Du pourquoi je ne crois plus en la démocratie
Je vais me faire vilipender, c'est certain, je vais me faire copieusement insulter avec un tel titre aussi racoleur que désagréable. Et pourtant, si l'on considère les faits, si l'on prend du recul sur le fonctionnement des institutions, et surtout concernant l'attitude de la plèbe, force est de constater que la démocratie s'est dévoyée, non parce qu'elle ne peut pas fonctionner, mais justement parce qu'elle fonctionne que trop bien! Bizarre comme raisonnement? Surprenant? Comment peut-on dire qu'une chose fonctionne, et qu'en contrepartie cela la bousille? Exceptées les munitions et autres explosifs, cela n'est pas supposé exister. Alors, pourquoi?
Tout d'abord, soyons honnêtes un instant. Qu'est-ce qu'une démocratie, si ce n'est qu'un fantasme vendu par les gens de pouvoir aux pauvres, afin qu'ils aient la conviction d'avoir le choix? Le pouvoir, même repris par le peuple, finit tôt ou tard dans les mains d'une élite, ceci qu'elle soit élue ou autoproclamée. Dictature, démocratie, idées différentes mais résultats similaires, à savoir une foule matée, souvent silencieuse, et qui se contentera de suivre les consignes plus ou moins ouvertes d'un cercle dirigeant finalement toujours très restreint. Est-ce un drame pour autant, est-ce si mal, à partir du moment où on a le droit de les choisir, ou tout du moins d'en choisir quelques uns parmi les cercles d'initiés à la vie politique? C'est avant tout un drame moral, car nombre d'électeurs n'agissent non plus en connaissance de cause, mais bel et bien en désespoir de cause. Le vote par dépit n'est pas rare, la preuve en est le vote contestataire, ou pire encore le non-vote de l'abstention ou du vote blanc. "Ne pas choisir, c'est déjà choisir", et ça, c'est une dérive inévitable d'un système qui, de base, est supposé nous donner ce choix justement. Dans ces conditions, la démocratie devient une mécanique huilée, fluide, mais absolument inadaptée pour refléter les désirs de la foule, tant ceux qui sont aux commandes s'entêtent à jouer le passage de témoin, au lieu de se renouveler pour correspondre à la société qu'ils sont supposés représenter.
Ensuite, voyons un peu pourquoi les gens se désintéressent totalement de la politique. Par dépit? Au tout départ, je dirais que le fondement même du désintérêt, c'est le fait même qu'il est particulièrement difficile d'intéresser une foule déjà abêtie et avide de possession à un sujet aussi aride que la politique. Faites une téléréalité, vous faites le plein d'audience. Faites un débat qui, pourtant, nous concernerait tous, m'est avis que le zappeur frénétique ira voir ailleurs s'il y a moins de costumes et de cravates à l'écran. La majorité des gens se foutent de la politique, faute de comprendre à quel point celle-ci est importante dans leur quotidien. Il n'y a que quand on parle impôts, taxes ou aides/dépenses que les gens daignent prendre un peu le temps d'écouter. Cela a pour conséquence première que chacun défendra non le mieux, mais avant tout ses acquis. Il est alors évident que tout état confronté à une telle situation ne pourra choisir que deux voies: le naufrage, ou bien la prise de décisions arbitraires et contestées. Démonstration par l'absurde, la Grèce: on contente d'abord les citoyens à travers un fonctionnement inepte, puis, le jour de serrer les boulons pour que l'état reprenne un peu de hauteur, et la rue vient gueuler. Alors quoi? Passer en dictature pour s'affranchir de ces imbéciles qui ne comprennent pas qu'ils sont en partie responsable de ce naufrage?
La démocratie telle que trop de gens la conçoivent s'adosse prioritairement sur le "J'ai le droit". Fondamentalement, c'est une erreur catastrophique. Le droit, ce n'est pas que pouvoir agir, c'est aussi devoir agir. Droits et devoirs sont les mamelles de la démocratie, or nous avons nourri la nôtre au seul pie des droits pour tous. La notion d'avantages est en soi une belle bêtise, tant sur la forme que sur le fond, et pourtant nous militons pour les conserver, quitte à se rendre ridicules. Où est-on alors? Dans un monde où l'arrangement personnel prend donc le pas sur le fonctionnement général, dans un environnement où l'exception se fait règle, à tel point qu'on fait carrément disparaître le terme "exception". Toute personne raisonnablement intelligente comprendrait aisément qu'il faut des compromis, des encadrements, bref des règles pour que chacun puisse y trouver un peu son compte, quitte à sacrifier quelques points pour que tout le monde puisse s'en sortir... Mais non, obstinément, on se cambre, on gueule et on râle pour préserver ce qui, de toute manière, est voué à mourir.
