07 janvier 2011

Cobra

Pour celles et ceux qui n’ont plus vingt ans, le nom Cobra peut évoquer énormément de choses en dehors du serpent bien connu en Inde : un film avec Sylvester Stallone (qui d’ailleurs n’est pas un film mémorable), et une série de dessins animés japonais diffusée dans les années 80 en France. Personnage truculent, drôle, bourré de principes, Cobra s’est révélé être un héros franchement atypique dans le paysage des dessins animés de mon enfance. Aujourd’hui culte, il n’en reste pas moins un OVNI franchement inabordable pour l’enfant que je fus, et ceci à plusieurs titres.

Tout d’abord, souvenons nous un peu de l’histoire. Pirate spatial, Cobra a décidé de changer de visage et de refaire sa vie de manière pacifique pour se faire oublier tant de la police, que d’une méga corporation nommée « les pirates de l’espace ». Suite à un enchaînement d’évènements, Cobra revient donc dans le monde des hors-la-loi errant à travers l’univers. Toujours accompagné d’une femme robot nommée Armanoïde, la série relate donc ses aventures sur différentes planètes, avec plusieurs fils rouges différents. Ce qui le rend très différent des autres personnages « héroïques », Cobra est avant tout un homme intéressé par ses propres intérêts, mais qui a une notion de la justice suffisamment séduisante pour qu’on lui pardonne certains de ses excès. On découvre rapidement que l’homme a dans le bras un laser nommé Psychogun (ou rayon Delta en français) qui tire sa puissance de la force de caractère de son utilisateur. Meilleur expert du rayon delta dans l’univers, il est si doué qu’il arrive à lui faire prendre des trajectoires courbes. De plus, Cobra est d’une résistance surhumaine, survivant à des supplices qui auraient mis fin à la vie de n’importe quel être humain ordinaire.

Qu’est-ce qui le rend si extraordinaire ? C’est sa nonchalance permanente. Loin de se faire du souci, il vogue d’aventure en aventure sans vraiment se soucier de quoi que ce soit, quitte à se retrouver dans les pires ennuis. Il affectionne tout particulièrement les femmes, chose qui d’ailleurs lui joue constamment des tours. Sauveur de ces dames, il joue donc sa vie pour sauver celle d’une femme, pourvu qu’elle soit jolie. Toutefois, son sens aigu de l’honneur le fera également intervenir pour des amis, voire même à pratiquer la vengeance en mémoire de femmes qu’il a vu mourir. Ce mélange entre la séduction permanente et son côté droit fait de Cobra un être réellement difficile à cerner, à tel point que même ses plus proches amis ne savent que très peu de choses sur lui. Toujours est-il qu’il n’éprouve jamais le besoin de se replier sur lui-même, et qu’il n’est finalement qu’en quête permanente d’aventures (qu’elles soient féminines ou financières). Ce côté séducteur n’est vraiment pas fait pour les enfants, alors que la cible mal identifiée fut justement les enfants en France ! Le plus étrange, c’est que les censeurs sont passés clairement à côté d’énormément de choses, comme des allusions aux plaisirs de la chair, les femmes dénudées (bien que cela apparaisse comme la mode vestimentaire), tout comme le fait que Cobra ait en permanence un cigare en bouche. Pardessus le marché, l’homme ne se refuse pas un bon verre de temps en temps, ce qui ajoute encore au trouble pour le môme que j’étais à l’époque.

D’un point de vue esthétique, le créateur de la série a fait de Cobra une sorte de pendant animé de Jean Paul Belmondo (c’est ce qu’il affirme lui-même !) car, en effet, Cobra est très proche d’un Bébel de la grande époque : blond ébouriffé, musclé, athlétique, souvent hilare pour un rien, plaisantant même avec ses adversaires, les similitudes sont assez nombreuses. Côté femmes, c’est l’orgie : belles, séduisantes, rarement potiches, mais souvent légèrement vêtues, elles sont le centre même des histoires de Cobra, à tel point qu’on peut se demander si la série n’a pas servi d’exutoire à ses dessinateurs ! Et puis la musique (japonaise originale, bien sûr) s’avère entraînante, très bien composée, et surtout marquante. Est-ce daté ? Pas tant que ça, bien qu’on puisse voir le grain usé de l’enregistrement. La version française n’est pas si mauvaise que ça pour une fois, à l’exception du générique qui, bien que mythique, se révèle être bien meilleur en version originale. Dommage.

Cobra ? J’adore. Ce type est un cinglé, qui a de l’humour à revendre, et bien que cavalier dans sa façon d’être, se révèle être un personnage au grand cœur. Je vous le conseille, même s’il faut passer le cap du graphisme un peu daté.

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