19 novembre 2015

Proclamation


Comme tous les Français, j'ai été touché par les évènements du 13 novembre. J'ai pris le temps de la réflexion, de la pondération avant de réagir... et voici mes opinions.

Le sang a coulé. Le monde entier a vu l'horreur dans notre capitale. J'ai été sur place au mauvais moment, j'ai vu le défilé infernal des véhicules de secours, la peur dans les regards, et le silence terrifiant des rues se vidant des badauds. Je me suis demandé si tout ceci n'était pas un cauchemar, une situation surréaliste fantasmée par mon esprit. Malheureusement, il s'est révélé que c'était au-delà de toute proportion, au-delà de mes pires appréhensions. Que dire? Je ne suis pas un rescapé, je suis un badaud parmi les autres, qui n'était pas précisément sur place, je n'ai pas eu le malheur d'avoir des proches touchés par ces attentats. Je ne me considère pas même comme un témoin, mon regard ayant été obnubilé par le désir de fuir, de trouver refuge loin de ces carnages. Pour celles et ceux ayant été réellement touchés, j'ai une pensée amère, la gorge étreinte par la frustration et la colère, et le cœur serré à l'idée même d'avoir lâchement fui. Qu'aurais-je pu faire? Pas plus qu'un autre je présume, je n'aurais été qu'un encombrement supplémentaire, un inutile parmi les gens formés, et une gêne plus qu'une aide précieuse.

Nous nous devons tous, en tant que citoyens du monde, résidents de France, d'avoir une pensée et une larme pour nos victimes. Je dis nos victimes, car ce n'est ni la nationalité, ni le lieu de résidence qui détermine qui l'on doit ou non pleurer. Il y a au nombre des victimes des touristes, des immigrés, des passants de toutes les confessions, des gens dits ordinaires, et qui sont à mon sens toutes des personnes extraordinaires. Qu'on se souvienne de leurs noms, qu'on se souvienne de qui ils étaient, afin que la mémoire ne s'étiole pas, afin qu'ils soient honorés à jamais. Quand je vois un visage en larmes, un parent effondré, je me moque de savoir d'où il vient, je me préoccupe uniquement de sa peine et de sa douleur. Soyons unis dans le partage de ce deuil, soyons dignes de nos idéaux et de nos convictions. La peur est l'arme du lâche, ne leur offrons pas cette victoire. Chacun de nous doit aujourd'hui être ferme, résolu et déterminer à être fier de ce qu'il est, d'arborer avec fierté une attitude digne, et de défendre haut et fort tant les trois couleurs, que ce qu'elles signifient pour chacun de nous.

Des années durant, l'attitude générale a été de mettre en doute la nécessité de la sécurité tant à l'international qu'à l'intérieur de nos frontières; Des années durant, nous avons amalgamé nos services de sécurité avec des réflexions menant à les dénigrer et les prendre pour des imbéciles. Etrangement, ces mêmes forces sont encensées par la foule, on les montre en exemple, peut-être parce que nous réalisons enfin qu'il y a malheureusement autre chose qu'un idiot sous le képi, et que celui en kaki n'est pas là pour avoir l'air arrogant avec son fusil à la main. Nous pouvons disserter et tergiverser concernant les choix politiques menés tant par la France que par nos alliés, mais cela ne doit pas exclure le fait que notre sécurité passe également par l'acceptation des réalités de ce monde. L'idéal serait que les libertés individuelles ne soient pas mises en doute, le rêve serait que nous n'ayons pas besoin que nos forces de police soient armées pour se défendre. Malheureusement, la réalité nous rattrape avec une brutalité sans précédent. Il y a un temps pour préserver nos acquis, un autre pour s'interroger aussi sur le fait que d'autres en usent et abusent contre nous.

L'abomination du terrorisme n'est pas tournée contre nos politiques. L'atrocité de ces actes n'est pas une charge virulente contre les actions de la France à l'international. Ces actes sont perpétrés pour signifier à toute personne sur le territoire qu'ils peuvent agir où ils veulent, et qu'ils désirent étendre leur influence partout où ils le pourront. Nous ne sommes pas face à une armée au sens conventionnel du terme, mais bien face à une structure menant une guérilla culturelle, au même titre que les croisades de sinistre mémoire. L'esprit de cette guerre n'est pas de lutter contre une idéologie, mais bien d'en imposer une partout, et de soumettre ceux qui osent s'y opposer. Toutes les nations en guerre contre ces groupes se battent non pas pour défendre un système politique, mais bel et bien pour tenter de survivre face à ce qu'il convient d'appeler une colonisation par le sang. Ce modèle idéologique est en train de s'exporter, et ceux qui sont réceptifs à cette façon de penser agissent à présent sur leur propre territoire. Il faut que la France admette qu'on ne peut plus parler de violence importée, d'assassins venant d'ailleurs. France, ce sont tes propres enfants qui dispersent ton sang.

