07 mai 2007

Résultats

Qui ne s’est pas intéressé au résultat de l’élection ? Qui a exulté et qui a laissé exploser sa colère ? Personnellement je ne suis ni déçu ni furieux, tout au plus circonspect sur pas mal d’aspects des images qui se sont accumulées au cours de la soirée de Dimanche. Sur bien des points je suis même inquiet car, non sans une dose maîtrisée soit de propagandisme éhonté soit plus prosaïquement de vérités factuelles il s’est avéré que nombre de travers sont à montrer du doigt.

Concernant tout d’abord le résultat par lui-même : quiconque ayant attendu les dernières minutes avec intérêt devant sa lucarne à images a constaté l’effervescence des supporters de la droite et la visible résignation des tenants de la gauche… et ce avant même l’annonce même du résultat final ! Pour ma part je suis resté particulièrement étonné de cette « prévision » des foules, et j’envisage plutôt une fuite contrôlée d’informations afin de s’assurer une foule docile et préparée à la défaite… ou à la victoire. Quoi de plus beau qu’une masse de badauds sûrs d’eux, quoi de plus splendide que ce cliché dans l’escarcelle du vainqueur ? Il est donc évident qu’une bonne part de la partie populaire des évènements a été sinon organisée ou tout du moins canalisée.

Après cela, je rends hommage à Madame Royal pour sa digne apparition et son discours motivé par une foi indéfectible dans ses idées. L’émotion était perceptible, la déception tangible mais au contraire d’un VGE scandaleux - inoubliable « au revoir » sans panache - elle a été une candidate pour laquelle, finalement, je rends un salut poli et respectueux. Rien que pour cette tenue je lui pardonne bien des erreurs et des errements qui lui ont portés préjudice. Ne nous leurrons pas, elle a perdu de crédibilité ce qu’elle avait de cachet en étant une femme engagée. Dommage…

Prenons à présent la Rue : de tous les côtés c’est l’agitation, soit festive d’une victoire indiscutable, soit plus scandaleuse par des embryons d’émeutes. Je ne m’attarderai pas sur la partie joyeuse, elle a été montrée, disséquée et sublimée sous les regards complices des caméras et des appareils photos, en revanche je laisse éclater une saine colère sur le terrain boueux des revanchards. Chers électeurs, je vous rappelle que la victoire est un fait avéré par le pouvoir des urnes, que la décision provient non pas d’une personne mais de la foule, du peuple, et qu’il me semble déplacé d’aller se venger après la défaite. Vous taxez les opinions de Sarkozy de fascisme, de populisme acharné… et que faites-vous en brisant la vitrine d’un bureau UMP ? Du fascisme. La défaite c’est assumer qu’on est en position de faiblesse, non en situation d’isolement nécessitant la destruction. Aimez-vous les hooligans abreuvés de bière et pratiquant le tabassage des supporters adverses ? Non ? Alors pourquoi agir sur le même schéma de pensée ?! C’est indigne d’un électeur ayant du bon sens. Pour le moment le nouveau président attend dans les coulisses pour faire ses premières apparitions et ses premiers actes d’élu. Dès qu’il sera au pouvoir, attendez le au tournant, montrez vous intelligents et sûrs de vous et non pas en imbéciles en vous excluant par la même occasion du débat. On ne parle pas aux casseurs, on les matraque.

Petite déception : j’ai trouvé la façon d’agir du nouveau président tout à fait à la hauteur d’un chef d’état… américain : soirée en boîte de nuit, défilé à toute vitesse encadré par les motards de la police, images à l’épaule des journalistes puis finalement barrage policier pour les empêcher de continuer à suivre le cortège. Certains scribouillards iront critiquer ce geste mais si vous savez un tant soit peu ce que sécurité veut dire, vous remarquerez que sur les dizaines de mots engagées à la suite du véhicule, bon nombre étaient tout sauf des équipes de tournage. Comment trier ? On bloque en masse et l’on trie, point final. Tout cela me laisse un rien dubitatif car pour quelqu’un voulant la proximité des français ça faisait plus « Salut à l’élite ». Enfin, ce n’est pas sur ses fêtes qu’on doit juger un président mais sur sa politique. Chaque chose en son temps.

Dernière petite colère : les déçus du premier tour (Le Pen en tête) s’acharnent à jouer les martyrs « ils nous a piqués nos électeurs » ou les conseillers d’opérette « il pratiquera une politique Le Pen sous l’étiquette UMP ». L’arbitrage frontiste est mort lors de cette élection et espérons que nul ne saura le ressusciter par des dissensions imbéciles. Front contre front, autant que le nôtre soit populaire et non « national ».

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