05 octobre 2010

Bricolage

Ce fléau est devenu le quotidien des habitants des immeubles. Qui n’a pas maudit son voisin qui fait joujou avec sa nouvelle perceuse ? Qui n’a pas eu envie de pendre la nouvelle locataire qui n’arrête pas de modifier son installation intérieure… à des heures impossibles ? Il m’arrive de me dire que certains doivent avoir des logements qui ressemblent à ces jeux pour enfants, ceux où vous reliez les points par numéro, rien que pour voir apparaître un dessin, les trous de perçage remplaçant avantageusement les dits points. Et tout y passe : pose de papier peint, peinture, installation électrique, plomberie, le commun des mortels s’attaque dorénavant à tout, tant qu’à faire n’importe comment.

Ah, les doux vendeurs des magasins de bricolage ! J’adore les voir faire les malins avec le béotien, en utilisant des termes à la pelle de sorte à le déstabiliser, puis en lui casant une perceuse, une tronçonneuse, ou pire encore, le dernier outil à la mode et qui ne sert en fait jamais. C’est grandiose, parce que le client, lui, ressort de sa grande surface avec son caddie qui dégueule de marchandise, avec la conviction qu’il saura palier son manque de talent par l’excès d’outillage. Pauvre fou convaincu par le discours formaté digne des meilleurs camelots ! Savoir bricoler, ce n’est pas posséder la dernière « scie sauteuse pendulaire double action à vitesse variable sans fil qui a l’aspirateur et le GPS intégré ». Hé non ! Savoir bricoler, c’est avant tout avoir des fondamentaux dans le domaine auquel on s’attaque, puis ensuite faire preuve de débrouillardise, parce qu’en fait, ce qui est normalisé, ce sont les normes, pas le résultat final.

Nous en avons tous un dans notre entourage, la bête curieuse, le tordu qui pense que le métier de tapissier est une plaisanterie, que celui d’électricien se borne à coller des dominos sur les fils dénudés. Il va vous faire une dithyrambe sur son parquet qu’il a posé tout seul, sur la façon dont il a réussi à réparer son évier, ou encore sur la dernière pâte à souder à froid qui fait des miracles et que même la NASA s’en sert (remarque authentique !). Je les adore, surtout quand ils se lancent dans des dépenses, et qu’ils vous sortent avec fierté le super gadget digne d’un film de James Bond. Grand moment qui m’a marqué : le cutter multifonction. Cette « cochonnerie » (oui, je sais être poli et me censurer) est supposée se substituer à tous les outils tranchants du monde. Dans l’esprit, pourquoi pas, d’autant que tout artisan a connu au moins une fois le coup de l’outil manquant laissé sur l’établi la veille au soir, et dont il a besoin dans l’instant. Malheureusement, grosse déception : déjà, trouver des lames pour la bête revient à chercher un reliquaire sacré, et qu’en cas de miracle, les dites lames valent le prix… d’un cutter ordinaire, et d’une bonne dizaine de paquets de lames standard. Magnifique le bidule, non ?

Et là, c’est l’outillage. Maintenant, ne regardez jamais le papier peint chez vos amis, et encore moins la peinture. Ayant bossé moi-même dans le domaine, je dois dire qu’on me sollicite pour avaliser le résultat. Quel résultat ! Entre le médiocre (qui n’est pas si mal pour des amateurs) et l’infâme, il est rare de voir un travail suffisamment soigneux pour mériter les éloges. Le malheur est qu’ils se sont donnés du mal les bougres ! Un conseil : ne remarquez jamais les défauts, jouez les candides, fuyez le terrain comme une zone minée, parce que sinon vous aurez le droit à l’aigreur des ouvriers du dimanche matin. Félicitez les, voire osez le mensonge de circonstance ! La phrase passe-partout est « pas mal du tout ! », puis invitez les à boire l’apéritif. Je sais, c’est lâche, mais c’est le prix à payer pour garder des amis. Notez qu’au surplus, votre pire torture sera qu’on va vous demander si les couleurs sont bien assorties. Alors là, fermez la, taisez vous, quitte à vous mordre la langue. Bien souvent, vous n’aimez pas les couleurs en question, ce qui est une question de goût, mais en plus leur agencement sera si insupportable à votre rétine que contenir un « beurk » sonore sera un supplice. Encore une fois, fuyez, demandez le chemin des toilettes, et donnez vous le temps de faire retomber le soufflé.

