15 novembre 2007

Messieurs les Anglais, tirez les premiers !

La galanterie et le respect de la noblesse ne sont plus aujourd’hui que vocabulaire désuet et assimilés à une forme périmée de comportement. Hélas, trois hélas l’éducation semble plus tenir de la lessiveuse à neurones que de l’accumulation de connaissances tant bien des gens me semblent totalement vidés de toute culture. En quoi est-il si mauvais de pouvoir placer un mot d’esprit ici ou là, d’autant plus quand il s’agit de rendre hommage à un grand esprit de ce monde ? Autant le dire tout de suite, c’est à mon sens le naufrage intellectuel le plus affligeant qui pouvait arriver au monde.

Le passé, être passéiste, non merci. Pas question de compter sur une classe d’intellectuels de descendance nobiliaire, en particulier dans l’idée que je me fais d’une société. Tout concorde à permettre à la population de se rapprocher aisément de la richesse de notre monde, notamment grâce à une scolarisation obligatoire et gratuite. Pourtant, les assassins de la langue et du bon esprit rôdent, et malheureusement ils ne sont pas (loin s’en faut) tous de ces ghettos qu’on appelle banlieues. Musiciens, artistes en tout genre et médias, il semble y avoir un commun accord de désacralisation de la politesse, comme s’il fallait dénaturer en premier tout ce qui constitue et renforce la vie en communauté. Je ne m’étendrai pas sur l’indigence pseudo poétique de nos chanteurs tant certains semblent avoir volé des essais à des collégiens, et encore moins sur le compte de ceux qui profitent du système économique tout en vomissant une haine illégitime dessus. Pathétique…

Alors quelle noblesse me direz-vous ! Je pense à la noblesse de cœur et d’esprit, cette espèce de chevalerie sans la pompe et l’apparat qui a su au fil des siècles se montrer digne d’une éthique générale. La femme se battant pour ses convictions, l’homme défendant courageusement la démocratie contre l’autocrate en place, tous sont des nobles dans le sens philosophique du terme. Et dire que si l’on a le malheur de dire « noble » on pense toujours aux sangs bleus, ces exploiteurs infâmes de la populace réduite en esclavage… en oubliant que bien souvent ces mêmes exploiteurs dépendaient des revenus de la terre, qu’ils assuraient une gestion économique et sécuritaire de la région, et qu’au final à la révolution bon nombre de bourgades défendirent avec acharnement le soi-disant despote. Posons nous la question : en quoi une noblesse intelligente et bien formée diffère tant que ça de nos hauts fonctionnaires de pères en fils, tous titulaires du sésame de l’ENA ? Personnellement je n’en vois que peu, car même la filiation peut alors devenir une marque de fabrique. « Tu seras fonctionnaire mon fils ».

Le courage et l’abnégation sont de nos jours tournés en ridicule, et on taxe même ceux qui en défendent les valeurs de démagogue. Pourquoi avoir craché sur le président quand il a proposé la lecture d’un texte dans les écoles ? C’était donc si scandaleusement anti culturel de rappeler aux jeunes générations le combat de leurs aïeux ? Allons bon, c’est probablement parce que notre « élite » chargée de l’enseignement est majoritairement imbibée d’idéaux bancals et datés de mai 1968, époque où Mao était un héros, Cuba un paradis sur terre et l’étoile rouge le symbole de la liberté des masses… Sic transit et tempus fugit, mes chers professeurs le communisme est un bide total d’un point de vue juridique et vos héros se sont avérés être des bourreaux. Alors pourquoi refuser de le reconnaître et de passer à autre chose ?

De vraie noblesse de cœur j’ai cité en titre un mot célèbre du comte d’Auteroche lors d’une bataille sous Louis XV. Pour la petite histoire (citation d’un site internet) :

« Selon Voltaire (Le siècle de Louis XV), lors de l'avancée de l'infanterie anglaise, les officiers anglais saluèrent leurs homologues français et le capitaine Charles Hay cria : "Messieurs des Gardes françaises, tirez !". Ce à quoi le Comte d'Auteroche, lieutenant, aurait répondu : "Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers, tirez vous-mêmes !". »

L’historien commente :
« Contrairement aux apparences, cet échange ne doit rien à la courtoisie ou à la politesse. Une règle du combat d'infanterie interdisait à une troupe de tirer la première dans un combat rapproché, afin de ne pas être désarmé ensuite devant le feu de l'ennemi, le rechargement des armes s'avérant très long. »

En toute franchise, réalité stratégique ou pas, il y avait un certain esprit lors des combats, cet art consommé de discuter le bout de gras avant de le tailler dans l’aine des soldats sous les drapeaux. Je sais, c’est la guerre, une fois de plus je passe pour un glorificateur de la grande faucheuse, mais reconnaissez que ça a plus de classe que « Hans, je vais te faire sauter le caisson ! »

Sic transit…

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