Je l'avais pressenti
Je vais passer pour un radoteur de première, voire même être soupçonné d'être la caricature du vieux chnoque revanchard grognant sans cesse "je vous l'avais dit". Et pourtant, hélas, les statistiques semblent me donner terriblement raison: plus d'un jeune sur deux semble prêt à voter FN aux prochaines élections.
Le vote FN par les jeunes en 2014, sur Yahoo.fr
Dit comme ça, l'annonce est rude pour celles et ceux qui voient dans le FN un parti fasciste. (NOTE: je vous invite à me relire sur ce qu'est le fascisme, et pourquoi dire cela est complètement hors de propos). Je les sens frémir, ces "démocrates", ces convaincus que le FN est la pire voie à prendre, que le parti tricolore va nous mener à notre perte. Et pourtant, c'est une chose tout à fait logique, voire même inévitable, tant la situation actuelle ne peut mener qu'à un vote refuge dans les extrêmes. L'Histoire est d'ailleurs plus que prolixe pour nous rappeler qu'il n'y a rien de nouveau dans un tel acte "citoyen".
Prenons les choses telles qu'elles sont, et méthodiquement présentons les raisons concrètes de l'envie de vote FN. Je précise que je ne compte pas être exhaustif, car je vais exclure d'emblée le vote "de conviction" qui peut cumuler les vrais xénophobes, les nationalistes purs et durs, ainsi que toute une partie de la population qui croit qu'une politique basée sur l'ordre sera toujours plus efficace qu'une politique adossée à la négociation. De fait, regardons donc tous les autres, les électeurs lambda qui vont potentiellement donner des voix au FN, sans pour autant en être ni les supporters inconditionnels, ni des adhérents acquis à leurs thèses.
Tout d'abord, nous avons le vote sanction. Ce vote là, c'est le pire que vous puissiez envisager, car clairement il n'a d'autre but que de punir les partis classiques. En l'espèce, la gauche comme la droite se débattent avec une crise qui perdure, avec des structures internes qui s'étiolent, et surtout qui s'embourbent dans des débats aussi stériles que ridicules. Entre des gens tirant à droite, frustrés d'un président de leur bord, et des gens à gauche, déçus par l'appareil politique actuellement au pouvoir, il y a de quoi envisager le vote sanction. Or, parmi les autres partis d'opposition, seul le FN arrive à avoir une certaine crédibilité, tant parce que les autres ne sont guère représentatifs d'autre chose que d'idées contestataires, que parce qu'il ne reste pas spécialement de personnages forts pour les porter. Il est loin ce temps où M. Bayrou semblait représenter une alternative viable; Il est loin encore, le temps de G. Marchais à la tête du PCF. Dans ces conditions, pour amener un contrepouvoir, seul le FN amène une image de robustesse et de détermination. Cela ne peut qu'amener à un second mai 2002...
Ensuite, nous avons tous les votes dits "sécuritaires". Après presque deux décennies à nous vendre du discours sécuritaire, les gens ne peuvent plus comprendre les atermoiements du gouvernement face à l'immigration ou les violences urbaines, et encore moins tolérer l'humiliation du président par une gamine expulsée. Comment dire à ces électeurs qu'ils doivent avoir confiance? Comment les convaincre qu'ils peuvent compter sur une politique de sécurité, de protection sociale et économique, alors que l'état n'a de cesse de reculer, de se compromettre, et même se ridiculiser en faisant n'importe quoi? Encore du pain béni pour le FN, surtout face à une présidence allant mettre les pieds là où seule la justice aurait eu à s'exprimer.
Le troisième vivier pour le FN se trouve tout simplement sous le nez de chacun de nous. Que ce soit à gauche ou à droite, aucune solution n'a été identifiée pour faire cesser l'effondrement économique et industriel de la France. Chaque semaine, la même litanie de liquidations, faillites, fermetures d'usines, et donc de licenciements emplissent notre téléviseur. Quoi en penser, si ce n'est que l'état est alors "vendu" aux grands capitalistes; Comment les détromper à ce sujet? On a financé le sauvetage des banques, alors qu'on laisse mourir des entreprises; on prête de l'argent à l'étranger pour sauver l'UE, alors qu'en France on voit les usines se fermer à tout jamais; on voit de grandes structures capitalisées en bourse se moquer des ouvriers en exhibant des marges record, tout en mettant un terme à la production locale. Dans ces conditions, quand le FN parle de protectionnisme, d'économie verrouillée, de nationalisation à marche forcée si nécessaire, m'est avis que ces déçus de la politique iront soutenir le propos frontiste.
