31 mars 2010

Ours Russe

Encore une fois, l’actualité rattrape le monde et nous signifie en substance le message suivant : nul n’est réellement à l’abri des actions terroristes. Acte barbare s’il en est, l’usage de l’attentat à la bombe est une ignominie, notamment quand il s’agit de s’attaquer à des civils. Autant les militaires sont les garants d’une politique, autant les civils ne sont qu’une masse qui peut tout autant subir le joug d’une dictature, que ceux qui agissent contre. De ce fait, je ne peux que constater avec horreur que la méthode du suicide par les explosifs aura encore de beaux jours devant elle, tant elle a d’impact sur les gouvernements « faibles ». Observez donc la crainte que vit au quotidien un état comme la France, surtout eu égard à la politique internationale laxiste de nos gouvernants. Il ne s’agit pas là d’une critique directe à l’encontre de notre président, mais contre trois décennies de laisser aller, d’obscurantisme politique. N’a-t-on pas hébergé Khomeiny en France dans les années 80 ? N’est-on pas coupables d’avoir été trop permissifs avec ces mouvements radicaux ?

La Russie, elle, subit quelque chose que nous, Français, ne pouvons pas connaître. Les républiques telles que la Tchétchénie ou le Daguestan étaient des territoires de l’URSS. De ce fait, à l’éclatement de l’Union Soviétique, la multitude de nations nées à ce moment chercha à se stabiliser, ceci d’un point de vue surtout économique. Exsangue, l’union n’assumait plus son rôle fédérateur, laissant donc à l’abandon des populations entières livrées à leur sort, et donc à la soumission soit à des mafias, soit à des mouvances nationalistes souvent radicales. Dans ces conditions, l’islam radical déjà bien présent, ainsi qu’une démission totale des forces de sécurité (policiers plus payés, armée sans pouvoir ni même financement, gouvernants corrompus ou impuissants à contrôler ces régions) ne pouvaient que mener à l’apparition de séparatismes teintés par une idéologie religieuse des plus inquiétantes.

Pour une majorité de gens, cette radicalisation n’aura été que souffrance, soumission et pauvreté accrue. Avec l’échec de Eltsine à remettre le pays sur les rails d’une économie raisonnée, les ex républiques Soviétiques n’ont pas toutes abordées la fin du communisme avec la même efficacité : chômage, radicalisation des opinions, marché noir… bref, l’émergence d’une idée où le Russe (au sens citoyen du terme) serait l’ennemi, et Moscou l’oppresseur qui n’a fait que changer d’étiquette. Résultat ? Revendications, manifestations, violences urbaines, menant à la répression armée, et donc au terrorisme. Le cycle de la violence est lancé, amenant la Russie à la guerre en Tchétchénie, au terrorisme à Moscou, et une radicalisation politique.

Qu’on n’aille pas croire que la Russie applique la politique de la terre brûlée de manière systématique sans réflexion. L’état Russe ne fait qu’appliquer une doctrine qui se devrait d’être celle de toutes les nations : on ne négocie pas avec les terroristes. Là, la carte est claire, simple et précise à lire : tant que les mouvements « politiques » négocieront avec Moscou à travers des attentats impliquant des civils, Moscou répondra par la force avec une vigueur dont seule la Russie a le secret. Les propos du président Medvedev sont clairs « Je n'ai pas le moindre doute : nous les retrouverons et ils seront tous anéantis ». Il a bien dit anéanti, non pas arrêtés, ou traduits en justice. Il s’agit là d’une clarification tant pour les terroristes que pour le monde entier : la Russie ne se laissera pas menacer par qui que ce soit, et encore moins par le terrorisme sous toutes ses formes.

C’est évidemment une méthode brutale, qui engendrera des carnages, des violences, des populations qui vont souffrir. Je ne saurais cautionner une telle politique, si je me bornais à parler de démocratie et de droits de l’homme. Par contre, en y réfléchissant un instant, ne sont-ils pas sortis de la notion de droits de l’homme en usant de bombes humaines, en pratiquant l’attentat aveugle, ou la prise d’otages dans une école primaire ? Celui qui a vécu par l’épée, périra par l’épée, et ce message est d’autant plus vrai qu’il représente l’avenir des peuples qui iront à l’affrontement sans même se poser la question du « Est-ce la bonne façon de faire ? ». La reconnaissance d’un état ou d’un peuple ne pourra jamais passer par l’emploi de kamikazes, ni par la pose de bombes dans des lieux publics. C’est le meilleur moyen de déchaîner des envies de vengeance d’une part, et d’être tout sauf fréquentables par qui que ce soit d’autre part. C’est même là, la plus grosse erreur de ces mouvements : la Russie, est-elle réellement l’oppresseur ? N’est-ce pas le radicalisme politique ou religieux qui l’est, finalement ?

Les médias se sont bien gardés de faire des commentaires sur les propos du président Medvedev, et pour cause. Quoi que ces médias analyseront, cela ne sera qu’une manière de légitimer la politique Russe. S’ils accusent Medvedev d’être trop radical, le peuple Russe rappellera au monde les attentats qu’ils viennent de subir. Si l’on dit que Medvedev agit bien, ce sera un accord de principe pour toutes les exactions imaginables, et si l’on ne dit rien… « Qui ne dit mot, consent ».

Espérons qu’il n’y aura pas une guerre équivalente à la Tchétchénie : celle-ci a détruit un état, brisé un peuple, tout cela à cause de la menace d’une mouvance radicale qui a oublié à qui elle s’attaquait. J’espère sincèrement que le peuple du Daguestan lui-même saura se débarrasser de ces groupes terroristes qui vont les faire passer pour des bourreaux aux yeux des Russes… au lieu de leur donner l’opportunité de dire « nous sommes un peuple, écoutez nous d’égal à égal ».

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