09 juin 2011

Raccourci intellectuel

J’aime énormément les pseudos humanistes qui, sous couvert de bienséance et de respect de tous les hommes, prétendent que l’homme est capable d’être tolérant et intelligent. Pauvre chose pleine d’un espoir aussi vain que ridicule ! L’homme n’est certainement pas fait pour être intelligent, tolérant, progressiste, et j’irais bien jusqu’à affirmer que c’est tout le contraire. L’homme est fait pour être xénophobe, intolérant, misérable et stupide tant en actes qu’en pensées. C’est méchant ? C’est réducteur ? Soyons un peu lucides et regardons la vérité en face un instant : aucun homme ne peut prétendre, à quelque moment que ce soit, de n’avoir jamais eu d’instant fascisant, de pensées désobligeantes pour une ethnie ou un peuple donné, pas plus qu’il n’aura jamais eu de raccourci dans ses raisonnements.

C’est honteux, douloureux tant à lire qu’à accepter, mais l’hydre de la facilité présente ses innombrables têtes à chacun de nous. Au quotidien, en public comme en privé, nous avons des dialogues intérieurs avec de dragon monstrueux, parce qu’il est plus facile de prendre une image toute faite que de réfléchir honnêtement à une question, et nous prendrons alors une de ses gueules pour la montrer à autrui. Entre le racisme ordinaire du « encore un nègre », et le cliché du « une famille d’arabes, ça a huit gosses pour toucher les allocations familiales », nous nous cantonnons donc à ranger nos idées dans de petites boîtes hermétiques, soigneusement étiquetées, et que nous ressortirons selon les circonstances. Quoi qu’il en soit, nous sommes tous coupables d’avoir de telles idées, à tel point que cela en devient même triste ! Quel homme (au sens masculin du terme) n’a pas râlé sur une femme au volant en se disant « encore une nana… Elles ne savent décidément pas conduire », tout comme des femmes ont classé trop d’hommes parmi les rustres, parce qu’elles ont eu le malheur d’en connaître un ?

Nous ne sommes guère capable de progrès, parce qu’il est coûteux de revoir ces maudits clichés, et qu’il est surtout peu fatigant de servir à foison la même soupe de raccourcis intellectuels. Nous n’en sommes jamais avares, quant bien même nous tentons de renier cette attitude face aux autres. « Je ne suis pas raciste, j’ai un ami noir ! », pour paraphraser Fernand Raynaud… Sauf qu’il peut s’agir là d’une excuse, alors qu’on affirmera, par derrière bien entendu, que « Marre, trop de noirs en France ». La xénophobie, c’est donc un raccourci intellectuel bien confortable, dans lequel se vautrent trop de gens, faute d’avoir fait l’effort de comprendre l’autre. Sorti de ce constat affligeant, certains apprennent, et ce à leurs dépends, que ces facilités sont contredites par la réalité. Malheureusement, certaines attitudes vont, en revanche, alimenter ces clichés, et pour peu que cela soit médiatisé… enfin je ne vous ferai pas un dessin, vous avez les yeux grands ouverts (enfin je l’espère, certains ne voulant rien voir malgré tout).

Nombre de raccourcis intellectuels sont aussi issus de l’éducation : quand on enfourne dans un crâne d’enfant que le racisme est une chose naturelle, il lui sera généralement difficile de s’en départir, et ce malgré l’expérience de vivre, au quotidien, dans une nation cosmopolite. Mettre en doute l’éducation des parents, c’est alors renier sa propre enfance, ses propres certitudes, et, quelque part, l’autorité de nos ancêtres. Il y a une phrase très juste qui sait décrire cela avec efficacité : « Comment savez-vous que votre père l’est réellement ? Parce que c’est votre mère qui vous l’a dit ». Et il en va de même concernant le reste de nos idées et de nos opinions.

L’acte de rébellion contre ces raccourcis n’est pas quelque chose d’aisé, parce qu’ils sont ancrés tant en soi que dans la société qui nous environne. Certaines évolutions se font en quelques années, d’autres resteront, et ce des décennies durant. Prenons la situation de la femme (pour rebondir sur mon propos récent) : le viol n’était pas un crime il y a quelques décennies, et faire changer la loi à ce sujet fut une grande bataille (et surtout victoire) des femmes. Pourquoi voit-on encore des animaux qui pensent encore qu’une femme n’est qu’un objet servile ? Ah oui, vous tiquez sur animal ? J’affirme qu’un homme qui ne respecte pas les femmes a perdu son droit à prétendre être de la même humanité que moi. Bref, revenons au sujet. L’homme, c’est avant tout un lâche qui se réfugiera derrière ses convictions, si stupides fussent-elles une fois mises en examen.

Enfin, j’espère que nous saurons être moins cons, moins racistes, moins fascistes. G.Servat a écrit dans une de ses chansons quelques mots qui, à mon sens, semblent être la bonne attitude :
« Enfin.arrive le temps du concret!
Enfin, on cesse de faire entrer de force la réalité dans le moule des idées!
Enfin arrive le temps du respect!

Difficulté suprême ? Laisser libres les pensées différentes Que chacun regarde en soi. La bête est là, tapie, sournoise, prête à tout dévorer. L'hydre du fascisme est en chacun de nous. Chaque soir je la décapite. Chaque nuit ses têtes repoussent dans ma tête. Parfois, elle me soumet. Parfois, je suis vainqueur. En moi : l'intolérance, moisissure fadasse. Je ne vaincrai jamais définitivement, mais, sans relâche, je décapiterai le monstre. Jamais je ne prendrai la Kalachnikov pour imposer mes idées, ma loi ou ma croyance. J'ai trop peur d'avoir tort! »

1 commentaire:

greu a dit…

je ne dois pas être normal, on m'a élevé en m’apprenant à juger une personne sur ses actes et déclarations, pas pour sa supposée appartenance à une quelconque communauté...
ceci dit, l'humain est un animal comme les autres