18 février 2013

1200!!! Ouiiii 1200 messages!

Qui l'eut crû? Pas moi en tout cas... mais le compteur est formel, autant que le bip-bip d'un éléctrocardiogramme: ce site contient 1200 messages... Bordel, ça me laisse pantois! Mais trève de blabla autosatisfait, ci-dessous une nouvelle diatribe! En espérant les 2000, 3000 qui sait, plus encore!

Votre obligé,

Jefaispeuralafoule/Frédéric

Qu'on se le dise, la notion de hiérarchie est presque aussi indispensable que peut l'être la notion d'humanité par elle-même. Hé oui, contrairement à l'idée reçue chez les anars et autres ados boutonneux en mal de révolte, la hiérarchie est totalement indissociable d'un fonctionnement social. Et pourtant, nous savons tous que le fonctionnement d'une hiérarchie est bien rarement d'ordre "promotion au mérite", mais plus aisément "promotion aux dents longues et aux magouilleurs". Décevant, probablement frustrant pour les ambitieux honnêtes, bref globalement remis en cause par le tout à chacun. (Note pour plus tard: il faudra que je m'interroge sur la capacité d'associer ambition et honnêteté dans la même personne... Il y a là un truc qui me chiffonne, mais passons).

Tout le monde a besoin de quelqu'un pour le chapeauter. Depuis le gosse qui a pour autorité ses parents, la maîtresse, puis éventuellement Dieu si les parents collent une petite dose de religion dans le modèle, jusqu'au dictateur qui peut se soumettre à sa maîtresse (encore elle!), chacun de nous doit et respecte tôt ou tard une hiérarchie. Cela a même un côté ironique. Prenez les anarchistes et autres bordéliques revendiqués: tous se soumettent à une autorité morale quelconque, qu'elle soit littéraire ou orale. Dans tous les cas, un "chef" va émerger, donner une ligne d'action plus ou moins indiscutable... Et donc instaurer une hiérarchie dans le groupe. C'est quand même comique: vouloir parler d'anarchie en se structurant. Comme le disait Desproges: "Etonnant, non?".

Au-delà de cette pathologie humaine qui est de ne pas pouvoir fonctionner de manière complètement indépendante, il y a là autre chose de plus drôle, voire même jouissif, à savoir la promotion de celles et ceux qui nous dirigent. Dans un monde idyllique, nous devrions pratiquer la méritocratie, c'est-à-dire en gros faire monter ceux qui sont compétents, ceux qui ont du mérite. Belle connerie et ce à plusieurs étages. Réfléchissons un peu ensemble voulez-vous. Tout d'abord, qui a envie de prendre le poste au-dessus du sien, si ce n'est l'ambitieux? Par essence, on ne place pas le tout venant au poste de chef, on y met celui qui en a avant tout envie. De là, est-il capable de prendre cette fonction? Globalement... non. Hé oui, il est notoirement constaté que plus on fait monter l'ambitieux, moins celui-ci sera capable d'assumer sa part dans la hiérarchie. C'est même un des fondements de la promotion à l'incompétence.
Mais pourquoi faire monter un incompétent alors? Pour une raison élémentaire: faites monter l'incompétent ambitieux, cela lui clouera le bec (parce qu'il est généralement le plus vindicatif et fauteur de troubles dans son environnement), ensuite donnez lui des objectifs que vous savez pertinemment intenables pour lui, puis finalement sanctionnez le pour son manque d'efficacité. L'idée globale de la méthode? Le faire sauter ou le mettre au placard quand il aura atteint son seuil d'incompétence... Mais tout cela aura coûté à tous du temps, de l'argent, car l'ambitieux est bien souvent source de nuisance.
Alors quoi? Si l'on monte dans les échelons, on est forcément cons avec les dents longues? Loin de là! C'est là que l'encadrement doit agir... enfin, quand il le peut vraiment. Tout le problème est de trouver une alternative à l'emmerdeur qui veut sa promotion. Comment choisir un type efficace à son poste, qui ne veut surtout pas prendre du galon, et qui, s'il finit par accepter, n'assurera de fait plus sa fonction précédente où il brillait? Imaginez la scène: on ne veut pas mettre le râleur de la chambre des machines comme chef, et celui qui sait comment tout fonctionne refuse de prendre le poste du chef partant en retraite. Si l'on met le gars efficace, il saura organiser... mais qui le remplacera, lui? Qui saura faire marcher le tout sans voir de différence? Choix cornélien s'il en est.

Il est caricatural de se dire que "la hiérarchie, c'est comme les étagères: plus c'est haut, moins ça sert", mais il n'est pas clair que nombre de gens se destinant à de hautes fonctions seraient avisés de s'abstenir, et ce pour le plus grand bien de tous. Dans les faits, un écrivain de SF (Douglas Adams pour le citer) a placé une remarque fort judicieuse dans un de ses livres "Toute personne briguant un poste à responsabilités devraient en être systématiquement écarté". Etrange comme raisonnement, mais loin d'être fallacieux. Ceci dit, heureusement qu'il y a des ambitieux qui sont réellement compétents. Ces gens là, ce sont les types que j'ai du mal à encadrer, non parce qu'ils sont désagréables, mais juste parce qu'ils sont pénibles! Trop bons, globalement efficaces, certains de leurs talents, ils sont l'essence même du supérieur hiérarchique qu'on n'arrive pas à mettre en doute, parce qu'il sait hélas "de quoi il parle". Si seulement ils étaient tous ainsi, au moins on pourrait tous sentir qu'il y a quelqu'un aux commandes.

L'entreprise, comme la Société, sont des machines lancées à pleine vapeur sans une once de direction. Cette phrase doit faire hurler les patrons qui s'impliquent, les commerciaux vendant du rêve, et même les gens qui ont des croyances concernant les politiques. Réfléchissez y un peu: le marché, le Monde, la Société, ce sont des mécaniques si complexes qu'il n'y a personne tout en haut pour en tirer les manettes. Nous sommes tous des rouages, chacun à notre niveau, et nous espérons voir nos jolies machines ne pas trop se dérégler quand un évènement extérieur vient coller du sable dans les rouages. Un exemple? La société va bien s'il y a de l'argent. Les entreprises vend bien quand la société dépense. Or, il y a une crise quelque part, et l'on ne dépense plus autant. On vire des gens. Donc on consomme moins puisqu'il y a moins d'argent. Donc les entreprises dépriment et virent encore, faute de clients... Etc etc. Tout ça parce qu'un abruti a eu l'idée de bidouiller les comptes d'une société lambda. Un "petit" évènement, le grain de sable, et paf des machines dont les ressorts se débandent, dont les engrenages se bloquent, et on ira finalement gueuler "ce sont les patrons", pour ensuite râler sur les "banquiers escrocs", et en revenir au "Une bonne guerre ça remettra tout en ordre". Belles conneries: la société veut du fric, quelque puisse être la malhonnêteté du procédé pour l'obtenir. L'Entreprise, elle, veut faire du fric, à condition de ne pas le voir se vaporiser en charges, coûts et autres cochonneries fiscales... Et l'Homme lui, là-dedans, se demandera toujours "mais finalement, qui me dirige réellement?". Certainement un promu à l'ambition dévorante... ou un cave qu'on aura mis là, faute de mieux.

Le monde est dingue, parce que nous le sommes. Nous vouons un culte à la réussite, donc, quelque part, à ceux qui ont les dents si longues qu'elles sillonnent littéralement les parquets. Sont-ils meilleurs? Non. Sont-ils crédibles? Assurément. Qu'arrivent-il à faire... à nous vendre de l'espoir, et dans le fond, ce n'est pas si mal...

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