16 septembre 2008

La robe pistache.

Comme un souvenir, quelques instants d’un bonheur inconnu au milieu d’une foule faites d’inconnus, de connaissances et d’amis…

Et puis elle apparaît, radieuse, éclatante de joie dans sa robe pistache qui vole au rythme de ses pas. Toute la troupe se fait mouvante, l’orchestre s’amuse et délie ses notes pour offrir une union des générations. On chante, on s’amuse, on vit dans les triolets sans que les silences viennent noircir les blanches. Admirable, la robe pistache s’envole, redescend, entraîne et mène la danse. Les mains se joignent et battent un rythme endiablé. Il y a comme une communion, comme une magie qui ne doit pas s’évaporer… Et ces yeux qui pétillent, cette paire de noisettes qui filent à toute allure d’un visage à un autre.

Certains vont s’asseoir, d’autres se lèvent et rejoignent les danseurs. Je suis là, à deux pas, je vois ces jambes qui tricotent un rythme qui ne faiblit pas. A côté de moi les cravates se desserrent et les vestes tombent sur les chaises. Il fait chaud, c’est un été heureux où les cœurs parlent avec les reins et où les regards sont honnêtes. Elle ? Elle continue son roulis, son tangage incessant d’un danseur à un autre et elle nous attire pour que nous lui offrions l’espace de nos bras. Elle danse comme personne ici ce soir, elle éclipse la beauté, elle brouille les pistes et même un piètre danseur semble glisser sur la moquette bleutée. « Qu’ils sont beaux ! » s’extasient les spectateurs sans une once de jalousie. La beauté exprimée en mouvements de hanches choisis…

Et puis ses pieds lui dictent que la prison d’une paire de chaussures devient intolérable. En quelques instants elle se déchausse, les chaussures disparaissent et la voilà libre d’arpenter la salle de danse avec un rire qui réchauffe l’âme. Le plus triste des larrons, le plus ivre des solitaires ne saurait résister à telle envolée de colombes dans le fond d’une gorge si fine ! Je m’extasie dans le châtain de ses cheveux longs qui lui font une couronne mouvante et soyeuse. D’un doigt elle supprime la mèche qui lui pend sur les yeux, d’un doigt elle invite un ami, une connaissance, un inconnu à prendre la place du dernier danseur usé et ravi d’avoir fait quelques pas. Elle est belle, délicieuse, un fruit à la saveur unique…

Et puis la musique ralentit, l’orchestre soulage la troupe en entamant quelques mesures paisibles et plus tamisées. Nous retournons aux tables encerclant la piste et chacun se sert un verre pour trinquer. C’est ainsi, la jolie danseuse rejoint sa place, et du haut de ses dix ans elle nous sourit à tous, ravie d’avoir pu profiter d’un tel instant pour démontrer que la danse peut être la vie.

C’était au mariage d’un ami. C’était un instant de grâce rare où nous avons tous vu un ange passer au milieu de ces adultes à la candeur à jamais flétrie. Merci à toi, petite inconnue, petite perle vêtue d’une robe pistache qui m’a donné le sourire et offert un moment de pur plaisir. Et si un jour j’ai une fille… j’aimerais qu’elle soit aussi légère et ravie de vivre.

Merci à toi.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

comme c'est émouvant , ce texte est magnifique , j'ai m'impression de vivre vraiment en te lisant
corrine