Les derniers, les plus inquiétants, ce sont tous ces jeunes électeurs qui véhiculent déjà une idéologie bien au-delà de toute forme de politique, à savoir un nationalisme radicalisé, où la notion de couleur de peau, de foi, et même d'origine sociale est une forme de revendication en soi. Les mouvements "FAF" (France Aux Français) sont bien plus virulents et présents qu'on veut bien le croire, et leurs idées font leur place parmi la jeunesse désoeuvrée. Après plusieurs décennies à vendre du "Les immigrés sont la cause de tous les maux", à force de montrer des émeutes "où bizarrement on ne voit que des noirs et des arabes", on forge alors une nouvelle génération foncièrement raciste, désespérée de n'avoir aucun respect de la part de qui que ce soit, et donc nécessairement prompte à chercher de l'ordre et de la discipline. Or, avec un président incapable d'avoir une seule voix dans son parti, une droite qui n'est pas foutue d'élire un chef sans magouille, le FN est dorénavant la nouvelle forme de résistance, d'expression de la colère, donc de refuge moral.
Au final, je crains que le vote FN ne soit qu'un symptôme de surface, un peu comme le fut l'émergence des partis nazis ou fascistes en leurs temps. Ils ont émergés de la même manière, par les urnes, sans coup d'état, simplement en séduisant celles et ceux qui étaient déçus par les politiques en place. Notez au surplus que nombre de premiers votants furent également affolés en voyant où se dirigèrent ces partis... Même si je n'ai aucun doute que le FN n'ira jamais dans cette direction. J'ai bien plus peur d'une gouvernance FN menant à une forme à peine voilée de despotisme légal, ceci à travers une politique sécuritaire bien plus dure, ainsi que des lois autrement plus fermes que celles qui sont supposées nous garantir sécurité et libertés individuelles. En démocrate convaincu, et surtout en légaliste obstiné, j'ai l'intime certitude que le FN a souvent été, et sera de plus en plus le véritable arbitre. Même les alliances d'hier ne supporteront pas vraiment le raz-de-marée frontiste, d'autant plus dans des régions où la délinquance, l'inadaptation des politiques sociales, ou encore l'existence de cités de non-droit. Ces votants, ces déçus, ceux dont chaque politique s'est ouvertement moqué en ne tenant aucune promesse, ces votants là pourraient très bien vous faire pleurer...
Le vote FN par les jeunes en 2014, sur Yahoo.fr
Dit comme ça, l'annonce est rude pour celles et ceux qui voient dans le FN un parti fasciste. (NOTE: je vous invite à me relire sur ce qu'est le fascisme, et pourquoi dire cela est complètement hors de propos). Je les sens frémir, ces "démocrates", ces convaincus que le FN est la pire voie à prendre, que le parti tricolore va nous mener à notre perte. Et pourtant, c'est une chose tout à fait logique, voire même inévitable, tant la situation actuelle ne peut mener qu'à un vote refuge dans les extrêmes. L'Histoire est d'ailleurs plus que prolixe pour nous rappeler qu'il n'y a rien de nouveau dans un tel acte "citoyen".
Prenons les choses telles qu'elles sont, et méthodiquement présentons les raisons concrètes de l'envie de vote FN. Je précise que je ne compte pas être exhaustif, car je vais exclure d'emblée le vote "de conviction" qui peut cumuler les vrais xénophobes, les nationalistes purs et durs, ainsi que toute une partie de la population qui croit qu'une politique basée sur l'ordre sera toujours plus efficace qu'une politique adossée à la négociation. De fait, regardons donc tous les autres, les électeurs lambda qui vont potentiellement donner des voix au FN, sans pour autant en être ni les supporters inconditionnels, ni des adhérents acquis à leurs thèses.
Tout d'abord, nous avons le vote sanction. Ce vote là, c'est le pire que vous puissiez envisager, car clairement il n'a d'autre but que de punir les partis classiques. En l'espèce, la gauche comme la droite se débattent avec une crise qui perdure, avec des structures internes qui s'étiolent, et surtout qui s'embourbent dans des débats aussi stériles que ridicules. Entre des gens tirant à droite, frustrés d'un président de leur bord, et des gens à gauche, déçus par l'appareil politique actuellement au pouvoir, il y a de quoi envisager le vote sanction. Or, parmi les autres partis d'opposition, seul le FN arrive à avoir une certaine crédibilité, tant parce que les autres ne sont guère représentatifs d'autre chose que d'idées contestataires, que parce qu'il ne reste pas spécialement de personnages forts pour les porter. Il est loin ce temps où M. Bayrou semblait représenter une alternative viable; Il est loin encore, le temps de G. Marchais à la tête du PCF. Dans ces conditions, pour amener un contrepouvoir, seul le FN amène une image de robustesse et de détermination. Cela ne peut qu'amener à un second mai 2002...
Ensuite, nous avons tous les votes dits "sécuritaires". Après presque deux décennies à nous vendre du discours sécuritaire, les gens ne peuvent plus comprendre les atermoiements du gouvernement face à l'immigration ou les violences urbaines, et encore moins tolérer l'humiliation du président par une gamine expulsée. Comment dire à ces électeurs qu'ils doivent avoir confiance? Comment les convaincre qu'ils peuvent compter sur une politique de sécurité, de protection sociale et économique, alors que l'état n'a de cesse de reculer, de se compromettre, et même se ridiculiser en faisant n'importe quoi? Encore du pain béni pour le FN, surtout face à une présidence allant mettre les pieds là où seule la justice aurait eu à s'exprimer.
