25 juillet 2011

Horreur

Je ne vois pas d’autre mot. Je ne sais pas comment décrire le sentiment qui m’a étreint quand j’ai entendu parler de la tuerie Norvégienne. Je n’ai même pas l’intention de placer un lien vers quelque site d’information que ce soit, tant j’ai du mal à envisager qu’on puisse regarder des photographies du monstre qui a exécuté aussi froidement 93 personnes. Il n’y a ni mot, ni attitude, ni même sanction suffisamment forte pour dénoncer et punir de tels actes, car ils dépassent, et de loin, tout ce qui est humainement tolérable. Réfugié derrière une idéologie malsaine, l’homme justifie tout à travers ses opinions politiques. Et c’est sur cet aspect que je souhaite rebondir.

Avant de passer au cœur de ma réflexion, posons nous une seule question : comment le punir ? Le droit Norvégien parle d’un maximum de 21 années de détention. Certains veulent profiter de ce carnage pour parler de la peine de mort. Qu’on l’embastille à tout jamais, ou qu’on le pende haut et court, rien ne ramènera ces gens morts pour rien, ces jeunes abattus de sang froid, ou noyés en essayant de fuir ce barbare. Mon cœur dirait de le liquider, mon esprit dirait, lui, de l’enfermer pour toujours. Dans tous les cas, ce n’est plus le bon débat, et encore moins le moment de capitaliser sur une telle tragédie. Ceux qui s’y aventureront seront, à mes yeux, que des ordures opportunistes. Laissez donc la douleur à ceux qui la subissent, au lieu d’en faire un moyen de pression politique !

Maintenant, allons du côté idéologique. Dans le fatras d’idées du tueur, au milieu de cette boue mêlant allègrement islam et communisme, il y a de quoi se demander s’il existe un parti susceptible d’être « proche » de ses opinions. Par son acte, il a démoli toute crédibilité pour les partis dits « nationalistes », qui, en Norvège, représentent la deuxième force politique du pays. Ne nous trompons surtout pas d’observatoire : le nationalisme n’est pas le nazisme (national-socialisme), pas plus que le nationalisme soit tenu d’être un repère pour une action aussi violente et aveugle. Le nationalisme véhicule en effet toute une population de déçus, d’idéalistes, parfois de xénophobes, mais avoir un amour pour sa patrie, pour sa nation, ne peut être en aucun cas un bon prétexte pour un meurtre. Tous les partis d’Europe, aussi bien le FN chez nous, que les autres partis lorgnant sur le nationalisme, sont à présent sur la sellette à cause d’un assassin, d’un monstre déshumanisé. Et ça, malheureusement, ce serait une terrible erreur que d’en faire l’amalgame : Oui, les idéaux de nombre de ces partis sont nauséabonds, mais très rares sont ceux qui prônent de tels actes (et heureusement).

Le second point très important est de s’interroger sur la force de la conviction du tueur. Il a planifié, réfléchi, analysé, et exécuté un plan si minutieux qu’il tient plus de l’opération militaire qu’autre chose. Dans ces conditions, quelles sont les chances d’arrêter un tel homme avant la tuerie ? On a osé mettre en accusation la police Norvégienne… Mais ce n’est pas la coupable. Il a agi, il a tué, et nul n’aurait pu intervenir suffisamment tôt pour l’empêcher d’être un bourreau. Il y a nombre de textes qui parlent des assassinats. Il y a une véritable littérature sur les méthodes. Et il y a souvent un propos qui revient : « Pour tuer à coup sûr sa cible, il faut sacrifier le tueur ». Et c’est ce qu’il a envisagé. A aucun moment (en tout cas, c’est ce qui est relaté) il n’a semblé déterminé à fuir, ou à éviter un jugement. Pire encore : il a tout tenté pour rendre les débats de son jugement publics, chose qui me semble particulièrement inacceptable. Dans tous les cas, il avait déjà décidé de se « sacrifier », ou du moins d’aller au bout de sa logique personnelle. Il s’est donc convaincu que sa mission était quasi d’ordre divin, à tel point qu’il a non seulement avoué les meurtres, mais en plus décidé de plaider non coupable ! Contradictoire ? Pas du tout : il estime que ces meurtres étaient nécessaires.

Le dernier point un peu plus « léger », mais non moins inquiétant est l’acharnement qu’ont les médias à lister les activités du suspect (puisque, malgré ses aveux, il n’est coupable qu’après sa condamnation par un tribunal), comme si celles-ci étaient signifiantes pour le grand public. « Pas de travail stable, et joueur de World of Warcraft ». Mais bon sang, est-il plus malsain de jouer à un jeu vidéo, ou bien de se gaver d’une littérature dangereuse ? Est-il plus malsain de tuer des bestioles virtuelles, ou bien de s’empiffrer d’images violentes telles que nous les servent les grands médias ? Arrêtons une bonne fois pour toute de faire n’importe quoi. En lançant ce genre de propos, la polémique, alimentée par des imbéciles bien pensants et rétrogrades, vont encore mettre sur le devant de la scène des gens ordinaires. Au fait : en étant joueur de Wow, est-on donc plus capables de tuer de sang froid ? Alors les 12 millions d’abonnés du jeu seraient une armée d’assassins en puissance ? Débile, irrationnel, absurde, ce propos ne mérite qu’on n’en parle que parce qu’il donne à n’importe qui des informations aussi inutiles qu’orientées.

PS : Une minute de silence… et des années de colère. Tels sont les repères temporels de cette tuerie.

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