04 septembre 2007

Il ne faut pas confondre

Résoudre les problèmes, assimiler les besoins de chacun et en tirer le meilleur parti sont les deux mamelles de la réussite sociale parait-il. D’un certain point de vue je dirais qu’il est parfaitement exact de supposer qu’en cernant les soucis à venir et en sachant qui est impliqué on a plus de facilités à éviter les conflits, mais pourquoi diable n’arrive-t-on pas à nous épargner la guerre, les combats et tous les drames humains qui s’ensuivent ? « L’homme est un loup pour l’Homme » m’affirmera avec condescendance le philosophe blasé cachant sa morne satisfaction de soi sous une mèche pseudo rebelle, le tout vêtu d’une veste indémodable puisqu’elle ne fut jamais à la mode. A cela je réponds sans détour que l’homme, petit, veule, plein de cette fourberie qui fait de lui le roi des erreurs (horreurs ?) n’est pas un loup mais au contraire un vulgaire parasite de sa propre nation. Chose étrange, en disant ça j’ai immédiatement le droit aux insultes et autres quolibets de ceux qui, par erreur ou pour se rassurer c’est selon se croient hors de ce cercle de monstres potentiels qu’est l’humanité.

Ne confondons pas volonté et lâcheté. Le lâche agira toujours de sorte à ne pas se sentir coupable ou responsable de ses actes, alors que le volontaire lui revendiquera sa bêtise en la plaçant sur un brassard, un drapeau ou même un tatouage quelconque. Et oui, le con aime à marquer son territoire, il lève la patte bien droite comme un chien le ferait pour maculer un poteau ou un rosier de ses résidus de canigou de la veille. Caricature ? Pas tant que ça au titre que nous confondons régulièrement le décidé qui fonce, imbécile et plein de conviction vers une mort certaine, avec celui qui a l’intelligence de le diriger vers cette mort depuis un bureau sobrement tendu de feutre noire. Puisque la thématique de ces guerriers casqués est celle de dévorer l’ennemi, en l’occurrence vous et moi, je suppose donc qu’au moment de la défaite il devient le repas du « juste »… donc l’homme se nourrit de l’homme, et ainsi il devient son propre Canigou. Peu ragoûtant comme constat non ?

Dans les erreurs majeures de jugement sur les intentions et les actes on peut également observer les différences notoires qu’il y a entre intention et action. J’ai souvent eu l’intention macabre d’annihiler les cons, mais rarement j’en ai eu l’occasion ou même la possibilité de me mettre en action. Après tout, tant que ça reste un désir inassouvi l’homme reste le faible et passif rêveur qui fantasme en silence de champs de batailles tombeaux d’abrutis ou de cendres tirées du crématoire du destin. Evidemment qu’il est étrange de jouer de l’analogie entre un carnage organisé et ce que le con peut être, mais après tout, le con n’était-il pas l’électeur qui a permis le dit carnage ? En se fondant (sans couler) dans cette masse informe qu’est l’opinion publique, il est donc certain que l’intention est présente chez une majorité d’hommes et de femmes hostiles aux autres, mais cette violence latente ne s’exprimera que très rarement… et heureusement, j’ai horreur de devoir investir dans des vêtements sombres sous prétexte que c’est plus chic de mettre du noir que du violet lors d’un enterrement.

Je sais, c’est infâme de raisonner ainsi, et pourtant l’homme est une de ces punaises qui trouve toujours le moyen de se tromper de combat : il va tirer l’épée pour massacrer son voisin qui pourtant aimerait faire du commerce avec lui, il va ouvrir le feu sur une foule qui ne fait que réclamer à manger, et pardessus le marché il classera proprement et définitivement tout un peuple sous l’étiquette malsaine d’un seul meneur. Nous simplifions, confondons et assemblons des choses qui n’ont rien à faire ensemble : on peut associer Bush et démocratie ? On peut associer bêtise et génie ? On peut sincèrement, et sans trembler mettre en regard l’esprit et le regard vide de certains fonctionnaires zélés pendant la seconde guerre mondiale ? J’ai du mal, franchement du mal à mettre dans le même bac Gandhi et Bush…

Ca va encore grogner dans certaines chaumières, et vas-y que je vais être figé dans la gélatine comme un anti américain primaire, alors que je ne suis qu’anti crétin à tous les échelons. Il va sans dire qu’on ne peut décemment pas dire que l’homme ne se trompe pas, il est même de notoriété publique que se tromper c’est progresser… à condition de tenir compte du passé. Pourquoi diable est-on oublieux ? Est-ce que les générations passent sans même s’imprégner des précédents de l’Histoire où même de manière plus proche les familiers peuvent raconter ? La mémoire est tout sauf fiable chez l’Homme, elle a cette tendance stupide à s’effacer et se déformer au gré des désirs et retenues de chacun. C’est fou comme un bourreau peut avoir la mémoire courte quand son gouvernement n’est plus. Sa mémoire serait-elle morte en même temps que les dignitaires ? J’aime cette idée, j’apprécie l’idée pathétique que nous pouvons, selon notre humeur ou notre idéologie passer en soi sous silence l’atrocité de nos actes. Ca revendiquerait ainsi ce que nous sommes, des Hommes, des lâches qui se veulent grands.

Pour finir cette tirade, regardons nous en face : nous ne sommes rien sans les autres, et pourtant les autres nous les prenons pour des ennemis, alors que l’ennemi, finalement, c’est nous-même… Encore une confusion…

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