28 janvier 2011

Vous pourriez faire du bruit ?

Ce qu’ils sont agaçants, ces classements musicaux qui sont supposés décrire les modes musicales ! A les écouter, nous serions tous pris de passion pour des chansons lénifiantes, pour des adolescents certes talentueux, mais dépourvus de la moindre notion de ce qu’est un texte, ou encore de minettes à peine féminines qui braillent à pleins poumons des mélopées informes. Et pourtant, la production mondiale de musique est dorénavant accessible à tous, à tel point que se contenter des ondes françaises est à la limite du ridicule. Seulement, un gamin qui tirerait des larmes à un soldat aguerri est plus porteur qu’un chevelu crade aimant secouer sa tignasse au vent.

L’irrévérence ne fait plus vraiment recette, sauf quand elle cantonne dans les clichés éculés du rap où là les imbéciles à grande gueule (mais à petits textes) font recette. Entre insultes envers l’autorité, et traitement machiste des femmes, ces bandes de demeurés passablement illettrés semblent remplir les poches des majors qui, pourtant, sont le symbole même du capitalisme à outrance. Risible, surtout de la part de pseudo rebelles qui n’attendent qu’une chose, que le tiroir caisse se remplisse. Après tout, être à la marge, ne pas entrer dans le moule, c’est supposé être le fondement même de l’art, à savoir ne pas rester formaté par une tendance quelconque, mais au contraire en créer de nouvelles ! On ne peut donc pas compter sur ces formations faites d’un bric-à-brac invraisemblable de non talent pour nous offrir un nouveau regard sur le monde. Enfin, je ne dirai pas dommage, parce que la musique est supposée être avant tout un loisir, et pas un média de revendication, du moins c’est ce que les producteurs s’échinent à nous vendre.

Dans cette soupe informe, j’ai bien du mal à retrouver mes repères. Je suis probablement rétrograde et faussement nostalgique d’artistes qui sont décédés avant ma naissance, mais tout de même, pourquoi ne pas offrir leur chance à des gens qui ont des textes un minimum construit ? Certains sont vendus comme étant « chanteurs à texte », mais de texte je ne vois que des jeux de mots certes intéressants, mais finalement assez plats et sans saveur. Réussir une belle allitération, ce n’est pas donner un fond intéressant, pas plus que de faire de la rime riche pour donner un semblant de consistance à un poème. Le fond et la forme sont à distinguer, quant bien même les deux doivent un jour se retrouver pour former une cohérence auditive et sensitive. Je suis donc dépité par le peu que j’ai le malheur de croiser, je suis parfois même écoeuré à l’idée que de très bons textes sont au mieux perdus dans les bacs, au pire censurés parce qu’ils sont trop vindicatifs. Et quand je dis vindicatifs, je ne parle pas d’insultes, mais d’analyses qui peuvent vraiment déranger.

La tradition de la musique était tant de flatter le bourgeois (le troubadour), que d’informer les masses à travers des chants politisés. Désormais, la musique ne se fait porteuse que de sentiments éculés, auxquels on n’arrive que rarement à adhérer. Oui, une belle chanson d’amour est agréable, mais non toutes les chansons d’amour ne sont pas forcément belles. Le talent n’est pas une valeur qu’on achète ou qu’on construit, c’est une chance infinie d’avoir pu, l’espace d’un instant, avoir trouvé l’inspiration magique qui transcrit quelque chose d’indicible en paroles et en accords. J’ai parfois du mal à croire qu’on puisse tout avaler, sous prétexte que la musique est un excellent vecteur de sentiment.

Tenez, prenez cet artiste. Rockin Squat. Qu’on aime ou pas, qu’on adhère ou pas, il se révèle avoir des textes très forts, bien mis en musique, et qui plus est s’attaquant à des thématiques difficiles.

Allez voir ce type, c’est un régal pour moi.

Livin Astro : Le site de la production de Rockin Squatt

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