15 juillet 2008

Feu d’artifice

Cela faisait bien dix ans que je n’avais pas assisté à un feu d’artifice, tant parce que l’ambiance associée à cet évènement me semblait tenir du rassemblement d’imbéciles venant découvrir qu’un produit détonant pouvait léser tant la peau que les tympans. Bien qu’il me fut donné de me raviser, j’errai, tergiversai et me refusai à fêter dignement la prise de la Bastille en me contentant de chips au moment du défile des armes... Bien mal m’en prit je crois. En effet j’ai pu assister au feu d’artifice organisé par la mairie de ma ville et je dois leur concéder que non content d’être particulièrement réussi l’ambiance fut festive et bon enfant. Moi qui m’inquiétais de revivre le pénible souvenir de fête nationale associée à excès d’alcool et bagarres dans les fourrées, je fais à présent mon mea culpa. Maire de Champigny Sur Marne, votre choix fut réussi !

Somme toute, le feu d’artifice rappelle terriblement que la poudre (et donc les armes à feu) peut être utilisée à des fins pacifique et même esthétique. Ignorons d’emblée tout cliché : ce n’est pas la canonnade provoquée par les tirs, pas plus que le son strident des fusées suggérant un tir de barrage qui m’a plu, c’est l’abondance de couleur et la poésie s’en dégageant. Viles mauvaises langues, tout de suite ... Bon bref, oui ce fut superbe, profondément poétique du fait de l’emploi judicieux de musique pour accompagner des « tableaux » visuels et sonores. Mélanger diverses tonalités joyeuses et chatoyantes à des explosions brillantes, c’est une ode à la vie et à l’espoir et non une revendication de l’usage des missiles dans son propre espace aérien. Certes, l’odeur de poudre aiderait quelques narines fragiles à se remémorer Bagdad ou bien Reims sous les bombes américaines, mais qu’importe là c’est une naissance fugace d’une étoile née de la poudre et de l’étincelle de vie.

Comment ça je ne suis pas crédible ? Pourtant je l’affirme, j’ai adoré cette vision légère de l’existence, depuis la naissance symbolisée par de lentes montées lyriques jusqu’à la renaissance explorée à travers de grandes traînées de lumière. En tout cas j’ai interprété la chose de cette manière, d’autres ne faisant que s’extasier à chaque détonation. « Ah ! Oh ! » ... mouais, bon, c’est joli, c’est puissant, mais de là à jouer les imbéciles éberlués à chaque bombe s’élevant dans le ciel il y a des limites. Je crois avoir passé l’âge de m’émerveiller d’un rien, même si de ce point de vue j’aimerais pouvoir redevenir enfant l’espace d’une seconde. Voir le pétillement des yeux d’un gosse émerveillé, l’observer suivre la trajectoire d’une fusée et dire « Bleu, non elle sera rouge ! », c’est si tendre et si candide ! Par contre un adulte sain d’esprit jouer le même cinéma alors que l’on sent bien que c’est par pur besoin d’imiter la meute... pathétique. Mais passons outre, ce serait gâcher mon plaisir.

L’invention des feux d’artifices est antérieure à celle des armes, et n’avait pour seul but que de plaire et d’impressionner la foule. Faire la fête en Asie (en Chine notamment qui est le lieu de création de ces fusées) est aujourd’hui encore totalement associé aux pétards et aux feux d’artifice. Esthétique, bruit pour chasser les mauvais esprits, couleurs variées pour charmer les divinités et s’attirer leurs faveurs, tout un rituel qui a un sens et que nous n’avons guère en tête. On célèbre, envoie des fusées dans les airs pour subjuguer par la démesure plus que par une envie d’être en phase avec la nature. Les écologistes répondront que les explosions font du bruit, que la poudre sent mauvais... mais bon sang c’est aussi un bienfait, une communion sans frontière d’âge ou de religion ! Le 14 Juillet représente à mes yeux la valeur vitale pour une nation : l’unité nationale. Certains parlent de liberté et se trompent, le 14 Juillet 1789 symbolise l’union d’un peuple contre un système royal dépassé par les évènements, une gestion déplorable des ressources et une oppression permanente des pauvres. Quoi qu’on en dise, l’histoire n’a pas donné raison à la révolution (vu le bilan de la terreur sous Robespierre), mais elle aura donné raison à un fait : un peuple, une nation. Le feu d’artifice m’a semblé être cette unité dessinée dans les airs, des couleurs et des fois différentes, mais finalement unies pour un seul et même spectacle : celui de la Vie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Etonnant qu'une Nation voulant fuire la servitude du judéo-christianisme et se prétendant laïque verse dans le paganisme guerrier en sacrifiant au feu du Renouveau et à Mars.
Mais, c'est la France...