Le troisième vivier pour le FN se trouve tout simplement sous le nez de chacun de nous. Que ce soit à gauche ou à droite, aucune solution n'a été identifiée pour faire cesser l'effondrement économique et industriel de la France. Chaque semaine, la même litanie de liquidations, faillites, fermetures d'usines, et donc de licenciements emplissent notre téléviseur. Quoi en penser, si ce n'est que l'état est alors "vendu" aux grands capitalistes; Comment les détromper à ce sujet? On a financé le sauvetage des banques, alors qu'on laisse mourir des entreprises; on prête de l'argent à l'étranger pour sauver l'UE, alors qu'en France on voit les usines se fermer à tout jamais; on voit de grandes structures capitalisées en bourse se moquer des ouvriers en exhibant des marges record, tout en mettant un terme à la production locale. Dans ces conditions, quand le FN parle de protectionnisme, d'économie verrouillée, de nationalisation à marche forcée si nécessaire, m'est avis que ces déçus de la politique iront soutenir le propos frontiste.
Les derniers, les plus inquiétants, ce sont tous ces jeunes électeurs qui véhiculent déjà une idéologie bien au-delà de toute forme de politique, à savoir un nationalisme radicalisé, où la notion de couleur de peau, de foi, et même d'origine sociale est une forme de revendication en soi. Les mouvements "FAF" (France Aux Français) sont bien plus virulents et présents qu'on veut bien le croire, et leurs idées font leur place parmi la jeunesse désoeuvrée. Après plusieurs décennies à vendre du "Les immigrés sont la cause de tous les maux", à force de montrer des émeutes "où bizarrement on ne voit que des noirs et des arabes", on forge alors une nouvelle génération foncièrement raciste, désespérée de n'avoir aucun respect de la part de qui que ce soit, et donc nécessairement prompte à chercher de l'ordre et de la discipline. Or, avec un président incapable d'avoir une seule voix dans son parti, une droite qui n'est pas foutue d'élire un chef sans magouille, le FN est dorénavant la nouvelle forme de résistance, d'expression de la colère, donc de refuge moral.
Au final, je crains que le vote FN ne soit qu'un symptôme de surface, un peu comme le fut l'émergence des partis nazis ou fascistes en leurs temps. Ils ont émergés de la même manière, par les urnes, sans coup d'état, simplement en séduisant celles et ceux qui étaient déçus par les politiques en place. Notez au surplus que nombre de premiers votants furent également affolés en voyant où se dirigèrent ces partis... Même si je n'ai aucun doute que le FN n'ira jamais dans cette direction. J'ai bien plus peur d'une gouvernance FN menant à une forme à peine voilée de despotisme légal, ceci à travers une politique sécuritaire bien plus dure, ainsi que des lois autrement plus fermes que celles qui sont supposées nous garantir sécurité et libertés individuelles. En démocrate convaincu, et surtout en légaliste obstiné, j'ai l'intime certitude que le FN a souvent été, et sera de plus en plus le véritable arbitre. Même les alliances d'hier ne supporteront pas vraiment le raz-de-marée frontiste, d'autant plus dans des régions où la délinquance, l'inadaptation des politiques sociales, ou encore l'existence de cités de non-droit. Ces votants, ces déçus, ceux dont chaque politique s'est ouvertement moqué en ne tenant aucune promesse, ces votants là pourraient très bien vous faire pleurer...
2 commentaires:
"plus d'un jeune sur deux semble prêt à voter FN aux prochaines élections. "
Mass madness and brainwashing.
Thank you Big Bro & co. You are real assholes, jerk and other little names.
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La gauche ? Tu veux dire la droite sociale (vs la droite économique) ? :p
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Fin comme si voter FN était la solution (jerry), oui le FN est un des seuls partis à aller à contre sens et avoir, du coup, certaines bonnes idées (bah oui que voulez-vous, rien n'est tout noir ni tout blanc, si c'était manichéen ça serait plus simple) mais vu les mauvaises qu'ils ont à côté ça devrait faire sonner une grosse alarme rouge "DANGER" et bien indiquer que si solution il y a, elle est ailleurs.
Et peut-être pas dans le gouvernement représentatif mis en place depuis 200 ans. On pourra toujours essayer différent (meilleur) et même ce qui jadis a échoué (pas comme si le système actuelle était une réussite non plus…) c'est peut-être qu'on s'y était pris trop tôt, de la mauvaise façon, etc.
Mais si on ne comprend pas nos erreurs, si on ne voit pas clair dans leur jeu et leur fine manipulation (fine ? Bien orchestrée plutôt, mais plus le mensonge est gros, mieux il passe) alors nous serons condamnés à perpétuer les mêmes erreurs perpétuellement.
Il ne faut pas avoir peur de penser différent (que les solutions actuellement proposées) même si on a grandit dans un tel système et que pour beaucoup d'entre nous on ne connaît que ça. Ils ont créés l'illusion que nous étions libres et en démocratie, les gens y croient. Pauvres esclaves modernes que nous sommes.
Merci pour ce commentaire assez précis.
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