Le défi à venir est de savoir ce que nous désirons pour notre nation. Cette interrogation semblait jusqu'à présent diffuse, voire même inexistante parce que chacun de nous pensait pouvoir se reposer sur des acquis confortables, sur des certitudes immuables, et au final nul n'avait à l'esprit la possibilité de voir toutes ces évidences détruites dans la violence. En massacrant ainsi des civils, la France a été mise face à une décision impossible: se venger? Faire payer le prix du sang? Changer fondamentalement notre attitude tant dans et hors de nos frontières? Nombre de réactions ont été de prétendre tempérer, de ne pas faire d'amalgame, et d'insister sur le fait de refuser des lois plus strictes, et même liberticides. On se trompe de sujet, et cette candeur n'est plus de circonstance. Il est dorénavant indispensable d'agir, de se donner des moyens en regard de la menace, car celle-ci n'est plus extérieure, mais bien intérieure. Est-ce un résultat d'un laxisme, ou d'une volonté politique décalée avec la réalité? Non. Nous ne pouvons décemment pas incriminer quiconque à ce propos, car la violence aveugle est impossible à anticiper, et il y aura toujours des personnes capables de se radicaliser, d'agir avec barbarie, le tout si discrètement que leur apparition semblera toujours spontanée et imprévisible. Cependant, cela doit également nous inciter à oser se regarder en face, s'interroger sur ce que nous devons ou non tolérer, à cesser toute lâcheté sous couvert de bienséance morale.

La défense absolue des libertés individuelles ne doit en aucun cas passer par une forme de laxisme, d'autant plus quand celui-ci devient alors un terreau fertile pour les radicalisations. Le laisser-faire n'est pas une posture envisageable, d'autant plus quand elle permet, sur le territoire national, de pousser des citoyens à devenir des criminels fanatisés. On ne peut plus parler de tolérance et de droit quand en face la méthode est de traumatiser durablement la société. La plume est plus forte que l'épée uniquement si celui qui la tient peut s'en servir pour signer une sanction. Face à une arme à feu, le citoyen est démuni, et il compte donc sur les services de sécurité pour le protéger des menaces, qu'elles soient intérieures ou extérieures. De ce fait, il m'est incompréhensible d'entendre des voix s'élever contre des lois d'exception, d'autant plus quand celles-ci sont proposées dans le cadre d'une situation d'exception, pour une durée restreinte et encadrée. Pourquoi refuser de voir la vérité en face? A ceux qui clament que la sécurité et son renforcement ne servent à rien, je vous invite à vous tenir au courant sur les réalités de ce qu'est gérer la sûreté, de ce que représente comme travail de traquer le terrorisme sur le sol français, et surtout d'aller dire aux victimes qu'il n'y a nul besoin de se lancer dans une cabale contre ces groupes terroristes dorénavant implantés et actifs en France.

La réponse d'un état tout entier face à l'horreur se doit d'être non pas mesurée, mais à la hauteur du défi lancé. Dans tous les cas, la France devra porter le deuil de nos victimes, mais également se faire fort de ne pas se laisser abattre. Refuser d'intervenir, refuser d'agir, ce serait là avouer une défaite face à l'obscurantisme, et cela, je ne pourrai pas le tolérer. Nombre de personnes s'offusquent de voir les bombardiers français frapper le sol syrien, tout comme ils s'offusquent également que l'on puisse envisager de durcir certaines lois. A ces personnes j'ai envie de poser plusieurs questions directes.
Première question: peut-on, sous couvert de tolérance religieuse et culturelle, laisser des gens menacer ouvertement la sécurité des citoyens? Peut-on décemment se réfugier derrière une paix sociale achetée à prix d'or pour prétendre ne pas voir la montée des extrémismes?
Seconde question: quelles sont les limites entre droit à l'expression, et nécessité absolue d'intervenir? Il est que trop facile de brandir la menace de l'état totalitaire, tout en refusant obstinément de prendre des mesures qui s'imposent à nous. On veut circuler en sécurité sans avoir à se méfier du passant, mais sans pour autant se doter des outils indispensables à cette même sécurité. J'ajoute également que ces mêmes chroniqueurs n'ont aucune idée de ce que peut représenter le travail de fond des services de renseignement, pas plus qu'ils ne se rendent compte de ce que peut être une enquête approfondie, ni même du coût financier et humain pour la mener à son terme.
Troisième question: quelle posture allez-vous prendre? Celle de ne pas riposter, et donc tacitement accepter que des criminels aient pris l'ascendant sur votre nation, ou bien exiger une riposte ferme et directe? Tendre l'autre joue? Pour ensuite donc voir la France être un fief pour les radicalisés, devoir se taire et supporter la montée des extrémismes sous notre nez? La réponse me concernant est simple, hors de question.
Quatrième question: si vous pensez qu'il faut sanctionner, qu'est-ce qui vous semble adapté? J'invite ces "penseurs" à nous faire des propositions concrètes et potentiellement efficaces, afin que chacun puisse juger de l'aveuglement chronique qui touche une part de la population.

