26 mars 2007

Calendrier honni

Je hais les calendriers ! je les hais à un tel point qu’il m’est difficile d’en exprimer toute la force, tout le dégoût que peut m’inspirer cette méthode détestable de décompter le temps. Comme si l’on avait une quelconque utilité à marquer chaque jour qui passe d’une étiquette unique construite arbitrairement sur un système non décimal, irrégulier et qui plus est tordu au dernier degré. A bas les calendes ! au bûcher les éphémérides ! un autodafé des almanachs me porterait aux plus hautes joies dignes d’un sadisme enfin assouvi et exprimé en flammes rugissantes sous la brise agréable d’une nuit Berlinoise… heu parisienne pardon.

Pourquoi est-ce que je peux haïr à un tel point le calendrier ? mais regardez le ce petit rien, cet insignifiant tableau déformé, bancal, malingre sur son bout de carton naïvement accroché au mur par une punaise anonyme. Un calendrier est-il digne d’être présenté ainsi, alors qu’une toile de maître saurait à fort bon profit lui prendre sa place ? Je m’écrie non ! le calendrier n’a pas plus d’utilité que, par exemple les bulletins de vote du FN à cette prochaine élection ou bien l’affichage grotesque d’un bandeau d’alerte sous toutes les publicités alimentaires (mais là je cèderai la place à ma plume dans un prochain épisode).

En fait, le calendrier me paraît vraiment intensément superflu quand il s’agit d’y annoter les anniversaires et les commémorations prêtant aux politiciens des moments de gargarisme radiophoniques. Bon sang, à quoi bon faire jouer la date et non l’évènement par lui-même ? l’armistice a-t’elle eue plus de valeur un 11 novembre qu’un 25 Juillet ? Bon, effectivement, devoir fêter le début d’une paix relative en plein été c’est un peu paralyser les commerçants et les estivants alors qu’en automne c’est une offre que ne saurait refuser le salarié. Soit. Par conséquent l’utilisation de cette insulte à la paix intérieure ne se justifie que pour concrétiser un désir de mettre en avant un simple évènement somme toute mille fois plus important que sa date.

Les anniversaires tiens parlons en. A quoi bon ? Il m’est jubilatoire de pouvoir exprimer le mépris que j’éprouve pour les faux culs, les indigents en amitié et autres intéressés monétaires qui se souviennent, comme par enchantement devrais-je dire d’une date particulière histoire de se rappeler à « votre bon souvenir » . Hypocrites ! Lâches ! Le reste de l’année sentirait-on le mazout ou bien le Zyklon ? quelle bassesse de cœur que celui qui oublie votre numéro jusqu’au moment fatidique. Et que dire des impôts ? Eux, c’est aussi par un calendrier strictement lacéré et morcelé qu’ils se souviennent que vos poches lestées sont plus intéressantes une fois déchargées dans les puits sans fond dénommés caisses de l’état. Splendide ! Premier tiers : telle date. Deuxième tiers… et ainsi de suite. Les impôts sont des amis qui vous collent à la peau et dont on rêverait se défaire, un peu comme celui qui vient souvent manger chez vous et qui ne vous a jamais fait l’honneur de sa table. Rien que pour ça les calendriers devraient être bannis des habitations !

Somme toute, ce qui m’ennuie le plus dans la notion même de calendaire c’est qu’elle me rappelle ma condition malsaine de survivant d’un holocauste qui aurait dû avoir lieu sous Brejnev et qui a subi la malencontreuse notion d’accord de désarmement, ainsi que celle de ma lente mais inéluctable pourriture interne, celle là même qui m’offrira tôt ou tard une pierre tombale ou un cendrier grand luxe.

J’entends déjà mes amis (disons donc ceux qui peuvent et tentent encore de me supporter) ne m’oublient jamais, se souviennent clairement des jours à fêter et se font forts de me les marteler. Tenez, là, après avoir arrosé les trois décades d’un ami, tous ceux présents se sont fait une joie de me dire « bientôt ». Bientôt quoi ? Ah oui ! Exact ! moi aussi les trente ans pointent au compteur céleste ! Et ? quelle importance ? Personnellement la seule chose qui va me marquer c’est de me dire que mon entourage a réussi l’exploit inenvisageable de tenir aussi longtemps. Spectaculaire exploit je trouve…

Enfin, toujours est-il que je me sais solitaire dans la haine du calendrier, et que les paquets mal emballés ne tarderont pas à s’empiler le jour fatidique, le tout enrobé de sourires parfois sincères, parfois surfaits mais au moins je fermerai les yeux pour ne pas remarquer la différence…

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