06 janvier 2011

Aspirateur

Ah, l’invention du siècle dernier ! Machine démoniaque, je te hais, je te maudis, je ne sais pas quel esprit pervers a eu le malheur de te mettre en œuvre, c’est certainement sorti d’un esprit malade et sadique ! Je ne vois pas comment un être humain un tant soit peu raisonnable a pu pondre une telle abomination, parce que, honnêtement, l’aspirateur est forcément l’ennemi du genre humain. Vous ne me croyez pas ? Derrière son aspect anodin, sa bonne bouille de machine pratique et reine du nettoyage se cache un monstre vicieux qui n’hésite pas à faire de votre vie un enfer. Allons disséquer l’existence de ce bidule, histoire de comprendre pourquoi je la vois comme une invention du Malin.

Tout d’abord, rappelons les faits : un aspirateur, c’est un machin conçu pour provoquer une aspiration sur toute surface à peu près plane pour l’en débarrasser de tous les débris et poussières qui envahissent notre quotidien. Fort de ce principe, l’aspirateur est donc l’allié de la propreté, de l’hygiène, mais également de l’esthétique en permettant temporairement de se vanter en déclarant, en bon être humain orgueilleux que « Ah, là, c’est propre ! ». Ben voyons… Foutue machine ! Il doit forcément y avoir un vice de conception quelque part, ne serait-ce que dans la gestion de la puissance. Un aspirateur, ça ne sait fonctionner que de deux manières : mode « aspire que dalle en faisant un boucan d’enfer », et mode « Décolle la moquette en faisant encore plus de barouf ». Super : si vous avez besoin de déposer le revêtement de sol, pourquoi pas, mais sinon, ne comptez surtout par sur votre assesseur ménager pour se rendre utile. Notez qu’au surplus, il s’acquittera mal de sa tâche dans un bruit digne des plus grandes cacophonies mécaniques. A croire que ce sont les mêmes qui conçoivent les échappements des mobylettes crèves tympans et les motorisations de ces démons à roulettes que sont les aspirateurs !

Mais là, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg d’horreurs que vous promettent ces engins. Avec l’acharnement typique de l’homme moderne, nous tentons de mettre au point des solutions innovantes : avec sac, sans sac, aspirant tant les liquides que les solides, moins encombrants, et j’en passe. Dans tous les cas, relevez une bonne plaisanterie de mauvais goût : quand c’est avez sac, vous tomberez tôt ou tard en panne de sacs neufs, ou alors votre distributeur favori sera infoutu de vous trouver la référence qui convient. Sans sac, le bas à poussière finira, lui aussi, par être bien sale, et nécessitera un entretien peu ragoûtant. Parce qu’il faut se souvenir qu’un aspirateur n’est pas un digesteur : il accumule vos détritus, mais il ne les fait pas disparaître. Donc, question opération malsaine, vive la gestion des résidus ! Là, les deux écoles s’opposent : avec le sac, vous aurez toutes les chances qu’il se crève sous le poids de votre besogne, vous intimant alors directement l’obligation de refaire tout ce pénible boulot, et de l’autre vous devrez verser le contenu du bac qui, bien entendu, se révèlera pénible tant à manipuler qu’à vider sans en verser la moitié à côté de la poubelle. Quand je vous dis que le type qui a inventé ce machin est un pervers !

Au-delà de ces considérations, notez également que l’aspirateur a un don des plus pénible : aspirer ce qu’il n’est clairement pas supposé embarquer. Soyez aux abois, attendez vous au pire. Au mieux, il engloutira une pièce tombée par hasard de votre poche, au pire il ingurgitera un chiffon pour donc risquer de mourir étouffé, moteur grillé par l’excès d’effort. C’est atroce : l’aspirateur tire, tire encore, hurlant sa colère, braillant sa frustration de n’avoir pas totalement ingéré le corps étranger, et vous, penaud, vous tenterez un duel atroce entre vous et le tube. Relevez également que même si vous avez le bon réflexe de couper le contact, vous aurez deux alternatives : soit l’objet sera dans le sac, auquel cas vous serez bon pour le criblage des détritus (peut ragoûtant n’est-ce pas ?), soit il se sera gentiment bloqué dans le tube, à votre grand désespoir. Hé oui, l’ingénieur sadique est encore passé par là, puisque le tout est construit de manière non linéaire ! Tube souple, coudes en bout de manche, zones non démontables, tout est bon pour vous faire peiner dans votre vaine quête de la « foutue chaussette que ce con d’aspiro a bouffé ! ».

Et enfin, l’aspirateur, quand il devient vieux, se fait un ennemi insidieux. De sa vieille poussière il fait une odeur nauséabonde de vieux grenier moisi, de son moteur fatigué il donnera des quintes de toux à travers ses filtres souillés, et enfin, il laissera le tapis sans l’avoir même un tant soit peu nettoyé, tout en ayant prétendu à l’effort dans son hurlement classique de monstre électrique. Ne luttez pas : l’aspirateur est un ennemi !

1 commentaire:

Voluta a dit…

Pierre Desproges - Les cintres
http://www.youtube.com/watch?v=TJwWN0n_Tec