06 octobre 2006

Lutte de pouvoir

Après un moment de silence (justifié par énormément de critères qui me sont personnels) je reviens à la charge afin de m’amuser de ce que la politique est capable d’engendrer…

Ca y est, la course, ou plutôt le marathon présidentiel est commencé. Chaque coureur s’équipe, enfile le maillot d’éligible et entonne gaiement sa publicité à qui veut l’entendre. La cour des miracles s’agite, les hémicycles vibrent à tout rompre et les pauvres militants se doivent de revendiquer haut et fort leurs choix alors qu’il est juste temps de se réunir et mettre en lice un candidat unique. Chaque parti hormis les radicaux sont en pleine effervescence (pour des solubles rien d’étonnant à cela) et les noms s’alignent à la parade pour tenter désespérément de faire front commun. A gauche les différents branchages, pour ne pas dire broussailles mal élaguées agitent les feuilles de la discorde consommée : DSK, Ségolène, Hollande… tous y vont du « pousse toi que je m’y mette » le tout dans un fatras de petites phrases assassines et de sous entendus lourds de conséquences. Qui va représenter le PS lors de la course à l’Elysée ? Pour ma part je n’y vois guère qu’une espèce de bordel ambiant où chacun défend férocement sa place car n’oublions pas que les rejetés du système seront alors placés dans des juridictions de moindres importances (voire même tout simplement mis sur la touche pour un temps plus ou moins long). A droite, même bilan dévastateur, aucune tête ne semble prête à céder son strapontin de manière à favoriser sa faction. C’est à croire que pas un seul de ces personnages n’ait saisi le sens profond de la politique.

Qu’est ce donc que la politique finalement ? défendre sa chapelle envers et contre tout ? protéger ses intérêts personnels face à l’intérêt de la nation ? c’est incompréhensible, surtout si l’on analyse encore un peu plus la nébuleuse des réactions épidermiques provoquées par la sélection non naturelle des éligibles. Reprenons à droite : Sarkozy émerge de sa courte tête populiste au milieu des dinosaures et/ou VRP et pas un seul candidat potentiel ne souhaite le voir sortir définitivement du lot. Le peloton se resserre et l’étreinte fatale des propos propagandistes du ministre de l’intérieur a pour conséquence une véritable haine intestine. Sincèrement, ont-ils seulement la présence d’esprit de se rendre compte qu’ils alimentent ainsi la doctrine des extrémistes de tous les bords ? le Pen a de quoi se gargariser avec les conflits internes, sa doctrine est fondée sur son image et nulle autre vitrine politique. La dissection du FN montre bien que son poumon le plus fiable est la hiératique icône du borgne intraitable.

Somme toute les politiciens ont beau jeu de se mettre des bâtons dans les roues vu que personne ne s’en préoccupe (du moins pas l’électorat décérébré qui représente une part non négligeable de la masse de votants). Force est de constater que le votant de base (pléonasme) se fout des tirades enflammées et se soucie plus de la liste finale, pas de ses précédents. A trop jouer le jeu des « une place pour trois ou plus » la ventilation anarchique des votes n’aura d’autre effet que d’offrir une place au second tour à le Pen. Il est tout de même important de ne pas oublier 2002 ! bien sûr bon nombre de déçus des dernières élections se joindront au mouvement pour agir dès le premier tour mais si au lieu d’une seule tête ils en voient trois, il y a fort à parier que des 30% classiques l’UMP et le PS se verront alors affublés de trois fois 10% par branche. On aura alors un joli : candidats UMP : 3*10%, candidats PS : 3*10%, le Pen 20% et le solde dans l’escarcelle du facteur et de la gauchiste. Dans ces conditions le Pen sera à nouveau au second tour. Pitoyable non ?

Je suis incrédule sur le résultat du premier tour et je ris cyniquement d’avance en imaginant la situation la plus désagréable qui soit pour ceux qui ont foi en la démocratie : un petit duel Sarkozy – le Pen ? que votera t’on alors ? qui s’associera à la droite durcie et boursoufflée de discours sécuritaires et qui s’orientera vers le nationalisme farci de démagogie folâtrant allègrement avec le racisme ? l’importance d’anticiper un tel naufrage est vital, quel que soit l’idéologie de chacun.

L’intérêt supérieur de la nation ne doit pas être sacrifié sur l’autel des ambitions personnelles, et il faut obligatoirement que la gauche et la droite fassent preuve d’un comportement adulte en agissant sur les questions de fond et non sur la forme. Montrez un peu d’unité, choisissez un coureur, un seul et pas une armada de seconds couteaux prêts à s’étriper au premier signe de défaite.

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