19 novembre 2007

Plasturgie ?

Contracter plastique et chirurgie pourrait donner « plasturgie » qui est effectivement un mot de la langue française et qui décrit les métiers liés à la transformation des matières plastiques. Un plasturgiste est donc un expert de la presse hydraulique, du moule sous vide et non du scalpel supposé gonfler les seins ou raboter le nez en péninsule. Hélas, la chirurgie c’est un peu comme le vin, c’est rarement indispensable et en abuser mène non pas à la plaisante ivresse mais essentiellement à la nausée. J’ajouterais même que l’excès de vin mène à rendre du liquide et l’excès de silicone à rendre ses lèvres.

Pourquoi ce besoin maladif de jouer de la modification physique outrancière ? Est-ce vraiment devenu une nécessité que paraître plutôt qu’être ? Je ne comprends pas vraiment le principe, notamment quand il n’y a que des considérations même pas esthétiques mais juste d’orgueil. Ces acteurs et actrices qui se font refaire la devanture pour être plus « beaux » (sic) ne font finalement que démolir le peu d’authenticité qu’il pouvait leur rester. Il suffit de se pencher sur les clichés du visage d’un certain Stallone pour être pris d’une saine frayeur tant le massacre est flagrant. Franchement, si l’acteur a été apprécié c’est pour sa « gueule » et non pas spécifiquement pour un jeu qui malgré tout le sert fort bien (parfois). Songeait-on du temps des Ventura ou Gabin à charcuter la bobine pour y sculpter de nouveaux traits et virer les rides si significatives de l’âge qui avance ? J’en doute fort, et d’ailleurs les spectateurs s’y seraient fermement opposés.

J’aime bien le naturel, cette composante essentielle dans le corps humain, cette vérité qui même imparfaite en fait toute la qualité. Quoi de plus vrai que le petit grain de beauté qu’on connaît si bien sur le corps de l’autre, ou ce regard qu’on aime tant alors qu’il est très légèrement asymétrique ? Qu’on me dise qu’un corps refait est plus beau et je hurle comme un loup affamé dans la plaine ! Nous n’avons pas à balafrer la beauté pour la rendre « plus belle ». Elle est et restera à mes yeux la perfection du petit défaut bien placé. En quoi des clones devraient-ils peupler nos rues et avenues alors que c’est la diversité même qui fait qu’on peut avoir le loisir de se connaître et même parfois de s’aimer. Toute la pureté du naturel est donc là, dans la différence, dans l’improbable écart qui fait que ce visage là sera celui qu’on aime pardessus toute chose bassement terrestre. Et pourtant les cabinets ne désemplissent pas, les cliniques sont devenues des institutions où l’argent est supposé offrir au tout venant la pointe de la technologie. Laissez moi rire, la pointe du bistouri d’un maître es dépeceur vous voulez dire. Rafistoler son prochain pour lui faire prendre une autre apparence n’a rien d’un acte médical mais plutôt d’un acte de malveillance. C’est même là le gag le plus atroce : le ou la patiente ignore toujours le résultat final jusqu’au moment où l’on ôte les bandages. Sublime non, de se réveiller un visage qui ne nous convient pas !

Après, je donne un énorme crédit à certains artistes de la chirurgie, ces experts qui reconstruisent des visages détruits, soignent des difformités qui par le passé condamnaient les gens à l’isolement, et même réussissent le tour de force de rendre apparence humaine à ceux l’ayant perdue. A eux je rends hommage vu les mains en or et l’œil de peintre qu’ils possèdent. On ne refait pas des traits brûlés comme on suture une plaie, on ne reconstruit pas un nez comme on pratique une ablation de l’appendice, et finalement à eux, et eux seuls, ces Botticelli de la tronçonneuse je rends définitivement hommage dans ce corps de métier où pullule plus de parasites de la peau que de puces sur le dos d’un chien errant.

Enfin, je suis aussi ironiquement admiratif par ces gens qui subissent les contrecoups d’une opération de chirurgie plastique ratée, notamment dans les cas d’esthétique pure. C’est comique et tragique à la fois de voir une gourde espérant se faire gonfler les seins se plaindre que les deux prothèses ne soient pas parfaitement identiques. A hurler de rire, et à verser des larmes devant tant de bêtise. Comme si une opération de chirurgie était un acte léger, bénin, comme se brosser les dents ou se coucher pour dormir par exemple.

Mon conseil ? Je n’en ai aucun. Il arrive parfois que la nécessité physique apparaisse et que le passage sur la table soit un bienfait, mais dans la majorité des cas, n’oubliez jamais : tout traumatisme sur un corps se paie tôt ou tard, et plus l’acte sera sévère, plus l’addition sera salée… qu’on se le dise !
PS: je n'ai pas mis de clichés, à chacun de se faire une idée... la mienne est toute faite.

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