05 août 2010

Le monde, en progrès ?

Je ne parle pas du journal homonyme, je songe à notre monde, celui où nous vivons, notre chère à tous. C’est en regardant avec dédain l’actualité, à travers l’objectif réducteur d’une chaîne de grande diffusion, que je me suis rendu compte à quel point nous utilisons l’écologie comme support à nos frayeurs, ainsi qu’aux nouvelles niches économiques. Songez donc : plus aucun évènement n’est traité sans un volet « vert », plus aucune crise n’est séparée d’un aspect écolo. Fondamentalement, je dirais qu’il était évidemment nécessaire de protéger notre nature, notre environnement, mais que là, honnêtement, il s’agit bêtement et méchamment de business (comme disent les bouffeurs de gelée et les mâcheurs de hamburgers).

Prenons quelques informations notables : les incendies en Russie, le puit de pétrole aux USA, et les vacances. Pour le premier de ces faits d’actualité, il est logique de se préoccuper des dégâts faits à la nature, ainsi qu’aux morts dans les flammes. Naturellement (si j’ose dire), on a le droit aux images d’un Moscou enfumé, crasseux, croulant sous la chaleur et la suie. Pour cet incident, je peux encore plus ou moins comprendre que les aspects écologiques soient pris en compte, mais, honnêtement, cela ne devrait pas être fait après la maîtrise des feux ? Je dis ça comme ça, moi, mais, pour le moment, il me semble que ces incendies sont loin d’être éliminés, et qu’ils continuent à ronger rapidement les forêts Russes dans de nombreuses régions. Qui plus est, la météo ne semble pas prompte à aider les pompiers, loin s’en faut : canicule et sécheresse, vents violents, tout pour maintenir la situation dans un état dramatique. Alors, au lieu de se préoccuper des hectares déjà rongés, préoccupons nous de savoir ce qui peut encore l’être, non ?
Le cas BP avec son fameux puit cassé est encore plus préoccupant. Non seulement la marée noire induite par ce désastre est soit minimisée, soit au contraire dramatisée, mais pardessus le marché cette situation permet de vanter les compétences de l’entreprise qui, justement, en est responsable ! BP se targue d’être parvenue à endiguer le flux de brut, et actuellement d’opérer, à grande profondeur, au colmatage définitif du puit. Ils ne manquent pas d’audace : se vanter d’être parvenus à réparer… leurs conneries. Ce serait comme si un gosse, ayant cassé un vase, affirmerait « Pas grave, j’ai quand même vachement bien balayé les bouts, hein maman ? ». Comme on le dit vulgairement : « Ne vous foutez pas de nos gueules ». Un désastre écologique n’est pas une occasion de se faire de la bonne publicité. Un, on fait amende honorable. Deux, on répare sa connerie. Trois, on prend le maximum de mesures pour éviter que cela se reproduise. Là ? C’est le cas d’école du « green washing », qui correspond à une communication sur des produits salissants, mais rendue plus tolérable grâce au lavage à l’aide de thèses écolos. A vomir.
Enfin, les vacances. Ah, c’est qu’il en faut des vacanciers sur les plages, pour venir y larguer des tonnes de détritus, d’objets perdus, de bouteilles abandonnées en mer, ou qui dégazent leurs gros navires bien planqués, dans les calanques… Ca fait marcher les restaurants et les hôtels, ça se prend quelques prunes bienvenues dans les caisses des localités, et puis, au fond, ça se ramasse bien, les déchets, aux frais des contribuables ! Ajoutez le risible acharnement des médias à nous vendre leur soupe écolo, et vous obtenez des pseudo reportages qui rappellent qu’il faut jeter les détritus dans les poubelles, que le toutou n’a pas faire sa crotte sur le trottoir, et qu’on ne balance pas son vieux canapé en pleine forêt. Parce que ce n’était pas des évidences, tout ça !? Si les Français sont infoutus de ce bon sens, alors ni la propagande d’état, ni les amendes, n’auront raison de nos comportements infects. Ceci dit, cela offre un support publicitaire des plus efficaces pour les gammes dites « bio », les « éco emballages » et j’en passe. Fumisteries de distributeurs, car, oui, la barquette est en alu recyclé, tout comme le carton qui l’entoure, mais pourquoi diable y a-t-il plus de poids de déchets que de nourriture emballée dedans ? J’ai dû rater un épisode, moi.

Nous ne progressons que peu. Nous avons multiplié le volume de nos déchets. Nous avons multiplié le nombre de voitures en circulation. Nous avons multiplié le nombre de polluants que nous utilisons au quotidien. Nous avons multipliée la consommation d’électricité par habitant. Et pourtant, nous n’arrivons toujours pas à comprendre que l’immense majorité de cette surconsommation est non seulement vaine, mais avant tout suicidaire. N’écoutez pas les pouvoirs publics, écoutez votre cœur : est-ce tolérable, une canette dans une magnifique forêt ? Est-ce acceptable un sac de supermarché au milieu d’un lac ? Est-ce joli, une bouteille de bière coulée dans la mer ? Est-ce si plaisant, cette masse gluante et puante au sortir des estuaires industriels ? Non. Vous le savez bien, alors faisons tous un effort. Fuyez le suremballage, revenez sur les marchés pour acheter des produits frais, et surtout, surtout, pratiquez le bon sens. On ne laisse pas une ampoule éclairer pour faire joli, on l’utilise… pour s’éclairer, donc ponctuellement. On n’utilise pas la climatisation en permanence, on l’enclenche qu’en cas de réelle grosse chaleur. On ne chauffe pas à outrance, on ne chauffe que le nécessaire. On achète ce dont on a besoin, pas deux fois trop pour en jeter le reste après péremption. Et enfin, on se fend de faire de temps en temps la cuisine, parce que c’est bon, sain, et souvent moins cher !

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