Il ne s'agit pas de cautionner une dictature, mais bel et bien de donner la traque à ceux qui menacent notre sécurité à tous, et également de faire en sorte de neutraliser définitivement toute possibilité de résurgence de ces menaces. La constitution n'est plus adaptée, car celle-ci a été rédigée dans un cadre très différent, où la notion de terrorisme n'avait pas de véritable consistance. Aujourd'hui, il est vital pour notre pays que nous ayons à disposition des outils forts, le tout très encadré afin que le président seul ne soit pas détenteur d'un pouvoir absolu et définitif. Sur le fond, je refuse tout autant la dictature policière que n'importe quel citoyen, mais je ne vois pas en chaque policier un messager du despotisme. Il est maintenant clair qu'il n'est plus tolérable de voir nos policiers comme des idiots, des benêts enivrés, comme trente ans de "comique" ont su imposer à l'esprit des masses.

Je me félicite, et ce malgré mes grandes divergences d'opinions avec lui, que notre président ait eu la posture convenant à la suite des attentats. Certains veulent aller trop loin en envisageant clairement de faire rouler les blindés sur les banlieues, et je suis de ceux qui s'interrogent fortement sur les actions à mener. L'expulsion des imams aux discours radicaux ne me suffit pas. J'estime qu'ils sont tout aussi coupables que les terroristes, si ce n'est plus car c'est par eux que passent le recrutement, la formation intellectuelle et la logistique, et donc je les vois comme les cerveaux de ces horreurs. A ce titre, je considère donc qu'une détention en isolement serait la meilleure méthode, notamment parce que faire sortir quelqu'un d'un pays ne suffira pas à le faire taire, et encore moins à s'assurer qu'il ne revienne pas. On va entendre des voix brailler contre les perquisitions, contre l'action policière, les fouilles, mais encore une fois je pose encore la même question, brutale et cruelle: est-il normal que ces perquisitions aient autant tardées? Et surtout, est-ce normal de trouver de véritables arsenaux, comme des explosifs, voire même un lance-roquette? Arrêtons de s'accrocher à l'image d'une France unie, dépourvue de danger, les attentats nous rappellent à l'ordre, alors soyons dignes de nos victimes!

Enfin, la France ne doit en aucun cas céder à la panique. Tout citoyen doit se montrer digne, fier, et chacun de nous doit aider son prochain à supporter le deuil et la douleur. Que nos morts ne soient jamais oubliés, qu'on ne pardonne jamais à ceux qui ont fait couler le sang, et qu'on grave dans les esprits que toute agression à l'encontre de notre société sera suivie de représailles, dans les proportions requises. On va parler de violence inutile, de loi du talion, et qu'on ne saurait régler le conflit de la sorte. Alors, qu'on me suggère quoi faire. Doit-on alors accepter l'idée de vivre dans la terreur, trembler en se disant qu'on n'aura rien fait pour contrer la menace? Chers proches, amis, citoyens du monde, je refuse fermement cette éventualité. Je refuse de vivre dans la peur. Je refuse de vivre dans le soupçon. Je veux que nous ayons la main ferme, capable de rendre coup pour coup, pour que chacun sache qu'on ne se laissera jamais battre, que jamais nous ne cèderons sur nos fondamentaux.

Que vive la France, unie, indivisible, derrière l'étendard tricolore, que nos pas soient un seul, et que notre pied écrase la menace. Montrons leur que nous sommes fiers et courageux, et que chaque coup reçu sera rendu au centuple.

Vive la République, vive la France.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Dichotomie 101.

La nuance existe. Tous les policiers ne sont pas idiot ou pas, et la situation change radicalement entre certains cas (encore plus quand un de ces cas inclut "attaque terroriste"), mais il est de bon sens d'admettre que certains cas sont totalement ridicules.

Une ouverture religieuse et culturelle n'implique pas forcement la prise de pouvoir et la domination complète du couscous sur le porc. Elle implique une cohabitation, et si des extrémistes veulent faire trôner le couscous, le problème vient de ces extrémistes, non de l’existence de ce dit couscous.