Peuple, foule, rêve de liberté... Qui s'en préoccupe encore? Quand on vit dans le confort, on vit forcément dans le déni de l'inconfort. Quand on ne manque de rien, on ne connaît pas la sensation de faim. Quand on arrive au point où l'on veut sauver le caviar, au lieu de s'inquiéter du pain qui ne sera plus sur la table, c'est qu'on a complètement perdu de vue le sens profond de la démocratie. J'ai trop entendu ici et là des idées de bricolages concernant le vote blanc, du tirage au sort, des idées "progressistes"... Dites voir, revenons à la base: pourquoi la démocratie fonctionne trop bien, donc trop mal? Parce que nous ne faisons plus rien pour être présents verticalement, à savoir depuis la base militante, jusqu'en au de l'appareil d'état. Qui va voter? Qui se donne la peine de réfléchir en poussant le bulletin dans l'urne? Trop peu sont concernés, voire pire encore de plus en plus de personnes revendiquent le non-vote, comme s'il y avait une fierté à ne plus participer à la vie politique. Foutaises, débilité, lâcheté idéologique, et surtout escroquerie morale. Qu'on ne vienne surtout pas me parler du "Je ne vote que blanc parce que je refuse de voter pour les éligibles qui sont là". Où étiez-vous pendant les meetings? Participez-vous aux primaires des partis? Apparemment, pas vraiment. On veut le beurre, l'argent du beurre, la crémière, la crémerie, mais surtout pas en payer le prix et encore moins gérer tout ça. Comment pouvoir prétendre "les élus ne sont pas les bons", tout en ne faisant pas en sorte de changer les choses? Cela revient à dire: choisissez pour moi, mais surtout choisissez ce que je veux. Intenable et stupide.
Finalement, je me dis que la démocratie est morte parce que les gens ne savent pas la rendre vivante. On ne peut pas parler de sclérose pour la machine démocratique, mais simplement de cancer. L'homme est le cancer de la démocratie, car à chaque fois qu'il ne daigne pas y participer, la tumeur du fascisme se développe. A chaque fois qu'un vote se termine par une élection par dépit, c'est le spectre du radicalisme qui renait. Quand le dépit se nourrit de l'échec démocratique, et que l'échec démocratique se produit par le dépit, ce cercle vicieux ne mène que trop rarement à un progrès, mais plutôt à une paralysie politique, voire à une prise de pouvoir dictatoriale. Et les démocrates, les vrais, les convaincus, pleureront les morts, les révolutionnaires, convaincus de pouvoir améliorer les choses, encenseront des leaders qui ne seront que des despotes moraux, et enfin les autres, les sans idée, les sans conviction, viendront se plaindre de l'absence d'une démocratie qu'ils auront tous assassinés à coup de fainéantise intellectuelle, de lâcheté morale, et surtout de bêtise crasse.
Pauvre démocratie, je cloue le couvercle du cercueil, en espérant qu'il y aura du monde pour comprendre ce message, ainsi que des gens pour m'aider à t'exhumer le moment venu. Faites que ces gens là ne soient pas ceux qui aiment plus le droit démocratique pour accéder au pouvoir, mais les autres, les rêveurs, ceux qui veulent encore croire que la foule peut devenir efficace via les urnes. Mais ça... 1927 et 1933 aiment me démentir.
Tout d'abord, soyons honnêtes un instant. Qu'est-ce qu'une démocratie, si ce n'est qu'un fantasme vendu par les gens de pouvoir aux pauvres, afin qu'ils aient la conviction d'avoir le choix? Le pouvoir, même repris par le peuple, finit tôt ou tard dans les mains d'une élite, ceci qu'elle soit élue ou autoproclamée. Dictature, démocratie, idées différentes mais résultats similaires, à savoir une foule matée, souvent silencieuse, et qui se contentera de suivre les consignes plus ou moins ouvertes d'un cercle dirigeant finalement toujours très restreint. Est-ce un drame pour autant, est-ce si mal, à partir du moment où on a le droit de les choisir, ou tout du moins d'en choisir quelques uns parmi les cercles d'initiés à la vie politique? C'est avant tout un drame moral, car nombre d'électeurs n'agissent non plus en connaissance de cause, mais bel et bien en désespoir de cause. Le vote par dépit n'est pas rare, la preuve en est le vote contestataire, ou pire encore le non-vote de l'abstention ou du vote blanc. "Ne pas choisir, c'est déjà choisir", et ça, c'est une dérive inévitable d'un système qui, de base, est supposé nous donner ce choix justement. Dans ces conditions, la démocratie devient une mécanique huilée, fluide, mais absolument inadaptée pour refléter les désirs de la foule, tant ceux qui sont aux commandes s'entêtent à jouer le passage de témoin, au lieu de se renouveler pour correspondre à la société qu'ils sont supposés représenter.
