04 février 2008

Raisonnements « militaires »

Aussi étrange que cela puisse paraître aux détracteurs de la grande muette, il arrive en effet régulièrement à des militaires de faire preuve de jugeote et même d’initiative, chose qui pourtant est antinomique avec le concept de hiérarchie. Certes, il n’est pas courant de pouvoir mettre en exergue les qualités d’improvisations des chefs car bien souvent ceux-ci sont hélas engoncés entre le sacro-saint manuel d’une part, et l’obligation d’obéissance d’autre part. Là où tout devient plus « drôle » quand on est observateur extérieur, c’est quand la situation se dégrade et que le bon sens n’est plus mis en avant pour sauver la situation d’un naufrage dramatique.

Pour autant qu’on sache l’Histoire se complait à relater des évènements aussi dramatiques que significatifs, comme s’il fallait à tout prix répéter sans arrêt aux contemporains que « Attention, faire le con avec les règles élémentaires de la guerre mène souvent à la défaite ». En soi c’est un conseil valide pour toute chose et quand on s’échine à enfoncer dans la caboche d’un mouflet que poser ses paluches sur un fournil c’est une idée à la con, c’est généralement par sécurité et non par cruauté. Pourtant, le général semble supposer (à tort) qu’il peut infléchir le cours du conflit par son audace que moi j’appelle plus précisément « connerie ». Custer, aussi convaincu qu’il était de sa force et de ses armes fut écrasé par les indiens. Comme quoi, être mieux armé ne veut pas dire être plus compétent…

Dans bien des récits le drame prête facilement à rire avec ironie une fois que l’on transpose le schéma sur un ton plus comique. Lorsque les français attendirent l’assaut allemand dans la ligne Maginot, m’est avis que, ni les bidasses, ni les généraux n’envisageaient que les troupes ennemies passeraient par la Belgique. En résumant, on pourrait alors dire « Si si ! Ils peuvent passer par là aussi ! ». Bien entendu, être ensuite pris à revers par un ennemi qui jamais ne se présentera de face a quelque chose de frustrant et même d’agaçant mais somme toute, la première des règles est de ne jamais s’enterrer sur une position et d’être capable de faire mouvement à tout moment. Demandez aux poilus (enfin… au dernier qui soit encore en vie du haut de ses 110 ans) s’ils n’auraient pas préférés le mouvement à l’enlisement. Dans le même ordre d’idée reconnaissons que le courage n’est pas pris en défaut lors des situations absurdes : c’est là qu’on perçoit la volonté inébranlable de survie malgré la bêtise pathologique des faiseurs de guerre. Nivelle lui-même a remercié ses troupes de s’être fait hacher menu par l’artillerie et les mitrailleuses, et ce en pure perte. Un tel acte donne alors l’adage qui dit « Faites des pertes monstrueuses vous serez décoré, ne tuez pas votre ennemi vous serez fusillé ».

Les volontés molles tout comme les décisions inflexibles savent également se faire erreurs dramatiques : L’Irak a quelque chose d’invraisemblable puisque d’une part la première guerre fut une action trop limitée, et d’autre part la seconde une action trop étendue. Entre ensablement et désillusions des troufions, sans compter le rejet de l’opinion publique, je me demande sincèrement si ce nouveau Vietnam n’est pas là juste pour nous répéter qu’il existe et existera toujours des abrutis pour décider qu’ils ont la vérité pure et que le voisin est un imbécile. Evidemment, les intérêts économiques ne sont pas à négliger, surtout quand on parle du confort d’une nation, mais de là à dilapider l’économie sous prétexte de la faire fructifier… il y a comme un non-sens. Fut une époque le conflit en pleine jungle se justifiait sur le terrain politique, une sorte de pied posé en Asie qui était alors sous la domination rouge. Quelque part il est donc raisonnable de penser que les présidents changent, mais les conneries restent…

Après, on peut aussi regarder l’ambition qui dévore le bon sens. Napoléon, en se gelant les pieds dans la neige Russe, n’a-t-il pas pesté contre sa propre incurie ? Pour un génie qui savait gérer, régner et diriger une nation sans faiblir, il m’est inconcevable de croire qu’il ait pu se fourvoyer à ce point. Quoique : quand on devient trop gourmand, on en paie tôt ou tard le prix et là je résumerai à « L’aigle n’apprécie pas des masses la steppe ». Les troupes nazies réitérèrent le même trajet avec la même infortune, et probablement les mêmes raisons. Les deux hommes étaient « petits » physiquement, les deux avaient une vision hégémonique du monde, et les deux finirent sur le bûcher des vanités. Encore que, le premier eut la chance de ne connaître que l’exil et non l’obligation de faire de la publicité pour une marque de carburant.

L’Histoire retiendra de toute manière une chose : l’Homme quand il se croit malin se prend systématiquement les pieds dans le tapis, et pardessus le marché il ne se plantera jamais seul. C’est une façon de dire poliment que la hiérarchie, c’est comme les nuages : dès qu’on en a vraiment besoin ceux-ci se font bizarrement la malle pour des contrées moins hostiles. Allez savoir si le général n’est finalement pas fait d'hydrogène: léger, prompt à s'enflammer, mais finalement peu utile au quotidien...

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