"Vous connaissez pas la masse de travail, faites déjà ça, avant de critiquer", sérieusement ? En quoi ne pas faire quelque chose induit ne pas pouvoir donner un avis ? A savoir, celui que le résultat à été inefficace ? C'est bien beau de parler de ces rutilants outils si indispensables à la sécurité si ceux-ci ne le sont pas; En quoi une caméra de plus aidera à voir arriver un terroriste ? C'est sûr que ce sera beau, ah ça oui. Oh, et ces 80+ sites bloqués (blocage facilement contournable), c'est brillant tout ça.

Les "penseurs" décrits comme si utopiques ici n'ont pas comme dialogue unique "fo pa fér dé loa tro libertissid c pa bi1". Beaucoup d'entre eux critiquent plus et proposent plus, mais ce serait con de prendre ça en compte, hein. C'est bien plus facile de ne taper que sur une facette attaquable et ne pas prêter attention au reste.

Les solutions ne se résument pas à "œil pour œil, dent pour dent, tu te fais sauter chez moi, je bombarderais chez toi" ou "vivre terrorisés". Mais c'est sûr que les faux dilemmes on aime.

JeFaisPeurALaFoule a dit…

La réponse va être on ne peut plus simple. L'état a fiché plus de 4000 personnes, mais rien n'a été fait de peur de terrifier le quidam. Il aura fallu deux désastres sur notre sol pour qu'enfin l'on prenne la mesure du danger, et qu'on intervienne à la hauteur de la menace.

Quel sera le critère, le quota pour se décider à agir en proportion? Quel est le véritable choix qui s'offre? Celui de laisser faire, de ne surtout pas rendre les coups? Celui qui parle de tendre l'autre joue devra, à mon sens, tenter de l'expliquer aux populations qui vivent sur les lieux des différents drames, tout comme aux victimes et à leurs proches. Faites donc, allez leur dire "il ne faut pas durcir le ton, il ne faut surtout pas utiliser tous les moyens nécessaires pour les arrêter et empêcher les autres de nuire".

Dernier point et non des moindres. Se réfugier derrière les libertés individuelles n'est pas la bonne méthode. Quand on se sert de ces mêmes libertés pour les retourner contre les populations, quelle est la bonne attitude? Je me refuserai toujours à considérer comme normal d'avoir peur, et plus encore de voir comme seule issue le silence et la passivité.

Cela semble radical? Parce que faire plus de 100 morts ça ne l'est pas en soi?

Anonyme a dit…

En parcourant votre blog, j'étais plutôt d'accord avec vous.
Là, non.
Le message est démagogue et ne peut pas amener une seule réponse.
Bien sur qu'on ne peut pas tolérer qu'il y ait autant de victimes. Ni même juste 1.
Bien sur qu'il faut faire quelque chose.
Bien sur qu'il faut que les terroriste payent.
Bien sur qu'il faut stopper EI.
Bien sur qu'il faut mettre en œuvre les moyens nécessaires.
etc ...

Mais pas de cette façon.

Nous avons en place des gens qui gesticulent, qui posent devant les caméras, qui font de grands discours et qui font des mesurettes précaires ET liberticides.
La situation en France n'est pas nouvelle.
Le PS au gouvernement est le même que celui qui stigmatisait les forces de l'ordre depuis des dizaines d'années.
Le même qui a décrédibilisé cette fameuse justice punitive que vous appelez de vos vœux.
Le même qui comprenait les jeunes des banlieues et qui cautionnait les actes de vandalisme.
Le même qui appelait à une régularisation générale des sans papiers sans le moindre contrôle.
Le même qui a permis les zones de non droit.
On peut multiplier quasiment à l'infini les exemples ...
Résultat: une jeunesse des cités totalement hors de contrôle, une population qui se réfugie derrière les extrémistes du FN.
Nous sommes dans le système du balancier. Nous sommes allé tellement loin dans le laxisme, que maintenant, le balancier va repartir dans l'autre sens avec une force décuplée.
Que va t'il se passer dans 6 mois, dans 1 ans, dans 10 ans ?
Quelles mesures sont annoncées ?
RIEN - NADA - QUE DALLE
La seule chose qu'on sait, c'est que la sécurité à l'échelle d'un pays entier n'existe pas. Il faut vivre tous les jours, prendre les transports en commun, aller faire ses courses etc ... Qui empêchera un attentat sur le marché d'une patite ville de province quelconque ?
La Turquie, ,le Pakistant ne sont pas spécialement des pays démocratiques et pourtant, ils sont frappés régulièrement malgré des forces de l'ordre omniprésentes.
Israel, les États Unis ont mis des moyens considérables et pourtant ...

Il faudrait des heures pour faire ne serait-ce que le début d'un constat

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Je réponds dans un post complémentaire