15 juillet 2011

Fais comme l’oiseau

Fais comme l'oiseau,
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau,
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau,
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut...

©Michel Fugain


Les légendes, les mythes, et même les religions ne sont pas avares en références à l’oiseau. Quand on y songe, ces damnés bestioles volantes sont présentes un peu partout dans notre existence : on a collé de l’aigle en-veux-tu en-voilà sur les oriflammes et les étendards, on songe à la colombe quand on pense à la paix, et il y a même un ahuri nommé Icare qui a tenté de voler en se collant des plumes sur les bras et le dos. Dans tous les cas, on aime les oiseaux, et le simple cri d’une mouette nous fait immédiatement songer à la mer. Mais pourtant, ces foutus oiseaux, sont-ils si libres que cela ? Franchement, n’est-ce pas là une vie misérable que celle d’un piaf qui bat des ailes pour se déplacer, qui n’a qu’un bec pour tenter de se nourrir, et qui a des pattes si peu pratiques qu’elles ne servent que relativement rarement ?

Ah ça, contrairement à l’idée généralement répandue, une vie d’oiseau ce n’est pas « amour et eau fraîche », c’est plus « déchets des autres et flotte croupie ». Hé oui : nos oiseaux ont un régime alimentaire peu ragoûtant où le moindre trou d’eau, la moindre flaque devient une piscine, ou un point pour étancher la soif. Dans l’absolu donc, nos bistrots sont tout de même plus accueillants que les sorties des gouttières, ou les mares boueuses créées par une pluie providentielle. Pire encore, imaginez donc le bol alimentaire des oiseaux : petits insectes, plantes diverses, parfois de la chair fraîche, mais bien souvent la nourriture provient des reliefs des autres, et souvent ceux des humains. La prolifération des pigeons n’est que le résultat de notre propre incurie, ceci à travers les décharges publiques, ou encore nos poubelles mal fermées, et surtout nos rejets sauvages dans la rue. Alors vivre comme un oiseau, merci, mais je vais m’abstenir.

Certains parlent de la poésie du vol. Pourquoi pas : après tout, voler est un vieux rêve de l’humanité, et ce n’est pas la parabole sur la Vérité d’Icare qui aura refroidi nos ardeurs. Cependant, notons tout de même que nous ne « volons » pas, du moins pas au sens animal du terme. En effet, nos modes de transport sont au mieux motorisés, au pire du plané temporaire, et non pas la propulsion sans pollution, purement musculaire, donc simplement naturelle. Dommage pour les doux rêveurs qui ont expérimentés mille méthodes. Cherchez donc les archives sur les pionniers de l’aviation, certains ne se sont pas privés de vouloir copier la nature, mais systématiquement en pure perte. Alors « voler », ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Et que dire de la liberté de voler ? Nous la percevons comme étant un luxe, mais pour ces animaux, il s’agit d’une nécessité, pour les uns celle de chasser, pour les autres de fuir d’éventuels prédateurs. Alors, devoir voler toute la journée pour fuir des chats un peu trop gourmand ? Sans moi !

Ah, le confort d’un « nid douillet »… qu’on pende l’abruti qui a sorti un truc pareil ! Déjà, un nid, c’est une construction de longue haleine, où l’oiseau doit se démerder pour trimballer les matériaux, puis ensuite de les assembler, le tout sans la main ni le pouce en opposition. Alors, quand vous voyez un nid, dites vous bien qu’il s’agit là d’un labeur colossal, d’heures de travail harassant, et que notre vision du « douillet » n’est qu’une simple allégorie pour enjoliver la notion de promiscuité. Un nid, c’est tout le monde ensemble, une pièce unique, généralement pas de toit, et la promesse de n’avoir ni l’eau courante ni le chauffage. Encore convaincus par le « douillet » du nid ? Pas moi.

En admettant qu’il y ait quoi que ce soit de glorieux dans la vie d’un oiseau, j’aimerais comprendre pourquoi la plupart sont cons à pleurer. Pourquoi ces foutus moineaux s’alignent-ils sur une ligne à haute tension quand il pleut, alors qu’ils pourraient trouver un vrai refuge ? Pourquoi ces abrutis de pigeons, si l’on met deux mâles dans une même pièce plus d’un mois, finissent par définir que l’un des deux va tenter de « pondre » et même « couver » un œuf ? (Le pigeon n’est pas hermaphrodite, ça aurait pu… mais non, même pas ça pour sauver sa dignité). Et vous avez vu la dégaine d’un vautour ? La collerette, le cou démesuré et nu, la tronche en biais, parce que c’est utile pour bien manger dans les charognes ! Efficace, mais franchement laid. La nature a été bien peau de vache avec les colibris : minuscules, obligés de battre des ailes à une vitesse démente… C’est viable, ce truc ? Sincèrement, le sort de l’oiseau n’est pas spécifiquement enviable.
Songez donc à tous ces oiseaux qui sont obligés de se taper des milliers de kilomètres, sous prétexte qu’il faut migrer pour survivre. Ca me gonflerait de jouer la transhumance, tout ça pour trouver un peu de chaleur. La terre n’est-elle pas assez grande pour, justement, se trouver un coin peinard, sans prédateur, enfin un truc où se poser sans devoir encore faire ses valises chaque année ? Bordel, c’est une vie de con ça !

Et enfin, que je chope ce [censuré] de pigeon qui m’a refait le pare-brise ! J’aimerais comprendre ce qu’il a bien pu bouffer pour lâcher une horreur pareille ! Saloperie !

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