20 décembre 2010

Un an

Elle ne court pas encore, elle n’a pas de mots pour exprimer ses sentiments. Elle est là, elle sourit, elle pleure, elle peste contre les contraintes de ce monde qu’elle découvre peu à peu. De ses mains potelées, elle saisit chaque chose, depuis des objets incongrus et colorés, jusqu’aux traits des gens qui s’approchent d’elle. Elle est belle, adorable, elle va avoir bientôt un an. C’est un cadeau de plus pour ce monde qui a tendance à oublier que la beauté existe, elle est la magie incarnée sous des traits ronds et chaleureux. Ma nièce va avoir un an, et je la trouve plus belle à chaque fois que je la vois.

Le temps passe, on dénombre les années sur les calendriers, on s’entête à reprendre des dates qui peuvent nous rendre heureux, tristes, ou nostalgiques. Faire un bilan de l’année me semble à chaque fois saugrenu, car, après tout, l’année suivante sera elle aussi à analyser de la même manière. Donc, se préoccuper d’un premier janvier ou d’un premier juillet, cela revient au même. Pourtant, je peux en compter des souvenirs doux ou tristes qui se retrouvent prisonniers de mon esprit. Bientôt deux ans qu’un colosse est mort, bientôt quatre qu’un autre est parti pour l’au-delà. Bientôt cinq qu’une amie a dit son dernier au revoir. Cinq ans aussi que je connais un ange que j’aime d’une manière étrange… Et ainsi de suite. Il est difficile de ne rien oublier, de se souvenir de tout.

Les visages défilent, les sourires des uns m’emportent, les larmes des autres me terrassent, puis je me relève, essayant de maintenir un semblant de dignité dans mon attitude. Il n’est pas facile de rester stoïque, parce que la Vie n’a pas pour rôle de nous faciliter les choses, elle n’a pour seul but que de nous faire cumuler des expériences, tant douces que douloureuses. On existe, on respire, on vit, puis l’on meurt, et c’est ainsi que vont les gens pour les autres. Il nous arrive d’envier le sort des autres, songeant à nos petits malheurs personnels, comme si le monde ne tournait qu’autour de notre personne. Pourtant, à tout bien réfléchir, je peux m’estimer heureux, puisque je suis en vie, en bonne santé, entier, offrant ma plume et mes mots à celles et ceux qui comptent à mes yeux. Bien sûr que je peux être triste, obsédé par des souvenirs qui me hantent parfois, mais ce n’est pas que mon lot, c’est celui de tout être, celui de toute personne ayant un cœur. Après tout, je vis, et ce n’est déjà pas si mal, non ?

L’année s’avance, inexorable. On se prépare, on apprête les sapins et les maisons, on colle du papier brillant sur les cadeaux, et l’on noue les rubans à la hâte. On désire faire plaisir, parfois on agit que par obligation morale, comme si offrir tenait d’une règle immuable, et non d’un choix authentique d’être généreux et sincère. Noël, jour de l’an, ce sont deux dates supposées représenter joie et festivités pour tout le monde. Dehors, quelque part, loin ou proche, il y aura forcément quelqu’un pour haïr le mauvais temps, l’existence, le cœur, la vie, tout le monde, personne en particulier, parfois même soi-même. Que dire, que reprocher à ces gens ? Ils vivent, eux aussi, ils sont plus malheureux que je ne le suis, et je ne saurais pas leur dire qu’ils ont tort. Au fond, je suis quelqu’un qui a de la chance, qui son lot de choses que j’aimerais changer.

Elle grandit. Elle va avoir un an. Dans ses yeux, seule la pureté d’un cœur qui s’enrichit chaque jour n’est lisible. J’y vois l’intense réflexion qui, au fil des jours et des moments partagés, m’interroge sur le sens de la Vie : pourquoi as-tu l’air triste aujourd’hui ? Pourquoi ne pas jouer pour oublier ? Pourquoi tu te préoccupes trop ? Laisse les choses aller, comme je suis tenue de le faire moi-même. On s’occupe de moi, on me change, on me nourrit, on me couche, et puis je vis. Je grandis. Je change de pointure de chaussures, mais est-ce important ? Non. Le plus important, c’est nous, c’est moi, c’est toi, ce sont mes parents, mes frères. Je suis heureuse. Je suis heureuse, donc je suis.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

:) larmouillette

je crois que tout est dit..

Didine