24 octobre 2011

Je l’avais dit, et ça me fatigue d’avoir raison

Je vous l’avait dit précédemment, et ce à de nombreuses reprises : ce que je crains le plus dans les révolutions, c’est qu’elles débouchent généralement sur des dictatures pires que les précédentes. Nombre e personnes m’ont alors dit que j’étais sombre, potentiellement défaitiste, et que je ne faisais que faire des amalgames dangereux. Les révolutions arabes, la chute des despotes, l’héroïsme de la rue, tout ceci fut affiché avec une étrange ferveur dans les médias occidentaux. Or, peu d’entres eux eurent l’intelligence de nous informer sur ce que pouvaient bien vouloir dire les textes sur les banderoles ou les brassards ; Là, en Tunisie, le parti islamiste Ennahda pavoise déjà, et en Libye le tout nouveau gouvernement en place n’hésite pas à parler de charia, de lois réduisant la condition féminine (abrogation de lois fondamentales comme celle sur le divorce et la polygamie). Mais bon sang, sommes-nous donc si candides pour croire que la rue a gagné ?

La rue s’est exprimée, elle a déboulonné des despotes accusés de tous les maux : famine, pauvreté, situation sociale intenable, et je suis même étonné qu’on n’a pas accusé les chefs d’hier d’avoir créé le désert et la sécheresse ! Qui a crû à la spontanéité de ces révoltes « populaires » ? Depuis quand la rue sait-elle s’organiser, s’armer, et former en quelques semaines des gouvernements ou des élections ? Pour les rêveurs, je vais immédiatement briser l’espoir : les révolutions sont menées par des gens qui briguent le pouvoir, et qui font, patiemment, lentement, un travail souterrain tant pour la logistique (armes, moyens de communication, réseaux à l’étranger…) que pour la propagande (incitation à la révolte, grèves « spontanées », sabotages de l’intérieur, création d’aides sociales politisées…). On ne se révolte pas du jour au lendemain, on est guidé par des têtes pensantes, des idéologues sachant manipuler la foule et les gens sans éducation ou presque. Ces révolutions, je le crains, vont devenir le symbole même de l’échec et non de la victoire du peuple. Le peuple va placer des dictateurs à la place des dictateurs, avec le vernis de la démocratie. Or, on a constaté, durant le vote en Tunisie, qu’il y a eu des pressions flagrantes sur les électeurs. Quelle démocratie alors ? La liberté de choix, c’est celle de ne pas être tenu de mettre les extrémistes au pouvoir, mais au contraire de trouver de la modération et de la pondération. Mais là, ce serait alors compter sur les extrémistes pour tolérer la contradiction… Ce qui est incompatible avec leur mode de pensée.

Je trouve terrifiant l’idée que les médias aient pu occulter tout l’aspect venant après chaque révolution, à savoir la reprise du pouvoir. On ne peut décemment pas penser qu’un pays puisse rester dans l’anarchie très longtemps, sauf à espérer que l’armée (par exemple) vienne y mettre bon ordre. La rue, agitée, versatile, encline à se laisser emmener par la propagande, va apparemment céder aux illusions de la radicalisation par l’éducation religieuse. Pire encore, la Libye pourrait basculer vers le modèle Iranien, ceci avec le consentement des « démocraties » mondiales ! Nous qui honnissons le système islamiste en Iran, nous voici responsables de l’arrivée potentielle des mêmes extrémistes en Libye. Et cela, visiblement, ne choque pas énormément de gens. « Après tout, qu’ils se débrouillent, on les a aidés à se libérer, à eux de choisir leur système politique » va dire l’homme de la rue. Kadhafi un monstre ? Il était un dictateur, avec tout ce que cela implique de pire. Pourtant, entre la peste et le choléra, visiblement l’OTAN, la France, les USA ne sont pas inquiets d’avoir ouvert la porte à une énième république islamique… J’applaudis cyniquement le résultat que beaucoup veulent montrer comme étant une « victoire de la démocratie ». On en reparlera quand le pouvoir aura été gangréné par les extrêmes, et qu’au lieu d’avoir un allié économique (ahhh, le bon pétrole Libyen !), nous aurons un nouvel Ahmadinejad prêt à tout.

Quelques liens :
La Tunisie et le parti islamiste qui pavoise, sur liberation.Fr
Tunisie-Libye, vers l’islamisme ? Sur lepoint.fr

Aucun commentaire: