18 février 2008

Dormir avec une grenade dégoupillée

En commençant cet article j’envisageais de ne pas parler du Kosovo, ne serait-ce que pour des principes d’opinions qui sont les miennes à ce sujet. De fait, je vais simplement décrire ce que je sens comme conséquences à l’acceptation de cette indépendance et ce par devers les institutions Serbes. Pour certains mes propos sont déjà intolérables et teintent mon discours d’un nationalisme bon teint. Ce que je dis est hélas très simple : en voulant forger des nations qui n’existent pas on forge l’épée avec laquelle on va se faire tuer.

Observons la situation actuelle telle qu’elle est vraiment. Nul ne croit en la paix, pas plus les Serbes habitant là-bas que les Kosovars. Je précise pour ceux qui l’ignorent qu’une partie de ceux cherchant l’indépendance sont des musulmans vivant au Kosovo et donc pouvant se réclamer d’un hypothétique peuple Kosovar, et qu’une autre partie de cette même population se réclame Albanaise. Résumons : nous avons les Serbes qui ne voient pas de raison de quitter ce qui reste de la Yougoslavie, une population voulant l’indépendance du Kosovo, et une dernière part voyant dans cette indépendance comme une étape avant de rejoindre le giron de l’Albanie. Rien que là nous avons donc trois clans capables de s’entretuer pour des raisons qu’on estimera légitime.

Maintenant regardons de plus près le pourquoi d’une résistance farouche de la « minorité » Serbe. En l’espace d’un siècle la population Serbe ne progressa que très peu en comparaison de la population « Albanaise », ceci inversant peu à peu les rapports de force. De majorité les Serbes devinrent la minorité, ceci imposant alors une gestion délicate d’un territoire de toute façon litigieux depuis des siècles. De plus, après la fin du conflit mondial l’immigration albanaise vers le Kosovo ne fut pas neutre dans les changements majeurs rencontrés là-bas. Qui a raison ? Qui a tort ? Je laisse le soin à chacun de juger de la situation mais je rappelle à toute fin utile qu’un bon nombre d’habitants espèrent voir naître une république islamique… aux portes de l’Europe ! Bien qu’ils soient une minorité, c’est cette même minorité qui a tenu les fusils contre les troupes Yougoslaves… le pouvoir du fusil pour influencer les élections à venir en quelque sorte.

Cette situation instable a rendu la vie des Serbes d’autant plus délicate qu’elle est maintenue possible par des forces de l’extérieur. Je doute que le départ de la police de l’ONU soit d’une totale intelligence. Au dernier soldat casque bleu quittant les lieux, les représailles ethniques ainsi que la ségrégation réapparaîtront sans aucun doute. Si ce n’est pas abandonner un peuple à son sort je ne sais pas ce que c’est, surtout quand on connaît le nationalisme galopant dans les Balkans. Rapidement, on peut donc comprendre que les Serbes demanderont d’abord de l’aide à l’ONU (par acquis de conscience), puis aux Serbes eux-mêmes qui ne manqueront pas de faire pression pour qu’il y ait règlement. Quiconque croyant qu’une telle situation puisse rester pacifique est un doux rêveur !

Une fois ce climat délétère acquis, des luttes intestines se feront jour entre les Albanais eux-mêmes : entres ceux croyant à une certaine laïcité à la Turque, ceux qui voudront imposer un pouvoir à l’Iranienne et les derniers incitant tout le monde à devenir Albanais dans les faits, les élections deviendront des points cruciaux de prise de pouvoir. Peu se résoudront à repousser une échéance qu’ils estimeront vitales, les uns voulant une réaction immédiate, les autres une réaction radicalement opposée à la première. Les urnes deviendront le nerf de la guerre, et même une source potentielle de guerre réelle celle-ci. Les fusils pourraient alors crépiter non pour défendre le droit de vote mais pour interdire à l’autre de faire cet acte civique. Coincés dans cette nuée de mouvements radicalisés par des influences extérieures (financement des extrémistes religieux par des pays du golfe, propagande proserbe et nationaliste assistée par la Serbie voire la Russie…), les combats naîtront là où les symboles seront les plus forts : villes ayant subi les mauvais traitements de l’ex armée fédérale, villages ayant une mosquée ou une église orthodoxe, lieu d’histoire quelconque… tout sera bon à défendre et à n’importe quel prix.

Merci à vous, ONU, d’avoir dégoupillé une grenade et de l’avoir placée à nos pieds. Comme si cela ne suffisait pas c’est sur les contribuables que vous allez financer la prochaine intervention militaire qui pourrait en représailles créer du terrorisme à l’international. Nous avons créés Ben Laden avec le consentement de la Cia, vous ONU vous allez créer un de ses héritiers moraux en légitimant indirectement un conflit ethnique. J’avertis de plus ceux et celles qui iront s’en mêler : Les russes ne seront pas spécialement tolérants concernant les actions militaires Américaines ou européennes sur place. A l’époque les USA ont profités de la faiblesse du pouvoir russe, aujourd’hui et surtout demain il faudra s’attendre à autre chose qu’un simple avertissement courtois de Moscou.

Et si Churchill avait eu raison en déclarant que « la prochaine guerre mondiale commencera dans les Balkans » ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour appuyer les propos de mon ami, puis-je rappeler à toutes fins utiles que c'est ce même déséquilibre qui a foutu un gros merdier dans les rapports de force en Europe, en Méditerranée et en Russie, lors de la première guerre du Golf? Mais si, souvenez-vous: Albanie, Macedoine. Macédoine? Grecs. Grecs? Turquie. Turquie? etc, etc. Jusqu'aux petites républiques le long de la Russie. Chrétiennes pour certaines, islamiques pour d'autres... Lors de la crise irakienne, quand la menace de Troisième Guerre Mondiale fut prononcée, ce ne fut pas pour Saddam, mais bien pour cette petite partie de l'Europe.
Notre Chroniqueur a raison: En voulant forger des nations qui n’existent pas on forge l’épée avec laquelle on va se faire tuer.
C'est Sagesse que d'écrire cela!