21 mars 2007

Comme dans une bulle

On ne m’ôtera pas de l’idée que bon nombre de nations sont aujourd’hui assujetties au syndrome de la bulle. Dit comme ça, brutalement, sans explication préalable ça peut laisser perplexe sur les diverses significations que l’expression peut prendre. Me sentant l’âme d’un conteur (et non d’un comptable) me voilà donc prêt à vous narrer l’histoire de la bulle dans les cultures et réflexions nationales de ce bas monde.

Bulle : chose sphérique qui au sens figuré passe pour être protectrice contre à peu près n’importe quoi. Effectivement, la définition du sens figuré ne laisse pas énormément de doutes sur la valeur ajoutée d’avoir une bulle autour de soi, toutefois pourquoi parler de cette chose diaphane et fragile au sujet des pays et peuples ? et bien parce qu’à contrario des théories du complot ventilées sur un grand nombre de sites plus ou moins sérieux, et plus honnêtement dans une large minorité de ceux-ci sur un fond valable, je prétends que le complot n’existe pas, qu’il est structurel et se bâtit chaque jour sur l’égocentrisme de la plupart des états du monde « moderne ». N’y a-t-il pas comme une odeur de corruption dans l’entêtement paranoïaque de nos dirigeants et par la même occasion de nos médias à nous chercher sans arrêt des ennemis là où bien souvent il n’y a rien à voir ? qu’il soit authentiquement dangereux ou plus prosaïquement différent de notre façon de voir les choses l’ennemi provoque une réaction de rejet inévitable et voulue, avec pour conséquence immédiate un désir fort de protection étatique et intellectuel. Fuir la corruption des opinions déviantes, se murer derrière la loi toute puissante, voilà l’art et la manière de penser des populations ayant quelque chose à perdre.

De fait, il convient donc de préciser que la bulle protectrice se suffit à elle-même pour se justifier : sans bulle l’ennemi passera, sans bulle sa propagande malsaine envenimera la jeunesse et j’en passe. Ce qui est surprenant c’est la vigueur avec laquelle le peuple s’enferme alors dans une mécanique d’auto défense injustifiée, prête à tout ou presque pour ne pas être mise en danger, que ce soit réel ou pas d’ailleurs. L’observation patiente de la première guerre du golfe a été édifiante sur ce point : pourquoi dévaliser en Frances les supermarchés, à vider totalement les rayons des produits de première nécessité ? L’Irak n’a pas de frontière commune avec nous et aucun SCUD n’a, et n’aura jamais la porté nécessaire à frapper une cible en Europe depuis le moyen orient. Douce folie de la foule se protégeant par la consommation inutile… j’en suis même venu à me demander s’il n’aurait pas fallu faire fortune en vendant des bunkers aux ahuris paniqués par les images signées CNN.

Si la bulle existe sur le thème de la guerre, elle est tout autant active sur le terrain de la religion, de l’immigration et des thèmes véhiculés par la peur. La peur, l’arme absolue de tout populisme, le point d’orgue (de Staline ?) sur la partition nationaliste. Si l’on reprend la France en anathème, encore une fois c’est avec les violences urbaines que les vendeurs de portes blindées ont pu augmenter les ventes. J’aimerais à ce sujet noter que paradoxalement ce sont ceux vivant loin des risques qui ont la bulle la plus repoussante et sécurisée, ceux connaissant le sujet préférant vivre le quotidien avec lucidité.

En décalant le débat sur des pays comme les USA, là c’est pire encore. Les USA se sont enrichis à chaque conflit mondial ou régional et ce soit en vendant des armes, soit en s’armant et en envoyant des troupes sur un territoire quelconque du globe. La relance par l’obus, stratégie à court terme mais à grande portée économique ceci dit. C’est probablement pour ça que les éminences grises de cet état se sont cherchées des terroristes en lieu et place du communisme rouge des années de la guerre froide. Le choc des nations, le poids des neutrons ! Armons nous pour sauver notre « american way of life ». Le choix est alors vide de sens au titre qu’un habitant paisiblement enfoncé dans son sofa ne cèdera jamais sur son confort mais aisément sur ses libertés personnelles.

Ce qui est plus surprenant par contre c’est que peu à peu les opinions progressent, la réflexion s’évertue enfin à sortir du marasme intellectuel. Bush est vilipendé par ses électeurs, la résistance anti nationaliste persiste en France et tous les pays du monde « libre » (sic) sont de moins en moins sensibles aux bulles anti « les autres ». J’espère que ce phénomène ne provient pas du désoeuvrement généralisé des jeunesses, ce serait alors encore pire que toute la fallacieuse propagande inscrite en lettres de sang dans les mass médias mondiaux.

Pour conclure sur la bulle, celle-ci ne supporte jamais la confrontation directe avec la Vérité, l’impact est d’autant plus violent qu’il se voulait impossible à subir. La preuve en est le retour des troupes américaines, démotivées, déçues par un commandement incapable d’admettre que sa situation est intenable, et pourtant le Vietnam a fait voler en éclats pour un temps la bulle des américains nés après le second conflit mondial : jusqu’en 1968 les parents croyaient fermement à la justice de l’intervention, au-delà, la jeunesse prit la parole en dénonçant une ineptie tant politique que militaire. Il aura fallu attendre l’ère Reagan pour que la confiance du peuple en son système réapparaisse, et la résurgence du terrorisme international dans la bulle protectrice…


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