04 janvier 2008

Autoproclamé

En voilà un mot qu’il est étrange ! L’air de rien, cette chose lexicale a un pouvoir démentiel sur les nations, l’environnement et pour ainsi sur toute chose que l’humanité peut vivre. Pourtant, rien n’est plus anodin qu’un mot, surtout s’il est correctement utilisé… et là c’est justement son utilisation qui pose problème. Tel un professeur apprenant le vocabulaire français à des morveux, je veux dire des têtes de … non des étudiants (je me mords la langue), je pense pouvoir me faire messager de l’importance historique de ce « autoproclamé » bien nécessaire pour expliquer des situations allant du dramatique au comique.

Historiquement et linguistiquement je ne me suis pas étalé dans une recherche approfondie, pour tout dire même je ne me suis même pas penché sur la question tant celle-ci m’a semblée saugrenue ici. A quoi bon poser des jalons historiques pour un mot alors que l’essentiel est d’en comprendre l’usage exact ? Ce serait comme déblatérer des semaines durant sur le fonctionnement du moteur à explosion dans les oreilles de personnes trouvant ce sujet totalement inintéressant. J’ajouterais même qu’il y a toujours un expert en tout, et que bien souvent sa « science » tient hélas plus du gargarisme pompeux et pédant que du nécessaire savoir salvateur pour une humanité ignare. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais reconnaissez tout de même que de savoir si une tranche de pain tartinée de beurre de cacahuète tombe plus facilement côté beurre à cause de la loi de Murphy…. D’accord je m’égare, recadrons. Donc, oui, je me cantonne à définir « autoproclamé » dans le langage courant.

D’un point de vue historique pratique cette-fois ci, il y a évidemment énormément à voir et à lire. Prenons un exemple concret comme ce cher Napoléon 1er. Dans le genre « Je me proclame de par ma propre volonté et mes propres décisions Empereur des français et si possible à terme du monde entier », c’est quand même un calibre de choix ! Le monsieur avait réussi à faire prendre la décision de créer l’empire… sur des bases républicaines, ceci avec l’aide du sénat. Si ce n’est pas une manipulation colossale, j’ai de quoi perdre mon latin ! Bon, admettons, tout de même il ne s’est pas réellement « proclamé par lui-même » comme le définit le terme, mais finalement, en prenant tous les pouvoirs et rendant par là obsolète le pouvoir de ceux qui l’avaient mis en place, la frontière entre putsch et élection est plus que ténue. Enfin, passons…

Bien des républiques Africaines… Désolé rien que d’associer république avec les systèmes de gouvernements ayant cours sur le continent Africain, provoque chez moi une hilarité que seul un euphorisant saurait provoquer. Sincèrement, république, démocratie et libertés individuelles, ça signifie quelque-chose là-bas ? En dehors de quelques vraies démocraties où le droit de vote à un sens, la majorité des chefs d’états ne sont que des dictateurs imbus de leur image et des comptes en banque dans les îles Canaries. Majoritairement ces hommes de l’ombre sont arrivés à la lumière en éclairant les bâtiments officiels à la mitraillette et au mortier. Se proclamant président une fois la conquête terminée, il n’y a pas le moindre doute que le terme « autoproclamé » n’est pas usurpé. Le pouvoir des armes permet donc de mettre en pratique le petit guide nommé « Comment devenir président à vie en l’espace de dix jours », ou alors d’en rédiger un à l’attention des comploteurs de tous poils. Tiens, ça me donne des idées ça !

Passons à tout autre chose : nous avons parlés de la science des lettres mais dans l’absolu toute science peut subir ce joug terrible de la proclamation personnelle, ceci au titre qu’en se déclarant expert de quelque-chose il est souvent difficile voire impossible d’en démolir la réalité, notamment quand de science la dite étude n’a que le nom. « Expert en terrorisme », « expert en internet », « expert en migration des sauterelles au Groenland » et j’en passe, tous ont pour point commun de s’accorder une légitimité sur un titre qui bien souvent est aussi pompeux qu’il est creux. Expert en internet ? Dans quel domaine ? Expertise en terrorisme ? Lequel, celui mis en œuvre en occident, en orient, ou bien en méthodes de formation, de recrutement ? Allons bon, il n’y aurait donc d’expert là-dedans que la façon de se vendre comme tel ? Les bras m’en tombent, au figuré s’entend (je n’ai rien d’une poupée que l’on peut démantibuler à loisir !) et j’opine du menton avec désespoir quand je lis que « tel expert décrète que » en sachant que dans l’immense majorité des cas ses « visions » seront au mieux peu proches de la réalité, au pire totalement erronées. Ecoutons donc ces dits experts qui disaient en vrac : la bourse est stable et ne bougera plus, ceci l’avant-veille du crack de 1929, les hommes n’iront jamais sur la lune, tout juste deux décennies avant sa réussite, ou mieux encore qu’aucun avion ne dépassera jamais la vitesse du son… à quelques jours du fameux vol de Chuck Yeager. Amusons-nous, les exemples d’inepties expertisées sont légions et vous pouvez de chez vous jouer en cherchant les rapports d’experts, puis en les confrontant à la réalité. C’est généralement édifiant.

Ajoutons enfin une catégorie fort intéressante où les mythomanes, les névrosés et les prétentieux se disputent la vedette : l’autoproclamé à un poste quelconque qui n’existe pas, et qui plus est le ridiculise dans les faits. Je viens de lire un article fort amusant et débile au demeurant sur l’action imbécile d’un membre de la communauté Facebook. Vous savez ce qu’est le facebook ? Non ? C’est le principe de se monter des réseaux « d’amis » en y arborant son faciès et en jouant le tout dans un principe dit de communauté. Bien sûr, on peut se retrouver par thèmes, par régions géographiques, bref par divers critères plus ou moins pertinents. Pour en revenir au gag Facebook, un candidat aux législatives dans les Hauts de Seine s’est autoproclamé (je cite) « Président de Facebook ». Petite explication : le réseau dit social de Facebook dispose d’énormément de petits outils nommés « plug-in » permettant tout un tas de manipulations comme par exemple le tri des contacts, une recherche pertinente, et dans notre cas présent l’élection d’un pseudo président du réseau. Monsieur Arash Derambarsh (citons le !) a donc reçu 9000 vote de ce dispositif, en sachant que le réseau compte plusieurs millions d’utilisateurs, et que le dit vote n’a pas été réalisé par Facebook mais par une société tierce, éditrice du fameux plug-in. Aujourd’hui, de président l’homme s’est prononcé pour un mea culpa plus que nécessaire, mais s’est vu en échange attribué le statut de clown du réseau. En toute franchise, il y a de quoi rire et se moquer du personnage, bien que je trouve la méthode employée fort judicieuse : riez à mes dépends, au moins vous me connaissez ! C’est une forme nouvelle de propagande… quoique le tout soit tout de même plus digne d’être taxée de débilité que de stratégie, et je doute que les futurs électeurs dans sa circonscription prennent la chose avec le sourire. Personnellement, cela ne saurait m’inciter à lui offrir sa voix, et même plutôt à me faire battre la campagne pour rappeler que le « guignol » dont les bulletins sont à côté de l’urne représente à mes yeux un manque de respect pour le système électoral. Faire parler de soi, bien, c’est le jeu, le faire intelligemment c’est mieux !

Finalement, je me suis autoproclamé râleur et impertinent, ça au moins personne ne saurait le remettre en question, non ?

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