Côté peinture, à la limite, c’est encore tolérable, mais quand il s’agit de domaines comme la plomberie ou l’électricité, surtout ne vous en mêlez sous aucun prétexte. Pourquoi ? Parce que les appartements et les maisons sont comme les sacs remplis de pelotes de laine : vous tirez sur un fil et c’est tout le sac emmêlé qui vient avec. Depuis les malfaçons d’origine, jusqu’aux bricolages dangereux des différents résidents successifs, vous avez généralement devant vous une platée de nouilles multicolore, où trouver le début de la fin revient généralement à apprendre, à vos dépends, que le courant domestique, ça pique méchamment. C’est impressionnant : combien de fois j’ai pu entendre « je ne comprends pas trop comment ça marche, j’appuie ce bouton ça s’allume, j’appuie celui-là ça s’éteint, mais si j’appuie sur le premier, ça ne s’allume plus ». Ca ? C’est ce qu’on appelle un interrupteur va-et-vient, et bien entendu, quand notre bidouilleur a remplacé le vieux qui marche, il l’a remplacé par un qui n’est pas de ce type, tout en ne s’inquiétant pas le moins du monde qu’un fil n’est plus connecté. Magique hein ? J’hésite entre l’agacement et l’hilarité, et bien souvent je préfère me contenter de dire « tiens, tu devrais vérifier l’ancien et le comparer au nouveau ». Pour la plomberie, même combat. Laisser approcher un chalumeau par un bricoleur, c’est comme donner une grenade défensive à un marmot : il ne saura pas vraiment s’en servir, mais saura très bien comment se blesser avec. Et je ne parle même pas des travaux comme le montage de meubles aux murs (qui finissent dans le mois au sol, avec la vaisselle bien évidemment), la pose de carrelage, ou, suprême rigolade, la pose de revêtement de sol. Tiens, très important de rappeler un fondamental avec la moquette : c’est vendu en 4 mètres de large, et l’on prend les mesure dans la longueur. Typiquement, on obtient des bouts de 4X3, et l’on paie la totalité de la surface. Vous voulez d’un seul tenant, ou bien un puzzle innommable ? Le radin aura la réponse : ni l’un ni l’autre, quand il aura constaté que recomposer un sol avec des bouts de moquette, c’est comme recoller de la porcelaine : ça ne marche pas.

Et enfin, il y a les deux pires personnages du bricolage : la dinde de la téloche qui vous fait croire que c’est facile de bricoler, et le pignouf qui vient chez vous, vous explique comment faire, et qui vous sabote le boulot dès qu’il met les mains dedans. Un conseil avisé ? Faites par vous-même, et si vous ne savez pas faire, assurez vous de prendre soit un professionnel, soit quelqu’un pouvant démontrer ses compétences. Les autres, laissez les sur le pas de la porte, surtout pendant le chantier. Je vous dis ça, mais si vous voulez des étagères penchant d’un côté, une robinetterie qui disputerait à Versailles la beauté de ses fontaines, ou encore une peinture hésitant entre le barbouillage d’un enfant en bas âge, et l’œuvre contemporaine d’un peintre incompris, vous savez à qui vous adresser. Et j’oubliais : ne me demandez surtout pas de vous conseiller ni de vous aider. Pourquoi ? Parce qu’il est hors de question que je devienne, l’espace d’un instant, le responsables de VOS choix. Ben quoi ? Vous me payez pour ça ? Non ? Alors pourquoi je prendrais la moindre responsabilité ?

En deux mots : démerdez vous !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ptdrrr
en effet tout y passe !
suis d'accord cela dit, pas besoin d'outils dernier cris, on peut tout faire avec un tournevis, sauf si c'est Cyril qui le tient, là ça devient très vite...dangereux
et je te passe les plans crédence murale que tu te porte seule à cheval sur les meubles montés et collés l'heure d'avant et qui, fatalement, fini par t'attérir...sur la tronche !
on peut également parlé des brico "professionnels" qui savent tout faire, vous donne maintes consignes, que nous suivons, nous pauv débutant, pour finalement nous faire tout démarrer de travers et après 5h de taf, pfiouu..évaporés, plus personne même sur leur répondeur ! oui je sais ça sent le vécu ! mdrr
cela dit j'ajouterais une chose : après avoir inspecté dans tous les recoins la cuisine, et bien qu'il y ait de multiples inperfections je le concède sans souci, les meubles sont toujours à leur place. la preuve qu'avec un peu de coeur à l'ouvrage, et un peu non bcp d'huile de coude, à coeur vaillant rien n'est impossible !
la cuisine est ce qu'elle est mais c'est la nôtre et rien que pour ça, elle vaut bien tte les cuisines de la dinde !
moralité à cette histoire : Liline restera à jamais copine avec le cuisiniste de lery merlin
et puis les femmes, oui vous les femmes, il a raison le tit fred, avec deux doigts de débrouillardise, n'attendez plus vos chers et tendres pour prendre les tournevis ! :)