04 août 2010

Revanche de la nature

Contrairement au fantasme communément présent dans les esprits féconds des dictateurs et autres despotes, la nature ne se plie jamais totalement aux désirs de l’homme. En effet, les colosses de béton, les géants d’acier, les titans de pierre finissent tous, tôt ou tard, par fléchir sous l’impact de mère Nature. Ainsi, notre orgueil aussi démesuré que mal placé, finit toujours par être étouffé sous le lierre et la rouille. Une bien belle idée, notamment quand il s’agit de notre soif insatiable de détruire le naturel au profit de l’artificiel.

Regardez donc ces géants des mers, ces navires prétentieux qui, du haut de leurs milliers de tonnes de tôles soudées, prétendent à l’immortalité ! Tous finissent rouillés, rongés par le sel, littéralement squattés par des millions de mollusques, et finalement, cèdent sous ces assauts pour finir découpés en Inde, ou bien coulés, brisés par les éléments. Et dire que les grands pays supposent ces engins invulnérables… Lamentable bilan, quand on sait qu’en moyenne trois ou quatre décennies suffisent à réduire en poussière ces machines, et ce malgré tous les soins qu’on apporte à leur entretien. La peinture ? Quelques années de répit. Le grattage des organismes vivants ? Quelques semaines suffisent pour que la faune reprenne ses droits. Et là, je parle de machines énormes, dont la taille démentielle ferait frémir tout homme, alors que dire de ces voitures qui, une fois traitées à coup d’abandon en forêt, de neige, de pluie, de ronces, et même d’arbres, finissent en lambeau en un demi siècle ? Cela a quelque chose de poétique : le fer pris à la terre avec violence, qui revient à la terre lentement, au rythme des saisons…

Et le béton n’est pas étranger à cela. Les villes, aussi résistantes qu’elles semblent être, seraient rapidement rongées par les mauvaises herbes et les plantes grimpantes, et ce sous toutes les latitudes ! Nous nous acharnons à nous en débarrasser, payant traitements chimiques et jardiniers pour conserver l’immaculée horreur du gris des façades urbaines. La nature, elle, se moque de nos envies et autres désirs ridicules. La Vie se fout de nos habitats en dur, elle les sape aussi sûrement qu’une inondation réduit une maison à néant en quelques minutes. Il y a des milliers de photographies sur Internet qui démontrent la force du temps sur les choses. Une des plus remarquables séries de clichés se trouvent sur le site ci-dessous : allez dessus, et observez une île Japonaise à l’abandon. Stupéfiant, effrayant, et fascinant à la fois, surtout pour constater à quel point notre acharnement à bétonner est vain. Et maintenant, qui osera se charger de rendre à cette île un visage plus présentable ? Personne hélas.

L'île d'Hashima (Japon) en photos (site en Anglais)

Les lierres aiment les murs. Cette plante adore grimper, comme dans un désir fou de prouver aux humains que ce qu’ils construisent n’est rien de plus que des vivariums, et non des lieux où la Vie perdure. Les grands temples, les villes oubliées d’Amérique du sud furent découvertes sous la jungle, abandonnés de l’homme depuis des siècles. Heureusement que la pierre a un comportement des plus stoïque, puisque c’est une matière totalement naturelle. Ainsi, la jungle a repris ses droits sur nos zones temporairement exploitées à outrance, et l’on peut dire que le Machu Pitcchu n’est plus une ville, mais un sanctuaire du passé dédié à la Vie végétale et animale. Encore une fois, notre grandeur est donc vaine, et sans défense… Et dans le même ordre d’idée, pour ceux qui parleraient des pyramides d’Egypte, qu’ils n’oublient pas qu’il y a probablement des cités entières qui sont, aujourd’hui encore, sous le sable du désert, inaccessibles à jamais, et sans cesse recherchées par les chasseurs de trésors et autres archéologues.

Je trouve réellement stupéfiant le travail de la nature sur les choses oubliées. La rouille, l’effondrement progressif de ce qui faisait notre orgueil, la déchéance des symboles déjà oubliés, la nature trace alors dans nos idées des dessins et arabesques étranges. Voici quelques liens vers des séries de photographies qui expliquent bien mieux le propos que je ne le ferai jamais.

Visionnez, admirez la Nature reprenant ses droits… Moi, j’aime !
Les monstres de Lopatino (Mine de Russie, où des machines gigantesques sont aujourd'hui abandonnées)
Un parc d'attraction abandonné, en Corée du Sud
Des navires naufragés, échoués, de par le monde
Exploration urbaine, et la déchéance de notre modernité
Tout ceci sur le même site (en Anglais): Dark roasted Blend!

1 commentaire:

Eathanor a dit…

Content de te relire depuis quelques jours. Merci pour la découverte de ce site "Dark roasted Blend" que je ne connaissais pas et qui est simplement magnifique.