01 octobre 2010

Gastro(entérique)nomique ?

La restauration est un monde vraiment à part. Entre des horaires ineptes en tant que salariés, des responsabilités énormes en terme d’hygiène et autres fioritures, et des clients insupportables, il y a de quoi se demander ce qu’il peut y avoir de plaisant à bosser dans un restaurant. Notez qu’en plus, ceux qui n’ont jamais côtoyé la restauration sont souvent les pires clients possibles : chiants, impatients, toujours à dire « Ouais, facile le boulot de serveur », ils ont le don de m’horripiler, surtout à l’audition de commentaires aussi faux que clichés. Mais oui mes braves, c’est facile de finir à minuit le service, et de rempiler une heure de plus pour faire la plonge. Mais oui, ma grande morue à gueule peinturlurée, c’est élémentaire de trimbaler toute la soirée un plateau pouvant peser plusieurs kilos, le tout dans les mouvements des clients, le bruit, et pardessus le marché savoir quoi faire pour que tout le monde soit servi vite, et correctement. Mais tout à fait mon grand bouffon à crête style « j’ai oublié que se coiffer pouvait devenir une obligation », c’est super sympa de se rôtir la tronche au-dessus d’une friteuse toute la soirée, de devoir enquiller des dizaines d’assiettes, de ne pas s’emmêler les pinceaux dans les « Une saignante frite, une bien cuite riz, un tartare haricot ».

Et pourtant, il arrive aussi que par-delà ce métier difficile, voire (pour moi) invivable, il existe aussi les escrocs, les margoulins qui vous prennent pour des demeurés, et pour qui votre assiette n’est guère plus ragoûtante et propre qu’un vide-ordures jamais passé au désinfectant. C’est ainsi, le grouillot, le salopard à toque, l’enflure à tablier immaculé (puisqu’il n’a jamais vu la cuisine, mais des surgelés réchauffés au bain marie), ça existe, et c’est à eux que l’on doit de voir la restauration devenir un métier malsain, pour ne pas dire carrément mal vu. Et vas-y que je t’en fous des tartines dans les médias, que je te dis que les restaurants chinois collent du corniaud dans leurs nems, que la chaîne de pizzerias fourre leur tambouille à la vache folle… Sans rire, à les écouter, seuls les « grands chefs » seraient les tenants de la qualité et du service ! Allons bon, parce que le bon routier, qui vous fait de la vraie frite maison (pas de la surgelée premier prix), avec deux saucisses (des vraies du coin, pas de l’hyper qui vient de planter sa surface tôlée dans le coin), c’est pas de la grande gamelle ?

Ça m’horripile. Savoir faire la cuisine est pour moi un supplice. Je crois que j’ai autant de dons culinaires que Stevie Wonder a de dons pour conduire une voiture. C’en est presque à me dire qu’il vaut mieux prévoir l’antipoison avant même que je ne présente quoi que ce soit. Et puis, finalement, ça vous sauve une soirée, un livreur prompt à déposer le carton salvateur et hors de prix… Et là, c’est le drame, ce con s’est trompé, il vous abandonne avec une « anchois thon crème fraîche ananas » qui a de quoi retourner les estomacs les plus blindés. Allez zou, direction le grasto, pardon le gastos. Tiens, y font quoi ce soir ? Bœuf bourguignon ? Chouette, du classique, on va se remplir la panse, à pas cher, et bien bon.
C’est marrant, cette odeur, elle me dit vaguement un truc là. Je ne sais pas c’est quoi, mais je soupçonne ma mémoire olfactive de me jouer des tours. Pourtant, quand les sens lancent une alerte du genre « Fais pas rentrer ce truc dans ta bouche, débile profond que tu es ! », c’est qu’il y a réellement de quoi s’inquiéter. Et non : vous avalez, mâchez, vous vous régalez, et hop, la satisfaction du bide bien plein !

Et dire que quelques semaines plus tard, vous voyez un autre documentaire qui prouverait (pincettes oblige avec le sensationnalisme routinier des émissions conçues pour faire trembler Germaine, 47 ans, femme au foyer) que certains restos utilisent de la nourriture pour chien en lieu et place du bourguignon. C’était CA, mon alerte mentale ?! Hé ho, faudrait voir à ne pas me rouler les enfants ! Je veux bien être peu difficile sur la gamelle, mais de là à taper dans la même que celui du clébard, y a une limite ! Et pourquoi pas les croquettes tant que vous y êtes ? Petit tour au supermarché, et stupeur : la boite de bouffe pour chien coûte plus cher au poids que celle de bœuf bourguignon prêt à l’emploi. Finalement, ça sous-entendrait que celui qui utilise la boite pour chien sert mieux ses clients que celui qui utilise son équivalent pour être humain ? Seigneur, quel monde de dingue…

C’est pas tout ça, mais j’ai faim moi !

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