07 septembre 2010

Oh le con !

Celui qui pousse ce cri déchirant, celle qui lance cette apostrophe avec conviction, vous, moi, tout le monde nous avons tôt ou tard eu l’occasion de croiser LE con, la pointure absolue. Oui, vous savez, ce type ou cette nana qui pousse la bêtise jusqu’à la connerie, le culot jusqu’à l’indécence, enfin bref celui qui a outrepassé toutes les limites que nous n’auriez jamais atteintes. Aussi grandioses que souvent débiles, ces moments d’extase face à l’incongruité de l’homme valent bien quelques fous rires, ou des mains posées sur nos yeux en guise de honte.

Notez toutefois que nul n’est épargné, et chaque instant de l’existence est propice à une horreur physique ou morale. Le type qui prend l’autoroute à l’envers, comme la femme qui s’engage sur un rond-point à l’envers, l’un comme l’autre peuvent prétendre au titre du « Oh le con ! ». En plus, on peut envisager une récompense par catégorie : la mort la plus stupide, l’accident automobile ridicule, l’accident domestique improbable, la construction la plus incongrue, ou encore le bricolage le plus infâme. De là à ce qu’on en fasse une véritable cérémonie, il n’y a qu’un pas. Cependant, comment faire venir le con en question sur scène ? Difficile, et puis je n’ai pas la cruauté en bandoulière aujourd’hui, aussi vais-je me contenter de rire de la bêtise humaine sans en faire un spectacle aussi ridicule de que les émissions de téléréalité actuelle. D’ailleurs, quitte à faire une émission, je pense qu’on ne doit surtout pas oublier une section pour ces fameux cirques télévisuels ! Mais ce serait une récompense sans éclat ni surprise, car après tout, cela sera toujours « Dans la catégorie pire téléréalité de l’année… Elles sont toutes ex-aequo ! Formidable, comme l’année dernière ! ».

J’ai quelques scènes en mémoire, et tant les hôpitaux que les cimetières ne sont pas avares en exemples tragi-comiques. Le con fini qui monte sur sa véranda (ça commence mal) avec un escabeau (de pire en pire), le tout pour nettoyer un nid, et qui tombe parce que la dite véranda est en pente (le pompon !) et voilà un bon blessé écorché vif, un bon exemple du « Oh le con ! » qui sera poussé tant par le voisinage que par ceux chargés de le rafistoler. C’est dingue : les dessins animés se gaussent depuis toujours des gens maladroits dans ce genre, comme l’exemple de vérifier une fuite de gaz avec une allumette… et pourtant chaque année, les pompiers ramassent les restes de débiles profonds convaincus qu’une fuite se cherche avec un briquet. Appréciable comme nettoyage Darwinien, mais de là à cautionner… Bref, cette hécatombe morbide et amusante à la fois permet, au quotidien, de se dire que le monde est fait de cons, et que nous sommes tous logés à la même enseigne.

Mais tous les « Oh le con ! » ne vont pas à des gens qui meurent, et heureusement. Bien souvent, les situations se révèlent juste drôles et impressionnantes. Le réseau fourmille de photographies incroyables, comme par exemple un avion de tourisme empêtré dans des lignes à haute tension, une voiture écrasée sous un tronc parce que son propriétaire pensait emmener le tronc en une seule fois, ou encore des inventions débiles comme une trottinette motorisée dont le siège est une cuvette de WC. Oui, l’homme est créatif quand il s’agit de faire des conneries innommables. On a bien étalé des imitations léopard sur des murs, peints des chambres en rouge sang de boeuf, ou encore portés des fringues aux imprimés donnant la nausée. Alors, affirmer que seuls les cons sont ridicules, c’est un peu trop facile. Nous le sommes tous tôt ou tard. C’est votre dernière chemise avant la lessive ? Vous allez regretter de boire un café si chaud…

Et puis enfin, il y a soi, chacun personnellement, avec nos hontes, nos boulettes. Qui admettra s’être trompé en répondant au téléphone un « je t’aime » à une copine qui n’est pas votre fiancée, qui reconnaîtra d’avoir jeté par erreur un document essentiel comme une déclaration d’impôt ? Qui, honnêtement, avouera au monde qu’il a merdé en disant « connasse » à sa belle-mère ? Nous sommes tous cons, et bordel, qu’est-ce que c’est bon de l’être parfois !

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