Ensuite, voyons un peu pourquoi les gens se désintéressent totalement de la politique. Par dépit? Au tout départ, je dirais que le fondement même du désintérêt, c'est le fait même qu'il est particulièrement difficile d'intéresser une foule déjà abêtie et avide de possession à un sujet aussi aride que la politique. Faites une téléréalité, vous faites le plein d'audience. Faites un débat qui, pourtant, nous concernerait tous, m'est avis que le zappeur frénétique ira voir ailleurs s'il y a moins de costumes et de cravates à l'écran. La majorité des gens se foutent de la politique, faute de comprendre à quel point celle-ci est importante dans leur quotidien. Il n'y a que quand on parle impôts, taxes ou aides/dépenses que les gens daignent prendre un peu le temps d'écouter. Cela a pour conséquence première que chacun défendra non le mieux, mais avant tout ses acquis. Il est alors évident que tout état confronté à une telle situation ne pourra choisir que deux voies: le naufrage, ou bien la prise de décisions arbitraires et contestées. Démonstration par l'absurde, la Grèce: on contente d'abord les citoyens à travers un fonctionnement inepte, puis, le jour de serrer les boulons pour que l'état reprenne un peu de hauteur, et la rue vient gueuler. Alors quoi? Passer en dictature pour s'affranchir de ces imbéciles qui ne comprennent pas qu'ils sont en partie responsable de ce naufrage?
La démocratie telle que trop de gens la conçoivent s'adosse prioritairement sur le "J'ai le droit". Fondamentalement, c'est une erreur catastrophique. Le droit, ce n'est pas que pouvoir agir, c'est aussi devoir agir. Droits et devoirs sont les mamelles de la démocratie, or nous avons nourri la nôtre au seul pie des droits pour tous. La notion d'avantages est en soi une belle bêtise, tant sur la forme que sur le fond, et pourtant nous militons pour les conserver, quitte à se rendre ridicules. Où est-on alors? Dans un monde où l'arrangement personnel prend donc le pas sur le fonctionnement général, dans un environnement où l'exception se fait règle, à tel point qu'on fait carrément disparaître le terme "exception". Toute personne raisonnablement intelligente comprendrait aisément qu'il faut des compromis, des encadrements, bref des règles pour que chacun puisse y trouver un peu son compte, quitte à sacrifier quelques points pour que tout le monde puisse s'en sortir... Mais non, obstinément, on se cambre, on gueule et on râle pour préserver ce qui, de toute manière, est voué à mourir.
Peuple, foule, rêve de liberté... Qui s'en préoccupe encore? Quand on vit dans le confort, on vit forcément dans le déni de l'inconfort. Quand on ne manque de rien, on ne connaît pas la sensation de faim. Quand on arrive au point où l'on veut sauver le caviar, au lieu de s'inquiéter du pain qui ne sera plus sur la table, c'est qu'on a complètement perdu de vue le sens profond de la démocratie. J'ai trop entendu ici et là des idées de bricolages concernant le vote blanc, du tirage au sort, des idées "progressistes"... Dites voir, revenons à la base: pourquoi la démocratie fonctionne trop bien, donc trop mal? Parce que nous ne faisons plus rien pour être présents verticalement, à savoir depuis la base militante, jusqu'en au de l'appareil d'état. Qui va voter? Qui se donne la peine de réfléchir en poussant le bulletin dans l'urne? Trop peu sont concernés, voire pire encore de plus en plus de personnes revendiquent le non-vote, comme s'il y avait une fierté à ne plus participer à la vie politique. Foutaises, débilité, lâcheté idéologique, et surtout escroquerie morale. Qu'on ne vienne surtout pas me parler du "Je ne vote que blanc parce que je refuse de voter pour les éligibles qui sont là". Où étiez-vous pendant les meetings? Participez-vous aux primaires des partis? Apparemment, pas vraiment. On veut le beurre, l'argent du beurre, la crémière, la crémerie, mais surtout pas en payer le prix et encore moins gérer tout ça. Comment pouvoir prétendre "les élus ne sont pas les bons", tout en ne faisant pas en sorte de changer les choses? Cela revient à dire: choisissez pour moi, mais surtout choisissez ce que je veux. Intenable et stupide.
Finalement, je me dis que la démocratie est morte parce que les gens ne savent pas la rendre vivante. On ne peut pas parler de sclérose pour la machine démocratique, mais simplement de cancer. L'homme est le cancer de la démocratie, car à chaque fois qu'il ne daigne pas y participer, la tumeur du fascisme se développe. A chaque fois qu'un vote se termine par une élection par dépit, c'est le spectre du radicalisme qui renait. Quand le dépit se nourrit de l'échec démocratique, et que l'échec démocratique se produit par le dépit, ce cercle vicieux ne mène que trop rarement à un progrès, mais plutôt à une paralysie politique, voire à une prise de pouvoir dictatoriale. Et les démocrates, les vrais, les convaincus, pleureront les morts, les révolutionnaires, convaincus de pouvoir améliorer les choses, encenseront des leaders qui ne seront que des despotes moraux, et enfin les autres, les sans idée, les sans conviction, viendront se plaindre de l'absence d'une démocratie qu'ils auront tous assassinés à coup de fainéantise intellectuelle, de lâcheté morale, et surtout de bêtise crasse.
Pauvre démocratie, je cloue le couvercle du cercueil, en espérant qu'il y aura du monde pour comprendre ce message, ainsi que des gens pour m'aider à t'exhumer le moment venu. Faites que ces gens là ne soient pas ceux qui aiment plus le droit démocratique pour accéder au pouvoir, mais les autres, les rêveurs, ceux qui veulent encore croire que la foule peut devenir efficace via les urnes. Mais ça... 1927 et 1933 aiment me démentir.
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