30 septembre 2009

Sensualité

La finesse du souffle d’une respiration lente et profonde, la caresse de l’air légèrement vicié et réchauffé par le corps de l’autre, et puis le contact sur la peau que l’on laisse alors nue… On se laisse absorber, les yeux clos, le cœur apaisé, l’âme en paix. Il fait beau sur notre âme. Qu’il pleuve à grosses gouttes sur la vieille gouttière, ou que le soleil s’effondre sur nos volets de bois et réchauffent les rideaux, l’important est là, à proximité de soi. On l’enlace, on s’enivre, et l’on savoure chaque instant que l’on voudrait étirer à jamais.

La magie se répète, inusable perpétuité du désir, immuable envie d’être avec l’autre. L’âge, le temps et l’espace ne comptent plus, on ne se soucie que de ce qu’on a à offrir à l’autre. Tendresses, baisers et paumes chaleureuses s’additionnent pour nous donner la sensation d’être vivants. Nous vivons pour désirer, nous ne vivons que pour savoir notre mort proche. Quitte à disparaître, autant le faire en ayant à l’esprit que nous n’avons pas été totalement égoïstes et solitaires.

La nuit peut tomber, le réveil s’égosiller pour nous envoyer au travail, l’essentiel est là, sous ces draps froissés une peau délicieusement attirante s’offre à nos tendresses. Lentement, patiemment, on envahit le monde de l’autre, la dernière barrière que l’on ne revendique jamais publiquement et qui pourtant saute systématiquement dès que l’amour naît. On étreint, on murmure mille folies qui sont pourtant vérités, et l’on se fait la réflexion que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Sans l’autre point de progrès, sans l’autre point d’intérêt pour l’existence. La philosophie du « je pense donc je suis » est un mensonge. La vraie philosophie est « L’autre m’aime donc nous sommes ».

Les corps s’accolent, les souffles raccourcissent et la chamade bat en soi. Le corps devient connexion spirituelle, les hanches et les reins agissent d’instinct pour que l’autre soit heureux. On donne, on reçoit, on respire le même moment à pleins poumons. Emotion, jouissance, on ne sait plus où l’on est tout en ayant totalement conscience de ce qu’il se passe. On détruit le destin, on le reconstruit aussitôt, on fait mentir le ciel et la terre en se moquant de la gravitée du monde. Rien n’importe plus que l’instant présent, éphémère vol du temps aux dieux. Et l’on ne dit mot, si ce n’est ceux du cœur. Les regards parlent, les mains écrivent, les peaux deviennent romans instantanés, sans cesse réécrits, jamais emmurés par l’usure des sentiments.

Les deux visages se rapprochent, le baiser se fait langoureux, passion et apaisement mêlés. On prend le temps des choses, l’empressement devient avidité de vivre avec et pour l’autre. On se dévore mutuellement, assoiffés de désir, ivres d’avoir assouvis le bonheur d’être deux. Les cheveux deviennent forêt et collines, les courbes et lignes des deux êtres sont alors territoires à découvrir et à explorer. Sans fin, le cycle recommence. On navigue en aveugle et pourtant le chemin est connu. On n’interdit rien, on autorise tout, on se laisse aller. L’imagination devient Reine, épouse fidèle du Roi fantasme. Force et sensualité se mêlent, poison et antidotes s’annulent pour synthétiser le plus beau des moments, le plus intense des passages… la petite Mort.

Mourir d’envie, vivre d’ennui, expier et expirer, telle est l’existence. Nous ne vivons donc pas éternellement pour que l’étreinte ait une valeur. Celui qui oublie toute l’importance de ces instants oublie ce qui fait de lui un être humain. « Serre moi » se disent les amants. Ils se rapprochent, communient, vivent et aiment. Qu’ils sont beaux dans leur nudité, qu’ils sont purs dans leurs gestes partagés. Fragiles et indestructibles à la fois, c’est ainsi que nous découvrons quel don nous avons… Celui d’aimer.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai lu 2 fois ce que tu as écris ..c'est beau et émouvant

corrine

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Merci, je suis flatté

Shuriken a dit…

C'est beau, j'y crois. Combien le recherche...

Anonyme a dit…

c'est pas zentilde me faire ça, en plein milieu du bureau
c'est malin j'ai les larmes pleins les yeux
c'est vraiment bien, bien écrit, bien relaté, bien imagé, on s'y plonge et replonge avec plaisir
merci...d'être aussi doué pour transcrire ce que tout l'monde recherche mon ange
bisoussss douxx

Carine a dit…

Sublime.
Doué d'une plume si affinée pour décrire les sens troublés, il serait dommage de choisir un autre sujet, sourire..
Bien jouée, cette mélodie.