26 septembre 2006

Age de raison?

Quoi de plus invalidant que la vieillesse ? depuis des années et au fur et à mesure que je prends de l’âge je me demande si c’est vraiment ça qui handicape la progression dans le temps de l’Homme. En tout état de cause on suppose tous (en étant jeunes) que vieillir est une blessure, un affaiblissement de ses capacités et surtout une disparition partielle voire totale de certains plaisirs. On parle de l’endurance qui s’amenuise, de cette fatigue dont on a plus de mal à se débarrasser, de cette lassitude dans les endroits bondés et mouvementés. Est-ce vraiment la prise d’années qui dicte réellement cette situation ?

Chaque jour on prend un jour… magnifique dans le genre aphorisme de comptoir, mais en fait la seule réalité de la progression du temps serait plutôt qu’à chaque évènement marquant on use un peu plus nos forces et notre corps, un peu comme en débitant dans un capital qui n’est pas inépuisable. Bien sûr, bon nombre de signes font que d’avancer dans le calendrier n’est pas vraiment bénéfique, la santé est la première chose qui nous rappelle rapidement à l’ordre. Mais au fait, n’oublions nous pas le fond même du pourquoi de ces épuisements ?

La seule et grande vérité (à mon sens) est qu’on vieillit plus mentalement que physiquement et que bien souvent l’équilibre entre ces deux mesures est plus que précaire. Prenons par exemple les boites de nuit : sommes nous tous encore attirés par la masse au-delà du trentième anniversaire ? ce n’est pourtant pas le lieu ou le monde agglutiné qui nous dérange le plus, c’est juste que la génération des habitués du moment n’est plus la nôtre. Alors donc ce n’est pas les trois décades mais juste l’écart générationnel qui est en cause ?

Celui qui n’a pas vécu de conflits avec ses parents est soit un chanceux soit un orphelin. On a tous entendus la phrase lapidaire du « c’était mieux de mon temps », et à chaque fois nous avons levés les bras au ciel. La nostalgie est inévitablement ancrée dans nos gènes sinon comment se fait-il que nos parents et grands parents pleuraient le bal musette alors que nous, nous regardons avec complaisance des dessins animés d’une qualité plus que douteuse ? nostalgie ! on se souvient non pas vraiment de l’émission mais d’une jeunesse révolue, de sujets de conversations enfantins et agréables et l’innocence perdue quelque part entre le collège et la vie active.

Trentenaire… se dire qu’on a déjà oublié qui était en classe de primaire avec soi, se raccrocher aux quelques photographies à l’époque où l’appareil numérique existait dans les BD de science fiction et où les pulls bruns à coudes renforcés étaient légion… sommes-nous vieux pour autant ? La vieillesse est difficile à discerner et même à quantifier tant il est vrai qu’un âge dit avancé ne sous-entend pas forcément un âge périmé. Prenons ces retraités qu’on qualifie à présent de « jeunes retraités ». Sont-ils si avancés en âge pour qu’on parle d’eux comme on peut parler de nos grands-parents ? ils ne sont rien de moins que la génération de nos parents (voire même plus jeunes !) qui ont quitté la vie active au profit d’un peu de repos avant celui éternel. Par conséquent si eux sont jeunes nous le sommes, non ?

Donc, si être vieux ce n’est ni l’âge ni la situation, qu’est-ce donc ? à mon sens être vieux c’est juste être las de sa propre vie, estimer qu’on a « tout vu, tout vécu » (du moins l’essentiel) et qu’on n’attend plus que la stèle de marbre pour finaliser une vie. Etonnant constat car à ce prix là plus d’une personne dite « jeune » est donc susceptible d’être déjà « vieille » (toujours selon ces critères mentaux).

Doit-on dire de quelqu’un de gâteux qu’il est vieux ? même cela n’est pas une référence ! écoutez donc discuter des adolescents tournant en rond sur un seul et unique sujet comme le loisir. S’ils ne rabâchent pas dix fois la même vérité personnelle énoncée avec la force de conviction d’un Tibétain face aux fusils Chinois c’est donc qu’ils radotent affreusement ! de fait la santé mentale est tout autant à exclure de ces critères… ça en devient pénible à définir cette histoire de vieillesse !

Finalement, qui est vieux, qui est jeune ? tout dépend d’où l’on observe (merci les référentiels mathématiques). Nos critères sont aussi variés qu’il y a de variété chez l’Homme et bon sang, qu’est-ce-que je me sens vieux en rédigeant ce texte, j’ai l’impression d’avoir passé un siècle d’exil en réfléchissant à chacun de ces propos…

Maudit soit le calendrier !

Aucun commentaire: