17 septembre 2007

« Sont chelous ces Belges ! » (sic)

Je n’aurais jamais cru pouvoir citer une telle phrase en titre d’une chronique, mais là, franchement, je me retrouve dans l’obligation de remonter quelques impressions franchement étranges en provenance directe de la Belgique. Comment diable est-ce que je peux parler du pays prétendument expert de la frite, des moules et de la bière ? Et bien ceci fait suite à un week-end passé à un festival de rock dans la « charmante » localité de Braine le Comte. Toute la bizarrerie de la chose est que je m’y suis présenté accompagné d’une excellente amie, le tout pour fondamentalement un groupe dont je parlerai un peu plus tard dans ce texte, mais avant cela recadrons les choses…

Comme tout fumeur qui ne respecte pas ses poumons mais qui se cherche des excuses pour payer moins cher son poison, nous avons vainement tenté de nous procurer des cigarettes. La Belgique a pour réputation d’être moins chère de ce point de vue, mais encore fallait-il réussir à en acheter ! Première tentative : un commerce dont la couleur locale serait plus celle de Bamako que de Bruxelles. Déception, la carte bleue y est refusée. Après tout pourquoi pas, n’étant pas fainéant nous retentons la chose dans un véritable tabac où là Ubu se serait senti à domicile : entre un vendeur probablement décérébré prétendant qu’il n’est plus approvisionné (chose terriblement crédible… en plein centre ville) et un appareil à carte bleue refusant obstinément ce maudit bout de plastique, nous voilà refoulés et déçus. Tant pis, tentons plus loin ! Erreur ! Arrêt à une pompe essence, et une fois de plus la réponse lapidaire « on a pas de cartouches ». Bref, tout cela pour dire que la réflexion nous a menés mon amie et moi que « ils sont chelous ces Belges ».

Mais ça, ce n’est qu’un point parmi d’autres… l’aventure, le goût de découvrir et de commander un café. Une terrasse de bistrot est sûrement le meilleur endroit pour voir les habitudes des habitants concernant l’alcool et le petit déjeuner. Nous, sobres et intelligents, nous nous prenons deux cafés, dont moi un double. Pourquoi préciser ce détail platement inutile ? Parce qu’en France, un café tient dans un dé à coudre, alors que là-bas oh surprise, un café tient dans une grande tasse (ou « mug » pour les anglophones). Agréable mais surprenant pour le touriste que je suis. C’est en sirotant ce jus noirâtre qu’une autre surprise étrange nous prit de court : une femme, commandant… un Picon bière à dix heures et demi du matin. Seigneur, moi qui de base ne voit pas dans la mousse de ce breuvage quoi que ce soit d’attirant, voilà que je constate que c’est un liquide savouré dès le matin. « Sont chelous ces Belges »…

Passons au festival à proprement parler. En toute honnêteté je suis arrivé comme une fleur, sous entendu que je ne me suis pas spécialement préoccupé des groupes se présentant sur scène, du moins sur les deux scènes séparées sous deux chapiteaux distincts. Arrivés sur place, nous nous sommes plantés sous le plus grand pour assister à l’ouverture. Le drame, l’entrée en matière qui vous ferait frémir un mort de tout son squelette : voilà que montent sur scène une bande d’adolescents maigrichons et chevelus, des caricatures de fanatiques de « rock métal death dieu sait quoi » dont le chanteur m’a immédiatement fait penser à une caricature. Le pauvre, je le plains sincèrement : bâti sur le modèle d’un balai le voilà grognant et vociférant des borborygmes gutturaux hésitant entre le vomissement et la toux cancéreuse. Agrémentant cette horreur sonore de guitares sur saturées, nous voilà prisonniers d’un massacre à la guitare sauteuse… Pitié, faites que toute la programmation ne soit pas du même tonneau ! me dis-je en me lamentant sur une météo agréable que j’aurais volontiers mise à profit pour ne rien faire ! Bref, encore un « Sont chelous ces Belges » à aligner dans nos deux bouches hallucinés. La foule, ah elle j’ai failli passer à côté ! Je me suis senti rajeunir d’au moins dix ans en revoyant des punks et des gothiques. Moi qui croyait qu’un punk méritait le zoo tant ils sont rares, que nenni toute une tribu s’est pointée dans l’assistance et s’est lancée dans un pogo des familles. Pour les néophytes, un pogo consiste à se jeter à corps perdu contre les autres danseurs, pieds en avant et tête vide… Rhaaa ! Souvenirs !!!

La suite fut plus affriolante : une minette braillant avec un certain talent dans son micro mais singeant trop Evanescence…. Et le choc de ma journée : Von Durden ! Là, j’avoue, j’ai cédé. Ils sont franchement excellents, du grand art rock avec des dégaines improbables : chemises de soie noire à manches courtes et cravate jaune fluo, un look à vous faire hurler de rire d’entrée de jeu ! Impressionnant par le talent musical, et spectaculaires par l’énergie développée, à mes yeux ils valent sérieusement le détour. Je mets d’ailleurs le lien du site qu’ils mettent en ligne avec toutefois un avertissement : les morceaux sont trop proprets question enregistrement, enfin disons un rien plus fades que sur scène. Vivement qu’une personne talentueuse se charge d’un mixage professionnel pour qu’ils prennent un envol mérité.

Repas… et ambiance… frites sur grasses chargées de deux cuillérées à soupe de mayonnaise (beurk !) et hot dog… choucroute (re beurk !), sans commentaire ! Encore une fois… « sont chelous ces Belges ! »

Encore ! Encore ! Me dis-je concernant la musique, et la suite alla crescendo : Sharko, un cinglé bourré de talent et enfin (alléluia !) Mud Flow, Le groupe qu’attendait la demoiselle… là j’avoue, ils ont aussi un grand talent bien que certains morceaux me semblent faits pour des midinettes en mal de héros. Cependant, je me suis ravisé car lors d’un des morceaux vraiment endiablé et différent des autres, j’ai cru reconnaître un certain Jim Morrison tant dans l’attitude que la passion dévorante sur les traits. Terrifiant et attirant à la fois… Ceci dit je ne suis pas fan mais j’apprécie le talent. Franchement, là pour le coup ils étaient pas si « chelous que ça » ces Belges.

Conclusions : Ne mangez pas Belge en cours de festival rock, mais appréciez le talent de nos frontaliers, ils sont vraiment bons… très bons !

Liens:
Mud Flow
Von Durden Party Project
Sharko!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et les Français, à faire des textes que les autres sont "chelous" alors qu'ils le sont aussi ?

M'enfin bon, l'intélligence n'à jamais été notre fort, à nous, Humain.

Et en passant, un bonjour à l'écrivain de ce Blog.

NoBrA

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Et l'ironie est-elle accessoire?