02 octobre 2009

Texte de colère

Je n’ai rien demandé au monde qui ne s’ouvre pas à nous,
Je n’ai pas demandé à vivre sous les bombes d’un fou,
Je n’ai pas non plus demandé à ramper dans les égouts,
Pas plus que ma sœur ne voulait faire le tapin pour quelques sous.

J’aurais voulu connaître autre chose que les caniveaux,
Où plus de sang et de morts stagnent à la place de l’eau.
J’aurais voulu ne plus savoir ressentir ni pleurer,
Quand un voisin blessé à mort, ce matin, est tombé.

Je n’ai pas demandé au ciel de naître dans un pays en guerre,
Je ne lui ai pas demandé de ne plus avoir ni père ni mère,
Je n’ai pas non plus demandé de voir mes deux frères,
Se faire tuer parce qu’on a voulu changer le drapeau de ma terre.

J’aurais voulu leur offrir une sépulture décente,
Pouvoir les enterrer correctement, et pas sous la tente,
Laisser pourrir leurs corps en attendant une détente,
Parce que deux salauds se disputent la même sente.

Je n’ai pas demandé à savoir utiliser correctement un fusil,
Je n’ai pas demandé à devoir tuer celui qui est mon ennemi,
Je n’ai pas non plus demandé à voir le regard terni,
De ces gosses qui ne vivent plus que quelques heures chaque nuit.

J’aurais voulu ne pas connaître la faim et la peur,
Celle du combattant bien trop jeune, et qui pleure.
J’aurais voulu pouvoir me tenir chaque matin debout,
Et pas ramper sans arrêt pour éviter d’être tué sur le coup.

Je n’ai pas demandé de subir la chaleur et la famine,
Je n’ai pas demandé de devoir traverser des champs de mine,
Je n’ai pas non plus demandé de trembler devant un insigne,
Parce qu’un soi-disant policier me braque pour une rapine.

J’aurais voulu ne pas devenir un de ces réfugiés,
Ceux qu’on déplace et qu’on traque comme du gibier.
J’aurais voulu pouvoir me réveiller chez moi,
Dans mon propre lit, caché au chaud dans mes draps.

Je n’ai pas demandé à rester assis dans la rue,
Je n’ai pas demandé à être mendiant sous votre vue,
Je n’ai pas non plus demandé à vivre dans le froid qui tue,
Pas plus qu’à vous supplier parce que je suis un déchu.

J’aurais voulu pouvoir fermer ma porte chaque soir,
Et pas finir en centre dans une cage, dans le noir ;
J’aurais voulu être encore considéré comme un humain,
Et non comme un animal urbain et malsain.

Je n’ai pas demandé à subir et le mépris et l’indifférence,
Je n’ai pas demandé à vivre ainsi, dans votre France,
Je n’ai pas non plus demandé à avoir des béquilles pas de chance,
Et me tenir droit et hurler à tous que moi aussi je pense.

J’aurais voulu que dans la patrie de Descartes,
Que la donne soit honnête quand on distribue les cartes.
J’aurais voulu que le handicap ne soit pas une honte,
Et que l’on nous prenne tous pour ce qui compte.

Je n’ai pas demandé à devoir taire mes malheurs,
Je n’ai pas demandé à connaître l’horreur,
Je n’ai pas non plus demandé à voir ce violeur,
Plastronner devant les caméras, alors que les femmes ont peur.

J’aurais voulu que cette fille continue à grandir,
Sans avoir peur de sortir, et qu’elle puisse avoir un avenir.
J’aurais voulu qu’elle sache que je la respecte,
Et que tous les hommes ne sont pas des monstres infects.

J’ai grandi dans le béton, j’ai de la chance,
Je n’ai rien connu de tout ceci, je suis en France.
Paix à tous ceux qui connaissent ce quotidien,
Même si je sais que quelques mots, c’est trois fois rien…

3 commentaires:

Thoraval a dit…

No comment pour ton poème et la vidéo. Simplement que mon esprit setourne vers un autre texte... Je ne hurlerai pas avec les Loups. Ou bien, un Loup solitaire.

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Merci l'ami

Shuriken a dit…

Difficile de rester insensible à cette colère. Moi non plus je n'ai pas oublié Servat.

Shuriken ("Chang Ti").