03 mars 2009

Rythme infernal

Dites, ça ne vous arrive pas de vous maudire pour avoir accepté quelque chose ? Si ? Etrange, nous sommes tous égaux face à notre propre incurie. Toujours prompts à relever des défis aussi stupides soient-ils, ce n’est qu’une fois face à la grandeur de la tâche que nous nous ébahissons, et que surtout nous maugréons contre nous-même. « Mais quel con ! » disent les uns, « quelle mouche m’a piquée ?! » disent les autres, mais somme toute la conséquence est la même : orgueilleux que nous sommes nous nous battons pour mener à bien ce que l’on s’est engagé à faire.

Que c’est stupide un humain... On se suppose capable, compétent, fort, fier et j’en passe, et pourtant l’excès de confiance n’est jamais loin. Un peu à l’instar de l’alpiniste dévissant d’une falaise et faisant une chute fatale en braillant « AHHHHHH !!! », nous réfléchissons aux conséquences que trop tard. Qu’est-ce qui lui passe par la tête d’ailleurs, à cet alpiniste (excepté son piolet qui, loi de Murphy oblige, se plantera dans son crâne à l’impact sur les rochers) ? Certainement un truc du genre « si j’avais su à quel point c’était difficile, je me serais contenté d’un bon chocolat chaud à la terrasse du café ». C’est ainsi mon cher, l’héroïsme n’est bien souvent qu’une cousine de la bêtise et une sœur par alliance de l’inconscience...

Alors quoi ? Faut-il toujours refuser ce que l’on vous demande ? Bien entendu je pourrais bien affirmer que, somme toute, si vous en êtes capable, le demandeur aussi, mais à ce compte là les petits boulots allant de la délation d’autrui au trafic de stupéfiants seraient condamnés. Non, ce que je pense c’est qu’il faut faire preuve d’humilité et accepter, aussi blessant soit le constat, de baisser de temps en temps pavillon. Ravalez donc cette fierté mal placée, il est de notoriété publique que sur un champ de bataille les balles ont la priorité et que l’orgueil n’est pas fait en kevlar. Bref, baissez la tête, laissez l’orage potentiel passer, puis finalement... avancez à votre rythme.

En ramenant cela au quotidien, notez le nombre de fois que vous acceptez de rendre service tout en vous mordant la langue dans la foulée... Oui vous prendrez la place de votre collègue pour la garde de nuit (alors que vous aviez planifié un bon restaurant avec votre moitié), oui vous serez serviable en emmenant la vieille voisine acariâtre faire ses courses (et ainsi profiter des quolibets sur le voisinage), et oui encore une fois vous serez là, à faire des heures supplémentaires parce que « vous avez une grande gueule ». Ne vous mordez plus la langue que diable ! Plantez les de temps en temps, vu qu’eux ne se privent pas de vous refuser poliment mais fermement le moindre service. Suis-je donc si radin ? Pas le moins du monde, mais la bonne entente commence par le bon vieux dicton qui dit « un prêté pour un rendu ». Cela tient alors vraiment d’une hygiène de vie que d’un simple précepte bon à mettre sous verre mais dont personne ne se servira.

Après vous avez toute une classe d’emmerdeurs, ceux qui ne rentrent dans aucune catégorie, ces chieurs qui, sous prétexte qu’ils ont du cœur, sont alors généreux à outrance. Des saints que je vous dis ! Ils vous pourrissent l’existence car à chaque fois qu’ils s’adresseront à vous ils feront vibrer la corde sensible, celle qui fait dire que si vous refusez vous passez pour un salaud égocentrique. Et merde ! Oui je suis égoïste parfois, mais n’est-ce pas là un autre trait commun à tous les humains ? Non c’est vrai, pas eux, pas ces sanctifiés, pas ces futures martyrs qui vous les brisent en ressassant « ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Et je fais quoi, moi, si eux ne m’aident jamais et que moi, pauvre pomme, je fais acte de générosité au point de passer pour le con, le pigeon, le cave, bref le couillon de service ?

C’est donc ainsi qu’une fois de plus (idiot que je suis infoutu d’appliquer ses propres préceptes), je finis tard au bureau m’en retourne à mes pénates les yeux façon « lapin albinos n’ayant pas dormi depuis trois jours ».

A bon entendeur !

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