18 mars 2014

Vigilance

C'est en lisant rapidement quelques informations sur la toile - histoire de ne pas trop perdre le fil de l'actualité - que je suis tombé sur un article édifiant concernant la "sécurité" des citoyens.

Je vous invite à le lire, puis à revenir à cette page pour avoir une idée claire de mes réflexions.
Quand les viligantes viennent dans le métro Lillois, sur yahoo.fr
Ca y est? Vous avez pu lire cette énormité? J'en vois déjà qui se félicitent ouvertement que des mouvements de jeunes puissent agir pour la sécurité des citoyens, brandissant fièrement la thématique de la protection d'autrui, ceci suite, je cite, à "l'inaction d'un état défaillant". Fort bien... Vous revendiquez donc l'idée qu'il faut en passer là afin de ne plus avoir de peur dans le métro? Vous êtes donc prêts à voir déambuler ces types dans les wagons, agir sous votre nez, le tout avec une bienveillance mutuelle? Je serais curieux de voir l'argumentaire permettant de légitimer cette volonté, parce que côté arguments contre cette folie, j'ai de quoi faire! Je vous expose donc ma liste de critères permettant de rejeter brutalement et définitivement cette action de type "vigilante".

Restons concrets, et excluons d'emblée toute idée politique du débat. Il ne s'agit pas là de décrier le mouvement parce qu'il est affilié à l'extrême-droite, il s'agit clairement et simplement de refuser toute forme de milice (publique ou privée)! En effet, qu'est-ce d'autre qu'une milice? En quoi pourrait-être classée autrement? Que la milice soit de gauche, de droite, de n'importe où d'ailleurs, une brigade formée de volontaires, prête à en découdre avec ceux classés comme "indésirables", cela reste bel et bien une milice. Le monde a connu, et connaît encore, ce genre de fonctionnement: milices de communistes révolutionnaires en Russie, milices des chemises brunes en Allemagne, milices dans les pays sud-américains, milices en Afrique... Le constat est toujours le même: vous pensez différemment d'eux, vous ne correspondez pas à "leurs" critères, et vous devenez la cible. En quoi est-ce sécurisant? En quoi peut-on seulement croire que ce genre d'action va ramener le calme où que ce soit?

Prenons le second aspect. A partir de quel critère légal peut-on considérer leur action comme légitime? Il s'agit là de gens sans formation, sans assermentation, ce qui sous-entend les points suivants:
  • Sans mandat de la société de gestion des transports urbains, ils n'ont pas le moindre droit d'expulser qui que ce soit, même si c'est un contrevenant.
  • Sans assermentation, aucun contrôle de police, ni même le moindre droit d'agir physiquement contre d'autres usagers
  • Sans ces droits précédents, aucune arme, qu'elle létale ou non, est bien entendu prohibé.
  • Toute action violente sera évidemment considérée non comme un acte salutaire, mais comme une agression pure et simple.
Qui peut avoir la bêtise de croire que cela fonctionnera? Il est fondamental de constater qu'il s'agit là de prendre des droits et pouvoirs auxquels ces personnes n'ont théoriquement pas accès! Un geste citoyen? Ca?! Depuis quand menacer verbalement et/ou physiquement est un acte civique? Souvenez-vous bien de ceci: ce n'est pas en créant la peur qu'on crée la sécurité, bien au contraire.

Le troisième aspect et non des moindres va apparaître sur les critères de "sélection" de "la racaille". C'est quoi, une racaille? Un type basané? Mal habillé? Qui resquille? Des resquilleurs en costume, blond, ça existe! C'est quoi, une personne qui crée de l'insécurité? Un type agressif parce qu'il est ivre, une ado virulente? Où sont les critères là-dedans? Je n'arrive réellement pas à saisir comment certains peuvent soutenir l'idée qu'il puisse y avoir la moindre efficacité à faire déambuler des types prêts à en découdre. Je crois qu'ils créent eux-mêmes les conditions d'une nouvelle forme d'insécurité... D'ailleurs, je les mets au défi de venir me contrôler, juste histoire que la chose soit bien amusante. Pourquoi?
  • 0Que vont-ils contrôler? Mes papiers? Mon titre de transport? La réponse sera simple et sans équivoque: tu n'es ni flic ni contrôleur. Dégage.
  • Ils vont me dire de dégager du train? Sans mandat, hors de question. Dégage à nouveau.
  • Ils essayent par la force? Premier commissariat et plainte pour agression tant verbale que physique.
Hors de question de céder face à ce genre de milice, et encore moins de plier l'échine sous prétexte qu'ils veulent "sécuriser" les transports en commun.

Dernier point: qui vont-ils affronter? Le cliché racaille? Pas uniquement. Tous ceux qui ne seront pas "avec eux", seront automatiquement "contre eux". J'ai dans l'idée que nombre de groupes se feront une joie de les provoquer:
  • soit pour les discréditer
  • soit pour le seul loisir de créer des bagarres.
Je n'ai qu'une énorme crainte, qui est qu'une bavure grave arrive. A quand le premier passé à tabac? A quand le premier à mourir "par accident", balancé sous les roues d'un métro? A quand la première victime vraiment innocente, dont le seul tort aura été de refuser de se soumettre à une pseudo autorité aussi illégitime qu'illégale?

Ce monde est dingue. Ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes d'insécurité, que pour autant je pourrai tolérer que des milices arpentent les rues sous prétexte de "me" protéger. Je ne leur ai accordé aucun droit, pas plus que je ne leur accorderai le moindre crédit. Faire de la sécurité, c'est un métier, c'est tout sauf une bande de types qui se disent "gardiens". Désolé, je n'ai pas besoin d'une telle garde, parce que la seule chose qu'elle arrive à m'évoquer, ce sont les groupes de communistes en Russie pendant et après la révolution de 1917, les chemises brunes de sinistre mémoire, les groupes armés partout en Afrique, ou encore les miliciens ratissant les grandes villes durant les révolutions des années 60 et 70.

Un conseil: ne laissez jamais ce genre de milice se former près de chez vous. La sécurité ne passera jamais par des citoyens prêts à tout pour revendiquer une sorte de "sécurisation". Toutes les milices finissent par dériver, se radicaliser, et user de la force pour se faire entendre. Ne leur offrez surtout pas un mandat personnel, même si cela vous semble sécurisant. Un type qui porte un brassard, ce n'est pas un policier, un gendarme. Non, c'est un type qui revendique une idéologie, d'où qu'elle vienne, et qui veut l'imposer par la force. Le prétexte de la sécurité n'est là que pour légitimer des actions violentes et surtout visibles. Ne cédez pas à cette sirène malsaine, sous peine d'en être vous-même un jour la victime.

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