01 octobre 2009

Et dire qu’on les oublie ces gens là

Voilà qui est épatant ! Nous avons, en quelques années, effacés et éludés 70 années d'un héritage historique et politique , et ce en quelques coups d’éponge opportuns dans les livres et les villes. Je suis particulièrement impressionné par la distance que peuvent avoir les nations avec ce passé pourtant fort et riche, avec cette puissante imagerie qui, dorénavant, semble surannée et même irréelle. De quoi je parle ? Mais du communisme bon sang ! Hé oui, toi misérable adolescent purulent, toi l’imberbe à la voix de fausset, tu n’as pas connue cette merveilleuse époque qu’était la guerre froide ! Ah, j’en garde un souvenir ému, de ceux que l’on classe avec un sourire non dissimulé parmi les « improbables ».

C’est d’autant plus amusant de songer à une telle époque, que la majorité des réalités quotidiennes des nations ayant revendiquées le communisme comme système échappe encore, aujourd’hui même, à la compréhension de l’imbécile moyen. Communiste ? Etoile rouge, drapeau rouge, marteau, faucille, tout ça… Oui en effet, mais le reste alors ? Aucune idée je suppose. Après tout, l’impact moral d’un Staline sur le Français à la baguette et au béret éternels est à peu près aussi flagrant que celui d’un concert de Johnny Hallyday sur l’économie sud coréenne. Au mieux les gens s’en foutent, au pire ils ignorent même l’existence de tout ceci. « Lénine ? C’est pas un groupe de rock » ?

Sans déconner, je trouve fabuleux le communisme. Ah, le bon temps du passeport frappé de l’inusable étoile. Ah, la belle période sécuritaire où le policier, l’agent de gendarmerie étaient alors capables d’embastiller n’importe qui sous n’importe quel prétexte ! Aujourd’hui, la justice est faite par des avocats, à l’époque, elle était faite par des gradés. Toute une époque ! Je me plais à songer à ces rues enjolivées par le rouge persistant, à ces avenues rappelant le rôle de l’état pour le peuple… Et puis comment ne pas céder à la tendresse face à ces conscrits des « armée du peuple »… C’était beau et seyant, ces bidasses prêts à subir, pour la gloire (et un tombeau aux frais de la patrie) le feu d’un ennemi quelconque ! N’était-ce pas là une belle preuve de patriotisme de masse ? Et puis quoi, les goulags, ce n’étaient pas des moyens expérimentaux d’affirmer que l’homme, mis dans des conditions certes rudes mais saines d’existence, était capable de tout endurer ?

N’oublions pas non plus que le communisme a été un grand laboratoire dans tous les domaines. Prenons l’économie : centralisation, gestion des tarifs, magasins d’état, planification des importations et exportations… n’est-ce pas là le rêve de tout entrepreneur que d’avoir un marché captif et identifié ? Et puis que dire de l’agriculture : fermes d’état aux salariés structurés et organisés, remembrement des terres pour une meilleure gestion, mécanisation obligatoire, tout ceci permit d’identifier comment bien produire, et aussi tout ce qu’il ne fallait surtout pas faire. D’ailleurs, l’expérimentation ne s’est pas cantonnée à cela, elle est allée jusqu’au repeuplement des régions. Déplaçons le surplus pour aller exploiter les terres vides ! Tel était le défi que les communistes tentèrent de relever !

Oh je sais, on va me dire que ce fut bien des échecs, qu’il y eut des morts et des tragédies humaines. J’en conviens, tellement bien que j’affirme qu’il ne faut pas se laisser attendrir par quelques râleurs et autres dissidents toujours prompts à se plaindre pour un oui ou pour un non. Bordel, essayer c’est mieux que de stagner non ? Et puis, combien de gens profitèrent du système à l’envi, se satisfaisant de systèmes sociaux gratuits, de possibilités d’accéder à des postes importants, ou encore de se savoir gérés de bout en bout ? J’en deviendrais presque nostalgique !

Non en fait, ce qui me fait songer à tout cela, c’est quelques souvenirs personnels comme le passage du rideau de fer en Hongrie, avec des soldats en armes, fouillant chaque véhicule et suspectant tout le monde de trafic ou d’espionnage. Je me souviens aussi de mon passeport flanqué du « SFRJ » de couleur grise, et des regards suspicieux à chaque passage de frontière. (Pour information pour ceux qui n’ont aucune connaissance géographique antérieure à 1990, SFRJ signifie République Fédérative des Républiques Yougoslaves). Alors le communisme, quelque part, j’en garde aussi le souvenir des interdictions, de la censure, du fanatisme et de l’oppression pour délit d’opinion.

Nostalgique ? Oui, avec ironie je crois… Souvenons nous avec la larme à l’œil… la vraie larme, celle de la tristesse.

Tenez, les Chinois fêtent les 60 ans de leur parti communiste (qui, il faut le rappeler, a fait très tôt sécession par rapport au comité central Soviétique).

Un peu de culture ?
60 ans de communisme en Chine, sur lemonde.fr

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