05 avril 2011

Bonjour fantôme

Les carrés lumineux qui t’entourent
Ne laissent pas perler quelque espoir.
On t’a expliqué qu’il ne fait pas noir,
Que tes yeux te jouent des tours.

On te dit que tu ne vas pas si mal,
Alors que tu ne sens plus tes jambes.
Tu as encore tes mains, il te semble,
Quelqu’un la serre, ce n’est pas plus mal.

Tu t’interroges sur le sens des choses,
Et l’on évite de parler près de toi.
Un type est même venu parler de foi,
Alors que tu n’es pourtant pas morose.

Tu sens l’éther et la javel des couloirs,
Tu ressens la compassion qu’on te voue,
Mais tu vis la solitude qui rend fou,
Prisonnière dans une cage peinte en noir.

Chaque éveil se révèle être une douleur,
Il y a encore tant de choses à faire.
Et les souffrances, on lest fait taire,
A coup de piqûres qui ne te font plus peur.

Où es tu, fantôme perdu près de la vie ?
Tu ne sors pas totalement de ton corps.
N’as tu n’as pas encore accepté la mort ?
Alors que le temps, lui, sans toi, s’enfuit.

Tu es devenue bien silencieuse ce matin,
Etrangement sereine quand on te touche.
On ôte enfin le tuyau qui était dans ta bouche,
Et près de toi on parle calmement de fin.

Tes mains sont là, inertes et froides,
Elles ne réagissent à rien d’autre que toi.
Malheureusement elles ont tout le poids,
Des corps qui sont définitivement roides.

Tu respires encore, tu n’es pas partie.
On t’observe avec soin et minutie.
On se demande si tu luttes pour la vie,
Ou si ton corps a libéré ton âme pour l’infini.

Puis quelques mots, un balbutiement.
Tu murmures, personne ne t’entend.
Tes membres te répondent lentement,
Et enfin, tu lèves le drap doucement.

Tu es vivante, tu es encore parmi nous.
Tu n’es pas fantôme, tu es encore là.
Tu n’es pas morte, tu es encore là.
Tu n’es pas partie, tu es avec nous.

Bonjour, fantôme, comment vas-tu ?

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