21 janvier 2011

Grippe informatique

A présent que tous les aspects de notre quotidien contiennent un minimum d’électronique, nous sommes tous devenus tributaires de logiciels, d’équipements informatisés qui, quand ils sont en panne ou qu’ils fonctionnent mal, nous mettent dans des situations intenables. On se rassure comme on peut, en se disant que ces bidules ont été pensés par des petits génies, protégés par des types encore plus intelligents, et que nous autres utilisateurs, nous sommes à l’abri des ennuis. Malheureusement, le quotidien nous détrompe d’une telle croyance candide. Si c’est fait par un ou plusieurs personnes, cela contiendra forcément des énormités, à tel point que c’est devenu un sport virtuel que de trouver les failles dans les logiciels. Bien sûr, les médias se sont emparés du phénomène en parlant de hackers (à tort bien souvent), de pirates, de détournements de fond… Voire de terrorisme numérique. Mais avant de parler de guerre informatique, parlons de la vérité, plus élémentaire, plus pathétique que jamais, celle qui fait qu’on peut dire que nos ingénieurs sont au mieux des fainéants, au pire des bras cassés infoutus de pondre du logiciel à peu près convenable.

Tout d’abord, à la décharge de ceux qui conçoivent ces équipements, il faut rappeler que les considérations de temps (et donc d’argent), d’urgence pour battre la concurrence, empêchent que le travail soit mené à son terme sans erreur. C’est même le pourquoi des divers correctifs que nous recevons sur tous nos bidules contenant du logiciel ! On corrige, on plâtre ce qui aurait dû, en théorie, être fait dès le départ. Je leur concède donc aisément qu’on peut passer à côté des boulettes, d’autant plus quand un chef despote demeuré jaloux de ses chiffres (aucune mention inutile à rayer !) vient vous taper sur les nerfs. De là, malheureusement, c’est le client final qui pâtit d’un outil peu abouti, voire qui se retrouve dans des situations totalement ubuesques. Et là, je crois qu’il y a de quoi faire des dizaines de livres tant les logiciels sont capables de faire des choses improbables !

On croit, à tort, qu’on peut s’affranchir du logiciel. C’est un doux fantasme : depuis la facture électrique, en passant par le relevé de compte bancaire, jusqu’à la gestion de vos obsèques, tout passe à travers des milliers de machines différentes, interconnectées, et potentiellement toutes plus mal configurées les unes que les autres. Et concrètement, qu’est-ce que ça donne ? Des cas hallucinants, comme par exemple un type qui reçoit une facture à payer d’un montant de 0,00000000000001 centime, ou un autre qui voit sur son relevé de banque un total sur quatre lignes, mais sans unité monétaire au bout. Des roubles ? Des zlotys ? Aucune idée, mais c’est écrit comme ça. Et là, allez donc comprendre ce que vous possédez, ou ce que vous devez. D’ailleurs, je mets au défi qui que ce soit de rédiger le chèque de 0,0000… centime, ou alors de l’endosser sans provoquer un problème dans les systèmes informatiques de traitement des paiements. Et ça, ce ne sont que deux exemples abscons, parce qu’il y a pire : le type qui s’est retrouvé face à un guichet automatique de parking public qui lui réclamait une somme astronomique, parce que le programme croyait que la voiture était garée là depuis …1899 (bug de l’an 2000), soit plus d’un siècle, ou encore la nana s’apercevant avec horreur que son portable émettait le même SMS en boucle depuis des jours et des jours. Tout à coup, c’est autrement plus concret et pénible, non ?

Tout est possible, tout est faisable, à partit du moment où le logiciel en face vous prendre en grippe. Vous n’entrez pas dans la petite case qu’il maîtrise, qu’il connaît ? Attention, si le programme ne gère vraiment pas cette situation, vous êtes bon pour quelques crises de nerf, et de la surconsommation d’anxiolytiques. Vous n’êtes pas Monsieur ou Madame Lambda ? Vous allez agiter les électrons de la machine, lui faire fumer le disque dur, et la rendre capable de vous vomir tout et n’importe quoi. Entre des messages incompréhensibles du genre « Le programme est en erreur. Cause : pas d’erreur », et les impressions de hiéroglyphes que même Champollion ne reconnaîtrait pas, c’est la foire au n’importe quoi. Et là, quelle attitude prendre ? Stoïque, vous resterez de marbre face à l’informatique qui vous met dans des situations improbables. Enervé, vous serez peut-être amené à insulter l’ordinateur mis en cause, parce que cela soulage, quant bien même la machine en question ne réagira jamais face à vos invectives. A bout de nerf, vous pourrez potentiellement jouez au foot avec le boîtier à présent honni. Que choisir… Pour ma part, les insultes peuvent pleuvoir, la violence plus rarement, car je ne crois pas qu’un bidule électronique soit susceptible de comprendre l’éducation par la fessée, et finalement, je redeviens stoïque, faute de mesures de rétorsion efficace. Ah si, il y en a une, létale : et un formatage dans tes gencives ! Dans ta gueule, machine de merde ! Ah… Heu… et j’ai sauvegardé, ou pas, mes fichiers ? Rhaaaa le con !

Aucun commentaire: