27 juillet 2011

Comme quoi, je l’ai senti venir !

J’en ai parlé avant-hier en pensant à l’assassin Norvégien, et paf, voilà que lemonde.fr et d’autres journaux (tant virtuels que physiques) embrayent sur ma réflexion concernant les jeux vidéos. Alors, soyons tout de suite d’accord (ou circulez, y a rien à voir !) : les jeux vidéos peuvent, au pire, rendre profondément accro, mais ceci comme n’importe quel loisir tels que les jeux d’argent, les paris sportifs, ou même le sport tout court en tant que supporter. De là, je vous propose une analyse plus circonstanciée, car, malgré l’injonction de circulation, je suis convaincu qu’il y aura forcément un imbécile acharné pour me reprocher ma défense des jeux vidéos.

Commençons par le commencement. Les jeux vidéos ne sont pas récents, en tout cas à l’échelle d’une vie humaine. Plus de quarante années séparent 2011 des premiers jeux vidéos, et c’est aujourd’hui une industrie plus lucrative que le cinéma. Hé oui : à force d’avoir de la technologie partout, les jeux se sont immiscés absolument dans tous les équipements envisageables. Votre téléphone contient des jeux ; votre décodeur numérique (satellite, internet…) contient des jeux ; il y a des jeux disponibles sur n’importe quel équipement disposant a minima d’un navigateur Web. Donc, le jeu est inévitable, présent sur tous les supports, à tel point qu’absolument toutes les sorties cinéma ont le droit à une adaptation en jeu vidéo. Est-ce pour autant qu’on assiste à une multiplication des actes violents ? Pas que je sache.

On a parlé du lycée de Columbine, et de l’influence des jeux sur les ados tueurs. Là, on remet le couvert avec le psychopathe Norvégien (PS : vous aurez remarqué que je ne le cite jamais nominativement. C’est normal, car j’estime qu’il s’est privé, me concernant, de tout droit à être considéré comme un être humain. On nomme les Hommes, pas les monstres). Si l’on regarde plus spécifiquement la présence des jeux dans notre monde, on peut alors ramener l’analyse au nombre d’utilisateurs de Facebook, et parmi eux, au nombre de joueurs sur les petites applications virtuelles présentes sur le site : plus de 600 millions d’inscrits, plus de 250 millions de joueur. World Of Warcraft représente plus de 10 millions d’abonnés dans le monde… Certains jeux se vendent à des millions d’exemplaires, et ces chiffres ne tiennent même pas compte de tous les jeux qui sont piratés ! A-t-on noté une expansion de la violence ? Pas plus, pas moins que dans les décennies précédentes. Allons plus loin encore

Parlons du profil type d’un assassin. Souvent isolé, socialement inadapté, se réfugiant dans l’onirisme d’un monde virtuel (ou littéraire), il devient souvent l’archétype du type qui recherche un « autre monde ». Or, si l’on analyse les propres écrits de l’assassin Norvégien, il révèle même n’avoir pas spécifiquement été un joueur compulsif, et il s’est même servi de l’excuse du jeu pour pouvoir continuer à mener sa vie si particulière. Le jeu n’a pas fait de lui un assassin, pas plus que l’on peut estimer qu’il a laissé sa vie sociale dans ce même jeu.

Prenons l’idée de la violence dans le jeu. On se fout de qui, là ? World of Warcraft est justement réputé pour avoir un univers très « cartoon », un style tout sauf réaliste, qui, mine de rien, lorgne plus sur le comics, la bande dessinée, et quelques références du jeu de rôles, que vers le monde réel. Jusqu’à preuve du contraire, on ne croise pas tous les jours un gobelin, un troll, ou encore un dragon de très mauvaise humeur. A partir de là, quelle violence ? Celle du pixel ? C’est une belle ineptie, car il suffit de se mettre sur le JT de n’importe quelle chaîne pour avoir le droit à son lot de famine, de barbarie, de crimes sordides, de viols et j’en passe. La télévision est bien assez violente avec « sa réalité » pour que la violence (réelle ou supposée) d’un jeu vidéo soit prise en compte. Pire encore : quelle connerie que de regarder un jeu en parlant de sa « capacité à entraîner ». Si tel était le cas, je serais (tout comme le rédacteur de l’article cité en bas de page) : un champion de surf, un pilote de rallye, un expert en combat rapproché, un magicien émérite, un espion efficace, un vendeur de voitures, un roi de la bourse, un explorateur spatial… et la liste est encore longue.

Nombre d’imbéciles supposent, à tort, que le jeu vidéo peut rendre fou ou barbare. Ca n’a aucun rapport direct : une personne influençable deviendra une machine à tuer en lisant des livres prévus pour les masses, sera assoupli par la propagande, ou encore se bâtira une idée déformée du contenu « politique » d’un jeu vidéo. Si un jeu de tir rend violent, alors un jeu de raquettes comme Pong, ça fait quoi ? Ca rend con ?! Je crains qu’il y ait déjà bien assez de cons pour qu’en plus on nous en serve dans les médias. Je suis agréablement surpris par certains médias qui distinguent l’addiction (au jeu vidéo, à la drogue, à l’alcool…) du support lui-même. Le jeu est comme l’alcool : un peu c’est un plaisir, trop c’est un poison. Et là, le jeu n’est pas en cause, c’est la bêtise humaine qui l’est.

Le jeu vidéo rend fou ? sur lemonde.fr

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