28 mai 2010

Répugnance

Il y a des thèmes que je répugne à aborder, comme par exemple celui des racistes. En effet, parler de ces gens là, c’est déjà leur faire une presse, et leur accorder plus d’importance qu’ils ne devraient avoir. Pourtant, dans un monde où la différence est la norme, le raciste a encore son mot à dire, à tel point que ceux qui se disent agressés se servent du prétexte raciste comme point de défense. Evidemment, c’est alors la joute médiatique, entre la communauté se déclarant offusquée, et celui qui, d’une certaine manière, va se dire alors stigmatisé pour ses arguments de défense.

Stigmatisé. Tiens donc, en voilà un mot à la con sorti de son contexte et utilisé à tort et à travers ! Déjà, un stigmate, vous savez ce que c’est ? C’est une marque, quelque chose qui apparaît pour rappeler un évènement. Typiquement, un stigmate connu est celui des mains qui saignent, comme supposément celles de Jésus sur la croix. Vous trouvez qu’on crucifie qui que ce soit à la télévision ? Déjà, crucifier n’est plus autorisé par la loi, et de plus le faire est considéré comme un acte de barbarie. Là, j’entends le couineur du fond de la classe qui braille à qui veut l’entendre « stigmatisé par les mots, systématiquement mis en avant comme étant coupable ». Comme c’est original : ça revendique sa différence, mais quand on lui fait remarquer qu’il y a une différence entre culture et hégémonie, paf ça donne du stigmate. Amusant quand cela sort de la bouche d’un débile profond pensant que l’islam est une méthode pour réduire à la femme à l’état d’objet. Abruti…

Revenons à nos racistes. Ce n’est pas tant la forme que le fond qui me fait hésiter à en parler. Malheureusement pour nous tous, nombre de choses qu’ils affirment ne sont pas dénuées de sens, et c’en est même désagréable. La preuve ? Tout le monde ou presque vomit sur le FN, mais en applique les idées et même les propositions de lois, le tout sous couvert de bonne conscience nationale. Alors qui est à vomir ? Le militant FN, ou celui qui en pique les idées ? Bien sûr, bien des choses donnent la nausée : les reconduites aux frontières, l’usage de la brutalité, les ratonnades, les propos ouvertement racistes dans le média… Mais c’est aussi oublier le pendant bien pensant qui est tout autant nauséabond ! Tenez, une petite liste : le quota de minorités dans le cinéma (le bon « noir » débonnaire et toujours sympa), la promotion des minorités par le truchement de lois aussi inutiles qu’absurdes, ou encore la mise en avant de la différence avant même de parler de la compétence. De ce fait, aider devient alors « stigmatiser », comme aiment à le dire les idiots du jeu médiatique.

Tout est bon pour se faire une place sur le devant de la scène : jouer les outranciers, quitte à finir au tribunal, tenir des propos incohérents au point d’en devenir ridicule, ou, fin du fin, jouer sur le terrain des débats d’idées où il y aura nécessairement polémique. Comme je l’ai déjà martelé à maintes reprises, ce n’est pas en prétextant le passé qu’on fait avancer le présent, et encore moins que l’on s’offre un avenir meilleur. J’attends avec fébrilité le jour où les chrétiens argueront des massacres des saints dans les arènes pour éclater de rire de bon cœur. Quoi ? Cela vous semble débile ? Et se mettre en lumière à travers les crimes nazis, ou l’esclavage, n’est-ce pas aussi puant ? J’ai du mal à saisir l’intérêt de se dire ainsi « victime », alors que les générations passent et effacent les derniers survivants. A ce titre, cela ne fait qu’alimenter la rancœur de celles et ceux qui ne se voient plus représentés qu’en criminels potentiels. Au surplus, le raciste dira « Je n’ai pas gazé de juifs, mais s’ils se comportaient déjà comme ça à l’époque… ». Hé oui : soyez abrutis, vous ferez le jeu d’autres abrutis du même niveau intellectuel.

C’est pour cela que ces débats me donnent finalement des hauts le cœur. Ils sont tous teintés d’opinions au mieux malsaines, au pire franchement dangereuses. Et moi ? Chaque jour (comme le dit Gilles Servat), je lutte contre l’hydre du fascisme. Parfois elle gagne, souvent je la tue avec la fierté d’avoir résisté à la facilité. Je ne suis pas exempt de l’envie de tenir des propos aussi dégueulasses que les racistes les plus primaires (pléonasme), mais, au quotidien, je m’acharne à ne pas céder à la tentation. Allez, soyez francs : vous n’avez jamais prononcé les mots tels que « négro », « bougnoule », ou encore « youpin » ? Si ? Vous êtes racistes ? Non ? Alors ne laissez pas vous empêtrer dans ces discussions sans intérêt, et rappelez à ces crétins que la différence est le fondement même de la nature et de l’humanité, puis, avec l’élégance indispensable aux grands esprits, quittez les lieux avec dignité.

Ou faites comme moi : poussez le raciste dans ses derniers retranchements, et amusez vous à le voir s’énerver et se pourrir l’estomac par son aigreur par trop refoulée au quotidien !

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