute relative, et par conséquent éviter un vrai bain de sang. Nous nous devons également de noter que l'homme, malgré tout le poids qu'il pouvait représenter, symbolise à mes yeux un adage ahurissant qui est "C'est celui qui a le moins d'ambition pour un poste qui se révèlera le plus compétent pour le tenir". Il a été président de la république, plus parce que cela s'imposait dans sa démarche, que parce qu'il espérait obtenir ce pouvoir. J'en ai la conviction car s'il avait choisi de refaire un mandat, les chiffres lui auraient donné le poste sans grande difficulté. Or, il a choisi de laisser les urnes aux autres, à une nouvelle génération de politiciens pris au piège dans la fin de l'apartheid. Pourquoi je parle de piège? Pour l'évidente raison que tant les noirs que les blancs, aucun parti n'aurait pu faire machine arrière sur cet aspect fondamental de la constitution Sud-Africaine! Comment les anciens partis afrikaners auraient pu refaire apparaître de telles lois, sachant que les blancs sont en minorité? Impossible, et ce malgré le débat idéologique profond que cela a créé dans leurs partis respectifs. De ce point de vue en tout cas, Mandela fut tout à fait respectable, et surtout impressionnant de charisme pour empêcher une véritable guerre civile.
Etait-il si parfait qu'il mérite vraiment sa stature d'homme exceptionnel, voire de demi-dieu? je ne suis pas dans les confidences de son entourage, pas plus que cela m'intéresse réellement. Il a le mérite déjà bien gigantesque d'avoir représenté pour tous les peuples du monde une preuve que le pardon, le bon sens politique, et surtout le pragmatisme peuvent tout à fait faire progresser une nation. On retiendra forcément de lui ce visage souriant, ce bonhomme maigre, presque chétif, mais avec un regard et une présence hors du commun. Quelque-part, il me fait songer à Gandhi, avec cette étincelle indéfinissable qui en a fait une légende. Maintenant, si l'on regarde l'Afrique du sud dans le fond des yeux, on y voit malheureusement bien des choses peu agréables. Economiquement, le pays n'a pas encore réussi à offrir aux noirs une place décente, au titre que les grands propriétaires restent encore des blancs, parce que les ghettos existent encore, parce que la corruption et la violence sont des choses communes, et surtout parce que la liberté, bien qu'acquise pour les urnes, reste encore relative quand il s'agit d'éduction, de salaire, bref de niveau de vie et de chance. L'Afrique du sud a fait un pas de géant moral, mais un tout petit pas social.
Je souhaite aux héritiers politiques de Mandela de comprendre ses pensées, d'avancer, de ne pas s'en servir ni comme alibi ni comme icône, mais uniquement comme inspiration perpétuelle pour trouver une voie du progrès pour de pays pourtant magnifique. Les gens meurent, pas leurs idées. Les choses peuvent changer si ces idées se perpétuent et finissent par s'appliquer. Je faisais un parallèle avec Gandhi. Ironiquement, l'un comme l'autre ont vu leur pays reprendre son destin en main, et l'un comme l'autre ont vu que bien des choses restent et résistent, malheureusement, au travail d'amélioration. Mandela a sûrement vu et perçu que le sort des noirs prendrait du temps à s'améliorer, tout comme Gandhi a vu et compris la résistance que pouvait représenter les vieilles traditions et l'organisation sociale en castes. Au paradis, de quoi parleraient-ils ces deux là?
- Mahatma Gandhi: Dis Nelson, tu crois qu'ils comprendront un jour qu'on doit tous vivre ensemble?
- Nelson Mandela: J'espère bien! On n'a pas subi tout ça pour finalement les voir continuer à oublier que nous sommes tous frères.
- MG: Je crois surtout qu'ils ne veulent pas comprendre, parce que changer c'est bien plus douloureux que de stagner.
- NM: Je sais bien... mais après tout, si l'on commence à se désespérer de l'Homme, cela veut dire qu'on se serait battus pour rien? Tu ne crois pas qu'on devrait plutôt continuer à espérer, quitte à être perpétuellement déçus?
- MG: Tu as raison, on a toute une éternité pour voir notre espoir se réaliser!
- NM: On trinque? Ah non, j'oubliais, ascète...
- MG: C'est bon hein, quand on n'a plus les besoins terrestres, ça n'a plus de sens de se priver! Santé!
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